Au cœur du jardin de l’abbaye, à Vierzon, derrière le monument aux morts aux relents anti-militariste imaginé par l’architecte et sculpteur angevin,
Eugène-Henry Karcher, le calme va revenir dans quelques jours. Durant le mois de juillet, et depuis plus de quinze ans, le festival des Estivales du Canal a joué la pluralité festive et fait péter le son.
Par Fabrice Simoes
C’est dimanche. Les vêpres sont terminées. Les cloches ne sont pas toutes en haut de l’église et l’église n’est pas au milieu du village. Bientôt, les déjantés vont s’exprimer. Devant la scène, on retrouve ce que l’on pourrait trouver dans une coquille de noix de Prévert. Des jeunes et des un peu plus vieux, des beaucoup plus vieux aussi. Perruques vertes, perruques rouges, cornes de diablesses, de petits diables idem, tutus et vahinés de papier crépon, rouge à lèvres carmin et maquillage indigo, Mario sans kart mais avec la casquette, et plein d’autres choses encore.
On a aussi eu la preuve que les licornes existaient puisque l’une d’elles, gonflable certes, s’est offert un moment de pogo des familles. Tout se mêle. Tout s’emmêle. Mieux que pour l’enterrement de la mama, ils sont venus, ils sont tous là. Il est l’heure de beugler à l’unisson que l’on n’aime pas Nellie Oleson, de s’offrir la queue leu leu de l’année le temps d’une soirée Ferrero, et de se fâcher avec tous les Raoul qui passent. Sur scène, c’est l’heure du dernier concert des Estivales du canal 2023. C’est l’heure du dernier concert de la tournée des secoués du casque de Marcel et son Orchestre. Ce n’est pas la première fois que les Marcel sont Vierzonnais pour un soir. Lors de leur visite initiale, au siècle dernier, ils pouvaient flotter, dans un bateau gonflable, sur les flots à bout de bras de la foule. Les ans, peut-être un peu de bière, et il ne faut plus tenter le diable. Sur scène, le moule burne n’est pas plus petit qu’avant. C’est juste Tibal, son occupant, qui a pris de l’embonpoint. Bouli ne se rase pas plus les poils des jambes qu’avant mais la poitrine est toujours saillante. Ce n’est pas pour ça qu’on entend un pet de jeu dans la basse. Sur scène, le concept “D.D.D.” pour Danse, Déconne, Dénonce est toujours aussi présent. Le rock alternatif plutôt qu’un courant continu ça rajeunit les neurones et comme dirait un gars dont le Bescherelle lui a brûlé les doigts et les yeux : « Nous sommes tous génials… »
Un air frais de culture populaire
Pensées pour donner un peu d’air frais de culture pour tous au début de l’été, les Estivales du Canal sont devenues, au fil des ans, plus qu’une simple addition de concerts mais un véritable festival festif et ouvert à tous les genres musicaux. Cette année, entre autres, on pouvait effectuer un voyage musical en deux soirées et passer du ska-festif de Babylone Circus aux reprises pour un medley des années 70 de l’Accordéon de concert du Berry, ou encore de la pop-folk des Frangines au punk-rock des Hurlements d’Léo, du slam de Govrache aux Rhythm’N’Blues du Jim Murple Memorial. Chacun a su trouver son public, nombreux à chaque fois.
Pas de recette spéciale pour les Estivales, juste l’envie de se donner un rendez-vous lâcher-prise pour une paire d’heures, juste le besoin d’une soirée entre potes, juste un moment à l’aise Blaise, bénèze. La preuve que le système fonctionne, ce dernier concert de la série 2023, avec les néanmoins supporters du RC Lens – ce n’explique pas tout – de Marcel et son orchestre. Depuis le début de l’été, les concerts se sont enchaînés avec du festif mais pas que, du rap mais pas que, du local mais pas que.
Une programmation éclectique pour inspecter un large spectre artistique qu’ils diraient dans les milieux autorisés, et spécialisés.
« Une très bonne année pour les Estivales », estimait Mélanie Chauvet, l’adjointe au maire en charge de la culture, toutes antennes de Maya l’abeille déployées, résultat d’un pari de réseau social. « Nous avons attiré aussi pas mal de monde venu d’assez loin. Oui, c’est une édition positive… », ajoutait-elle entre deux battements d’ailes.
L’an prochain, si ça se trouve, on aura droit à une 17e édition aussi barge. Reprendre les mêmes ça ferait jaser, chiche que pour la prochaine programmation ce sera de la bonne.
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