Le grand équipement – « 4 en 1 » – coûtera finalement 160 millions d’euros au lieu des 100 M€ prévus. Rien de grave pour les élus d’Orléans Métropole, pas prêts à une autocritique sur ces dérapages ni sur l’éventuel surdimensionnement du complexe.
Par Jean-Jacques Talpin
Une (trop) grande salle de 10 000 places. Photo Magcentre
100 puis 110, puis 141 puis 160 : les millions s’égrènent chez les convertis au gigantisme. Le coût du « grand équipement » CO’Met, qualifié de « 4 en 1 » (Zénith, Palais des congrès, parc des expositions, salle de sports et de spectacles) n’a fait que glisser au fil des ans. Évalué à 100 M€ à ses débuts (« mais ce n’était qu’un chiffre symbolique », a justifié Charles-Éric Lemaignen grand ordonnateur du projet) l’investissement a progressivement glissé vers les abîmes pour finir aujourd’hui à 160 millions. Une telle dérive peut s’expliquer par l’envolée des coûts de construction, par des oublis et par la modification du projet. Prévu à l’origine pour le sport avec 8 000 places, l’équipement est désormais adapté aux « grands spectacles » de 10 000 spectateurs, tandis qu’un auditorium symphonique a été ajouté ainsi que divers autres équipements. Mais comment justifier certains « oublis » comme la nécessité d’installer une friterie…. pour vendre des frites ? Comment justifier une rallonge de 4,8 millions pour booster le wifi, la 4 et la 5G pourtant incontournables dans ces complexes ? Mais bonne princesse, la Métropole a payé rubis sur l’ongle, sans renâcler, sans s’étonner que Bouygues construction ait fourni un devis bien plus favorable que celui de ses concurrents quitte ensuite à se rattraper en alignant les « avenants ».
« On est peut-être allé un peu trop vite… »
Les élus ont aussi sans doute leur part de responsabilité en minimisant les coûts pour mieux « faire passer la pilule » tandis que le maître des lieux Olivier Carré voulait sans doute laisser une grande œuvre pour marquer son éphémère mandat.
A l’exception des communistes de Saran tous les élus de l’agglomération avaient alors voté comme un seul homme (une seule femme) en faveur de ce projet sans reculer devant son gigantisme, ses futurs coûts de fonctionnements et ses difficultés à le remplir. Pas étonnant qu’aujourd’hui à droite comme à gauche, chez Serge Grouard, Christophe Chaillou ou Jean-Philippe Grand on se félicite de cette belle réalisation qu’il « faut désormais faire vivre ». Seul Matthieu Schlésinger, vice-président et maire d’Olivet avoue « qu’on a peut-être fait des erreurs (…) qu’on est peut-être allé un peu trop vite alors qu’il ne fallait pas se précipiter ». Trop tard ! CO’Met existe, chacun loue son esthétique et son utilité pour faire « rayonner l’attractivité du territoire orléanais ». Et de rappeler qu’en soustrayant 42 M€ de subventions (dont 26 M€ apportés par le Conseil départemental), cet investissement de 120 M€ « était à la portée d’Orléans » comme l’a revendiqué le grand argentier Michel Martin. Et cela d’autant plus que CO’Met va entraîner des retombées sonnantes et trébuchantes lors des congrès, des festivals ou des foires diverses et variées. Un comité de suivi a malgré tout été constitué pour évaluer la vie de CO’Met, ses retombées, son taux de remplissage et son coût pour la Métropole.
Contre les « médecins mercenaires »
Il ne se passe guère de séance du Conseil métropolitain sans que les questions de santé n’y occupent une place centrale. Cette fois c’est le rapport du conseil de développement métropolitain présidé par Benoît Lonceint qui est venu raviver la flamme. Le constat est toujours dramatique en termes de densité médicale et d’installation de nouveaux médecins. C’est pourquoi le Codev plaide pour « un véritable volontarisme politique en matière de santé » en créant une structure dédiée coordonnée par un vice-président. Le comité plaide notamment pour une meilleure régulation des installations de médecins, pour la fin de la concurrence entre communes (des médecins de Chécy attirés par Olivet, d’autres d’Orléans par Ingré). Pour cela certains élus comme Ghislaine Kounowski insistent : « Il faut aller plus loin, remettre en cause la libre installation des médecins, afin de mettre fin aux médecins mercenaires attirés par de grosses primes ». Sans aller aussi loin, le président Grouard rappelle toutefois les avancées récentes : ouverture du nouvel hôpital qui sera transformé en CHU, création d’une faculté de médecine à la dernière rentrée. Des avancées certaines mais dont les fruits ne seront mûrs que dans 8 ans au plus tôt.
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