Empruntée davantage chaque année, la fréquentation de la Loire à Vélo a quasiment doublé en 2022 avec 1,8 million de cyclistes. Une croissance exceptionnelle qui s’accompagne d’une rentabilité au kilomètre des plus performantes.
Par Estelle Boutheloup
Les chiffres sont tombés en conférence de presse le 12 juillet dernier à Tours : 1,8 million de cyclistes (quasiment deux fois plus qu’en 2015) en 2022, 54,5 millions d’euros de retombées économiques (+ 84% par rapport à 2015), + 9% des dépenses par an, et une note de satisfaction client de 3,4 /4. « C’est juste énorme ! » lance François Bonneau, président PS de la région Centre-Val de Loire. « C’est aujourd’hui un itinéraire complètement identifiant en Val de Loire avec des aménagements et un environnement touristique de grande qualité : patrimoines et châteaux, parcs et jardins, coteaux et vignes… Elle ouvre sur nos sites, nos villages, c’est un démultiplicateur touristique… Un aspirateur à touristes ! »
60 000 € de retombées économiques par km/an
Depuis la dernière étude menée en 2015, les régions Centre-Val de Loire et Pays de la Loire se sont à nouveau associées en 2022 avec leurs partenaires territoriaux pour réaliser une étude d’envergure sur la fréquentation et l’impact de cette véloroute de 900 km, reliant Cuffy (Cher) à Saint-Brévin (Loire Atlantique). Résultat : + 10% par an, soit le double de la fréquentation chaque année depuis 2010, boostée par la crise COVID et l’effet slow tourisme et loisir actif. « Fin 2023, la fréquentation devrait tangenter les 2 millions d’usagers », estime Pierre-Alain Roiron, président du CRT Centre-Val de Loire. Avec des retombées économiques tout aussi importantes : + 84% en 2022 par rapport à 2015 avec des niveaux de dépenses moyens de 69€/jour et 75 € pour un étranger, nous renseigne l’étude. « C’est beaucoup d’argent dépensé par les touristes. Le budget le plus important sur une véloroute par rapport aux autres pays. »
Avec plus de 50 millions d’euros investis, la région Centre-Val de Loire est le principal financeur de la Loire à Vélo. Un investissement lourd mais dont la rentabilité est aussi très rapide, 1km aménagé générant 60 000 € de retombées par an. « D’autant que la fréquentation de l’itinéraire de mars à octobre permet un allongement de la saison touristique qui profite à la région », ajoute le président Bonneau. Si un cycliste sur deux est originaire du Centre-Val de Loire ou du Pays de la Loire, 20% des cyclotouristes sont étrangers : 43% d’Allemands (les usagers les plus nombreux de la Loire à Vélo), 20% de Belges et 13% d’Européens du Sud (Espagne, Italie).
Avec un bémol toutefois, le non-retour des Américains et des tour-opérateurs avec une clientèle étrangère, note l’étude.
Les Franciliens à conquérir
Si le succès de la Loire à Vélo tient aussi dans sa qualité d’accueil (label « Accueil vélo »), un effort sur l’offre des services dédiés est à poursuivre et la conquête de cyclotouristes de l’Île-de-France est à engager : ce sont entre 8 et 10 millions d’habitants qui sont à une heure du tronçon. 25 % pourraient être captés contre 15 à 20% actuellement. Soit via la Scandibérique (véloroute traversant l’Est du Loiret) ou par le train Loire à Vélo qui peut acheminer gratuitement entre 50 et 83 vélos entre Orléans, Tours, Nantes et Le Croisic.
« Des connexions sont encore à développer avec de nouvelles rames entre Paris, Tours, Orléans et Nevers, souligne le président Bonneau. Le sujet est essentiel et la marge de progression est encore importante : quand on parle de tourisme durable, la région coche toutes les cases », fait remarquer Pierre Lambin. Fondateur des Vélos Verts (Cheverny Voyages) dans le Loir-et-Cher, il a développé son activité autour du vélo en s’installant à Blois près de la gare et de l’intermodalité. « En 7 ans, nous sommes passés de 12 vélos à 800 pour suivre le rythme de la demande avec l’achat cette année de 200 vélos en plus ! » L’entrepreneur qui souhaite « rendre le voyage à vélo le plus facile et confortable possible », propose du transport de bagages, de la livraison de vélos sur les lieux d’hébergement… et souhaiterait désormais développer la mise à disposition de vélos directement en gare, « un facteur clé pour que la Loire à Vélo garde un coup d’avance ».
Photo de Une. Le pont Wilson à Tours ©P.Forget
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