La question du rassemblement évangélique de Nevoy reste en suspens. Excédé par la situation, le président du département Marc Gaudet dénonce l’inaction du gouvernement pour trouver un autre terrain et « le silence » d’Elisabeth Borne sur le sujet. Pour sortir de la crise, il en appelle maintenant à Emmanuel Macron.
Par Mael Petit
« Les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent » avait dit Jacques Chirac. Une maxime d’autant plus vraie en politique. Sur le dossier concernant les rassemblements évangéliques de Nevoy dans l’Est du Loiret, elle aurait tendance à se vérifier. Marc Gaudet, le président du département et les élus locaux du Giennois ne diront pas le contraire, eux qui sont excédés par l’enlisement de la situation. Ils avaient pourtant pris leur plus belle plume pour s’adresser directement à la Première ministre, l’enjoignant, après le rassemblement de pèlerins de la communauté des gens du voyage début mai, à trouver une solution pour encadrer la manifestation organisée par l’association Vie et Lumière. La réponse d’Elisabeth Borne s’était fait attendre mais elle avait fini par arriver. Un mois plus tard dans une nouvelle lettre adressée… au sénateur Jean-Pierre Sueur, elle chargeait ses ministres de trouver « des solutions concrètes, afin d’accueillir le rassemblement prévu cet été sur un autre site ». Une deadline avait même été fixée à la fin du mois de juin. Oui mais voilà, entre temps les émeutes urbaines sont passées par là et un des grands artisans à qui était confiée la tâche de trouver une solution, à savoir Gerald Darmanin, avait sans doute d’autres chats à fouetter que de trouver un terrain militaire désaffecté, solution envisagée pour accueillir le prochain rassemblement. Beaucoup de lettres donc, trop de lettres pour si peu d’actions.
Les élus en appellent à Emmanuel Macron
Mais Marc Gaudet, pas encore foulé du poignet et loin de se décourager, s’est fendu d’un nouveau texte à la veille du 14 juillet. Une tribune à l’encre un peu plus acerbe que la précédente dans laquelle il interpelle le chef de l’Etat « sur les risques graves qu’engendrerait l’organisation d’un second rassemblement de 40 000 gens du voyage sur Nevoy ». Le président du Loiret qui parle au nom des élus locaux en partageant leur
« lassitude » sort de son personnage consensuel pour se payer Elisabeth Borne coupable selon lui de « trahison et de désinvolture face à la situation dangereuse » qui se profile.
Il l’affirme, le nombre de participants a été multiplié par deux cette année ce qui a
« engendré d’importantes problématiques en matière de sécurité et de salubrité publique ». En raison d’une affluence record, il est vrai que le stationnement de caravanes sur des terrains privés adjacents avait été constaté, générant la colère des habitants. Un octogénaire avait d’ailleurs été interpellé pour avoir tiré un coup de feu en l’air pour intimider des pèlerins.
Autre sujet d’inquiétude, le risque d’incendie sur des terrains touchés par la sécheresse
« où le risque d’embrasement est particulièrement important ». Les élus locaux craignaient déjà un tel scénario catastrophe en mai dernier en constatant sur le sol de nombreux câbles électriques non protégés et l’allumage de barbecues.
Une jauge a minima
Dans sa tribune Marc Gaudet somme donc l’Etat « d’assurer l’ordre républicain » notamment par la détermination d’une jauge, condition indispensable à ses yeux pour maintenir le rassemblement à Nevoy. Pour obtenir une réponse du sommet de l’Etat, les élus locaux ne se privent pas de mettre la pression en annonçant boycotter toutes les réunions liées à l’organisation de ce second rassemblement. « Par ailleurs, si les services du Conseil départemental sont sollicités, nous nous limiterons au strict nécessaire de la sécurité publique », ajoute le département qui n’agira que sur réquisition de l’Etat.
Passer outre le gouvernement et la Première ministre pour attirer l’attention d’Emmanuel Macron semble être la dernière cartouche d’un Marc Gaudet à cours de munitions.
« Attention à l’image dévastatrice que ce second rassemblement aurait sur nos concitoyens. Cela ne ferait que renforcer l’idée de la faiblesse de l’Etat, incapable d’imposer et de faire respecter une jauge décente, incapable d’interdire un événement potentiellement dangereux d’abord pour les participants eux-mêmes et pour les riverains. Je n’ose croire que l’Etat laissera faire », écrit-il dans une tirade qui renvoie l’Etat face à ses responsabilités. Le feuilleton se poursuit donc et ne devrait pas tarder à livrer son épilogue au cours des prochaines semaines. Mais si le gouvernement et Emmanuel Macron ne veulent pas d’un final explosif, il ne faudra pas tarder à agir vu que le rassemblement est prévu à la fin du mois d’août.
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