La gauche unie mais sans LFI. La France insoumise fera cavalier seul lors des sénatoriales en septembre prochain dans le Loiret. Une deuxième liste à gauche menée par la conseillère régionale Karin Fischer qui voit le maire écologiste Bruno Coeur se ranger à ses côtés. Mais sans étiquette, faute d’avoir obtenu l’aval d’EELV au niveau national.
Par Mael Petit
C’est acté, la gauche restera bel et bien dispersée pour les élections sénatoriales 2023. A la recherche d’un accord pour présenter des listes NUPES au niveau national, LFI n’est pas parvenu à convaincre ses partenaires. Et pour cause, sans sénateur sortant le parti fondé par Jean-Luc Mélenchon pèse peu en raison d’une faible implantation locale alors que le scrutin sollicite les élus locaux dont 95% de conseillers municipaux. Le rapport de force penche donc fortement en leur défaveur avec un faible nombre de grands électeurs.
Isolée, LFI sait bien qu’elle part en mission pour accrocher ne serait-ce qu’un siège dans le Loiret. Alors Karin Fischer, conseillère régionale et tête de liste, axe sa stratégie sur
« l’ouverture » en espérant ainsi récupérer les voix de toutes parts et notamment celles des élus des petites communes. « Au niveau national, LFI aurait aimé poursuivre dans la continuité des législatives de 2022 en portant le programme de la NUPES mais cela n’a pas été possible », regrette la conseillère régionale. Au milieu des regrets elle s’est tout de même trouvée un allié de circonstance en la personne de Bruno Cœur, maire écologiste de Bou. L’édile qui avait annoncé présenter une liste EELV début juin après des négociations qui avaient tourné court avec l’autre liste de gauche emmenée par Christophe Chaillou, s’est vu couper l’herbe sous le pied par son propre parti après l’accord récent trouvé au niveau national entre les Verts, le PS et le PCF. De fait il fera cette campagne sans étiquette « J’ai toujours affirmé être ouvert aux négociations notamment avec LFI. Et contrairement à ce que certains ont pu faire croire, je ne revendique aucune tête de liste », rétorque Bruno Cœur en réponse aux propos de Christophe Chaillou qui l’accusait de prétention démesurée.
Il en veut d’ailleurs pour preuve sa seconde position sur cette liste LFI « représentative de l’ensemble du département avec des candidats issus de tous les coins du territoire », tient à souligner Karin Fischer.
Chaillou, le cœur du problème
Les vacances seront donc de courte durée pour les candidats LFI puisqu’il faudra sillonner le terrain pour aller à la rencontre des grands électeurs. Sachant qu’ils partent de loin dans ces sénatoriales par rapport aux autres listes et notamment le RN qui rêve de peser enfin sur cette élection en surfant sur la dynamique des dernières législatives. D’ailleurs hors de question d’endosser la responsabilité d’une dilution des voix qui pourrait profiter à d’autres listes. « On était ouverts aux négociations mais c’était perdu d’avance », lance Bruno Coeur qui fait allusion une nouvelle fois à Christophe Chaillou. Un nom qui revient souvent ces dernières semaines. Se ranger derrière le candidat pourtant soutenu par le sénateur sortant Jean-Pierre Sueur apparaît inconcevable pour le maire de Bou qui garde en mémoire le feuilleton de la présidence Chaillou à la Métropole d’Orléans au cours duquel il avait été poussé à démissionner d’un poste de vice-présidence en 2020. Un épisode encore dans toutes les têtes et qui pourrait changer la donne en septembre selon le maire écolo. LFI avance même que des élus de droite des territoires ruraux « lui donneront des voix car ils se retrouvent dans ce que l’on propose ». Un scénario quand même très hypothétique et difficile à imaginer mais auquel se raccroche LFI.
Côté programme, la liste fait de la défense de la ruralité son cheval de bataille « en
faisant des communes les entités de base de la démocratie, explique Karin Fischer qui souhaite une augmentation des dotations aux collectivités. Il faut investir dans les services publics, s’occuper de la santé et l’hôpital qui sont en souffrance sur notre territoire, le secteur de l’agriculture qu’il faut soutenir face aux défis de transition, l’urgence climatique, la gestion de l’eau et les transports pour désenclaver le Giennois… » Un menu copieux que les collectivités ne pourront prendre en charge seules. « Tout cela doit être fortement soutenu par l’Etat qui doit assister les collectivités qui pour certaines se sentent abandonnées », poursuit Karin Fischer. Et Bruno Coeur de préciser : « Ce sont une liste et un programme pour l’intérêt général et non pas pour l’intérêt d’une personne en
particulier », lâche-t-il dans une dernière pique adressée à qui l’on sait. Décidemment…
Les candidats
- Karin Fischer, conseillère régionale LFI, Meung-sur-Loire
- Bruno Coeur, maire de Bou
- Eulalie Lama, conseillère municipale à Châlette-sur-Loing
- Kevin Merlot, ingénieur d’étude et agriculteur dans le Giennois
- Marie Agam, retraitée à Egry dans le Pithiverais
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