La Berrichonne, sans argent … et sans joueurs

Le club castelroussin doit boucher un gros trou dans sa trésorerie, présenter des garanties pour la saison prochaine… et recruter un effectif puisque 17 joueurs quittent le club deux jours avant la reprise de l’entrainement. Le foot pro va disparaître dans l’Indre. 

Par Pierre Belsoeur

La petite poignée d’irréductibles qui s’était donnée rendez-vous mardi n’y croyait pas vraiment. « Il fallait bien faire quelque chose », disait l’un d’eux, désabusé, devant le siège flambant neuf de La Berrichonne. La passion est une chose, mais le football professionnel est d’abord une affaire d’argent. Et de l’argent, les propriétaires saoudiens refusent d’en dépenser davantage. Ils ont acheté (pas très cher) un club emblématique du football français de Ligue 2. Le club est descendu en National. Les propriétaires ont mis au pot un an, deux ans et au terme de cette seconde saison le seul résultat positif a été de sauver sa place en national. Sur le plan comptable c’est dérangeant. A partir de la fin du mois la masse salariale va être singulièrement allégée puisque 17 joueurs, soit la totalité de l’effectif professionnel, quittent le club.

Un rapport qualité-prix indéfendable

Financièrement le club a deux soucis différents. Le premier c’est une dette de 800 000€ correspondant à des factures de fournisseurs ou à des arriérés URSSAF. L’apurement de cette dette évitera la liquidation du club et la disparition de La Berrichonne. La deuxième échéance c’est le dépôt de 4,6M€, une somme exigée par la DNCG qui contrôle la gestion des clubs pros. Le départ de l’effectif professionnel rend pour le moins improbable l’arrivée de cette manne de United World, même si c’est au Moyen-Orient que la manne en question avait sauvé les Hébreux, il y a un certain temps.

Après avoir été l’homme qui a fait s’épanouir la Berri au XXe siècle, Patrick Trotignon risque bien de conduire son enterrement. Photo archive Pierre Belsoeur

Le modèle économique du football professionnel est bancal, ce sport spectacle n’est pas financé par les spectateurs qui payent leur place. Insuffisant pour les grands clubs, cet apport est minime pour les petits clubs de deuxième division. Complété par les aides diverses de collectivités territoriales (Ville, Département, Région) le budget d’un club de ligue 2 est financé par les partenaires privés… et par les droits télé. Or à l’époque où la Berrichonne se comportait honorablement en ligue 2, il lui fallait trouver chaque fin de saison un million d’euros pour boucler son budget. Comment ? En « vendant » les jeunes joueurs de son centre de formation. Des « pépites » qui quittaient parfois le club sans avoir disputé un seul match complet avec l’effectif de l’équipe première.

En National, plus de droit télé, mais un effectif professionnel à payer et des salariés destinés à faire tourner un club dont l’objectif de ses nouveaux propriétaires est de rejoindre la Ligue 1 à plus ou moins brève échéance. Une centaine de feuilles de paie à honorer chaque mois. La patience du trésorier d’United World a des limites. Elles viennent semble-t-il d’être atteintes.

Patrick Trotignon a perdu son flair

Arrivé à La Berri à la fin des années 80 en compagnie de Michel Denisot, il avait contribué à développer le club qui effectua même une saison en première division. Son retour voici trois ans avec la solution saoudienne, soutenue par le même Michel Denisot paraissait être une solution d’avenir, La Berrichonne étant le quatrième club détenu par United World qui paraissait avoir une bonne expérience du football pro. Les Saoudiens acquirent 80% des actions du club, à un tarif qui permit de dédommager un certain nombre d’actionnaires qui avaient beaucoup donné à la Berri.

Passé l’installation des nouveaux actionnaires, la mise en place de Michel Denisot comme président (d’honneur ?), la communication d’United World fut quasiment inexistante. Même le maire de Châteauroux ne peut obtenir de réponses à ses questions, pourtant il met des terrains à la disposition de la Berri, lui loue le stade municipal, a participé à la construction du siège qu’il va falloir réaffecter (un hôtel pour les JO ?).

Le gong final retentira le 30 juin, mais les parieurs ne miseront pas un centime sur le rebond des rouge et bleu.

Plus d’infos autrement sur Magcentre: La Berrichonne : dix minutes de sidération…

Commentaires

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  1. Un club emblématique du football français ? N’exagérons pas tout de même. C’est la loi Darwinienne du sport, la sélection naturelle par les résultats, un peu, et l’argent beaucoup. On somme les collectivités de mettre la main au pot, de financer des méga salles de sport qui reste telle des verrues quand le club qui l’occupe redescend les échelons du classement.
    En région Centre, en football il n’y a qu’un seul club emblématique, à jamais, c’est l’U.S. Orléans et en basket c’est tout pareil, c’est l’O.L.B.. Le reste n’est que menu fretin.

  2. Une fois de plus dans la presse le sport est mis dans son “ghetto”. Ses fonctions politiques, économiques, idéologiques, culturelles sont cloisonnées dans une rubrique sport que fuient tous les non-sportives et les non sportifs. Si le sport et les femmes, le sexisme, le harcèlement, le racisme, etc. sont enfermés dans la rubrique sport, il n’est pas étonnant que sur tous ces sujet rien n’avance. Le sport est un fait social total qui doit apparaître (en dehors des purs résultats) dans la rubrique société des journaux.

  3. A Zedla Provoka (Sion – Suisse):
    L’OLB, le seul club emblématique de la Région Centre en basket ? Ah bon !
    Les Tango de Bourges, 3 fois vainqueur de l’Euroleague, ça ne compte pas ? Ah, j’oubliais, ce sont des féminines, alors…

  4. Palmarès US Orléans :
    13 saisons de D2 et 12 de D3, 1 finale de coupe de France

    Palmarès LBC :
    1 saison de D1, 37 de D2, 10 de D3, 1 championnat de D2, 1 championnat de D3, 1 finale de coupe de France.

    Entre les deux, il n’y pas photo.

    Et je ne parle pas Tours…

    Je ne sais pas quel est le club emblématique de la Région Centre, mais ce n’est certainement pas Orléans.

  5. Pendant que les petites gens s’étrillent, la fanfare joue et l’état de droit est … en marche. Pathétique.

  6. Et l’équipe masculine de basket de Blois qui a des résultats nettement meilleurs que ceux de l’OLB d’Orléans.

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