A partir du 2 septembre les transports régionaux par trains et cars seront gratuits le week-end pour les jeunes de 16 à 25 ans. Une mesure coûteuse mais possible grâce à des comptes qui ont surpassé les dernières crises sanitaires et économiques. Mais la santé reste un point noir.
Par Jean-Jacques Talpin
« La seule région en France et peut-être en Europe ». François Bonneau, président du conseil régional, n’est pas peu fier d’afficher l’exemplarité de la région. Car à partir du premier week-end de septembre les transports régionaux par trains et cars seront gratuits pour tous les jeunes de 16 à 25 ans les vendredis et samedis. Seul bémol, cette gratuité, accessible via la carte Yep’s, supposera une réservation préalable avec une limitation de places gratuites notamment sur les trains les plus fréquentés comme Tours-Orléans. « C’est une mesure universelle et simple d’accès, se félicite François Bonneau, mais aussi une mesure environnementale et sociale qui lutte contre l’isolement ».
La majorité de gauche du conseil régional applique ainsi une des mesures phares de son programme électoral victorieux de 2021. La gratuité avait également été plébiscitée lors des derniers états généraux de la jeunesse. « C’est une première étape appuient les alliés écologistes et Insoumis, à terme la gratuité doit être totale toute la semaine à la fin de notre mandat ».
Il faut en effet y aller par étapes afin d’en digérer le coût : 2,2 millions cette année, 7 millions l’an prochain en année pleine et même 15 millions si la gratuité était applicable toute la semaine. La mesure sera applicable sur les transports à l’intérieur de la région mais aussi pour les liaisons avec Paris et peut-être avec les régions limitrophes.
Les finances préservées
Pour appuyer cette décision la Région va également renforcer l’offre de transports le week-end : quatre trains supplémentaires (deux le samedi et deux le dimanche) circuleront sur les lignes Paris, Orléans et Tours et Paris-Orléans-Bourges. De même des cars Rémi supplémentaires seront mis en service le dimanche soir entre Orléans et Montargis, Chartres et Orléans et Chartres-Tours. Avec la gratuité, la région veut afficher son exemplarité dans son soutien à la jeunesse avec des mesures déjà en œuvre comme la gratuité des transports scolaires interurbains, celle des manuels scolaires ou l’aide à l’achat d’ordinateurs. « C’est de l’affichage, critique Marc Fesneau, tête de proue du groupe centriste d’opposition qui votera malgré tout en faveur de cette mesure lors de la session du conseil régional qui se tient ce jeudi dans le nouveau lycée de Hanches en Eure-et-Loir. Pour le conseiller régional-ministre de l’agriculture, « la gratuité cela n’existe pas, c’est toujours le contribuable qui paye. Mais la généralisation de cette mesure ne sera pas possible et cela d’autant plus qu’elle renforce les inégalités territoriales ». Il plaide donc pour un renforcement de l’offre de transports notamment dans les territoires de la région qui en sont dépourvus.
Coûteuse, cette mesure a été rendue possible par des résultats financiers meilleurs qu’espérés. « On a passé le cap », se félicite François Bonneau alors que les prévisions financières étaient peu positives au regard des dernières crises. Mais avec des recettes supérieures à celle de 2021 (et notamment 50 millions supplémentaires de TVA pour un total de 618 millions) la Région a pu surmonter les accrocs de ces derniers mois.
Plan santé d’adaptation à la pénurie
Les investissements en 2022 ont notamment été maintenus à plus de 400 millions avec il est vrai un recours important à l’emprunt portant le solde de la dette à plus d’un milliard d’euros. Malgré tout, la Région maintient des niveaux d’endettement et de désendettement comparables à la moyenne des autres régions.
Tout irait bien dans le meilleur des mondes s’il n’y avait le point noir de la santé. Appelée à se prononcer sur le nouveau « plan régional de santé » (PRS) élaboré par l’État, la région va ainsi émettre un avis négatif. « Certes il y a eu la création des facultés de médecine à Orléans et d’odontologie à Tours ainsi que la transformation du CHRO en CHU, mais le PRS est en deçà de toutes les attentes, on nous annonce la fermeture de trois maternités, la désertification médicale s’accentue. On attendait un plan d’urgence, on a affaire à un plan d’adaptation à la pénurie. C’est un plan sans ambition », remarque le président régional. « Quelle ingratitude ! commente Marc Fesneau. Le CHU, la fac de médecine, la fac dentaire, le numerus clausus apertus… Tout cela doit être pris en compte. Le vote négatif de la région serait irresponsable. »
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