A Pierrefitte-sur-Sauldre, dans une ferme solognote, ils étaient 2 000 sous le cagnard pour fantasmer sur Eric Zemmour, Marion Maréchal et l’ineffable Gui-gui Peltier à l’occasion de la fête de la violette revisitée façon Reconquête. Dans le bourg, ils étaient 200 à l’ombre, sur le parvis de l’église, à contre-fêter la petite fleur mauve. (A lire sur Magcentre : En Sologne, nouvelle Violette et droite extrême pas si nouvelle…)
Par Fabrice Simoes
Sur le parvis de l’église, on reste à l’ombre pour débattre. Photo Magcentre
Même si les responsables de la logistique du mouvement Reconquête le rabâchent depuis plusieurs semaines, la fête de la violette version Zemmourienne ne s’est pas déroulée à Lamotte-Beuvron, ce week-end. Plusieurs raisons à cela, outre le fait que Pascal Bioulac, le maire de la commune, dernier irréductible Gaulois anti-extrême droite du coin, n’était pas favorable à sa tenue sur son territoire. Tout d’abord, géographiquement, Pierrefitte-sur-Sauldre c’est le village où se trouve la gare de Souesmes – un autre village solognot –alors que la gare de Lamotte-Beuvron est bien à Lamotte-Beuvron. Ensuite, il ne faut pas confondre le « Game Fair » qui a eu lieu la semaine dernière, et le « Guillaume Game » de ce samedi. Et, pour conclure, alors que tout à chacun connaît Lamotte-Beuvron pour les tartes des sœurs Tatin, et la bacchante d’Auguste Pignard du Collaro show, personne n’est foutu de positionner Pierrefitte-sur-Sauldre sur la carte… Et puis, même à l’extrême droite, on écoute les messages du GPS !
Un village qui ne demandait rien à personne
En mai, dans le village qui ne demandait rien à personne et souhaitait ne pas sortir de l’anonymat en dehors des manifestations habituelles, on a fait des Musicalies un rendez-vous culturel incontournable. Ici, depuis 1987, Les folkeux élisent domicile, pour quelques jours au printemps sur ce territoire solognot. Autour de l’église, dans les ruelles, on danse, on joue de la musique, on chante aussi au son des musiques traditionnelles. Et voilà que des rageux venus d’ailleurs viennent pour faire un grand remplacement. De quoi faire sortir de ses notes d’accordéon diatonique le moustachu Marc Perrone au détour de la chanson de Craonne… Bernadette Courrioux, la maire du cru, n’a rien pu faire si ce n’est que subir les deux mille visiteurs de la ferme du Surgit, au pied du château d’eau. Pas un n’est venu acheter son pain chez le boulanger du coin. Par contre, les quelque deux cents manifestants ouvertement antifas ont fait le plein de viennoiseries et de baguettes. Une aubaine pour le petit commerce local. Zemmour et consorts ont raison de vouloir soutenir les petits commerçants. Rien que d’annoncer leur venue, cela offre des opportunités !
Des barrages filtrants et à répétition
Ils étaient donc deux cents au plus fort du rassemblement, au pied d’une statue de Jeanne d’Arc qui avait troqué la bannière à fleurs de lys pour un drapeau du NPA. Le rouge lui avait quasiment redonné un teint de jeune fille…
Ils n’étaient pas aussi nombreux qu’espéré selon quelques présents, plus que prévu pour d’autres, mais tous motivés par les contrôles à répétition sur la route de…
Lamotte-Beuvron – au moins trois pour le bus venu d’Orléans dont un avec chien renifleur – et le survol de drones dès le début de matinée. Cela représentait beaucoup de forces de l’ordre, en véhicules officiels ou moins colorés aussi, pour un rassemblement militant et “bon enfant”. On trouvait là des représentants de Solidaires, de la CGT, du Planning familial, de l’Union Communiste Libertaire, du NPA ou de LFI mais aussi des gens d’EELV mais sans leur étiquette politique, ou encore la vice-présidente du Conseil régional déléguée à la Culture et à la coopération internationale, Delphine Benassy. Une présence voulue pour signifier aux habitants de Sologne que « l’Extrême Droite n’est pas la seule option politique qui leur est laissée et qu’ils ne sont pas abandonnés par les forces politiques républicaines et de gauche… »
Atelier pancarte sur la pelouse du centre du village. Photo Magcentre
Entre deux débats sur « comment combattre l’imposture sociale de l’extrême droite » et « fachos des villes, fachos des champs, les spécificités de la Sologne », une petite déambulation vers le château d’eau a vite été bloquée par un barrage pour le coup plus du tout filtrant. Du côté de la préfecture de Loir-et-Cher, la sortie des casques et boucliers prouvait que la tarte Tatin ne voulait pas qu’on la prenne pour une galette bretonne. Alors, les anti-fêtes ont laissé les fêtards à leur innocence, leur modestie, et leur pudeur. Toutes les qualités représentées par la violette dans le langage des fleurs.
Plus d’infos autrement sur Magcentre : Zemmour chez les ruraux, comme si vous y étiez