L’agglomération crée une société chargée de conduire des projets de production d’énergies renouvelables notamment à base de photovoltaïque. Dans le même temps elle prépare un nouveau contrat pour gérer son réseau de transports urbains qui doivent être encore plus décarbonés et solidaires… mais pas gratuits.
Par Jean-Jacques Talpin
Quel mode de gestion pour les transports urbains d’Orléans ? Un débat a priori technique mais qui traduit bien l’orientation politique d’une collectivité. Différents systèmes sont possibles : délégation de service public (DSP), société d’économie mixte (SEM), société publique locale (SPL), régie, etc. Entre tous ces montages juridiques se dissimule un interventionnisme de la collectivité plus ou moins grand. Les transports d’Orléans ont déjà été gérés en SEM (du temps de la Semtao) avant de tomber dans le giron d’une DSP attribuée à Kéolis en 2018. Cette délégation s’achèvera le 31 décembre 2024 et la Métropole prépare donc un nouveau contrat pour 2024-2029.
La majorité de la Métropole représentée par Romain Roy propose une nouvelle DSP non « par choix idéologique mais par pragmatisme ». En clair parce que « ça marche » comme le remarque le 1er vice-président Matthieu Schlesinger. TAO transporte aujourd’hui 120 000 personnes par jour et en trois ans les émissions de gaz à effet de serre ont été réduites de 75%, celle de particules fines de 30%, cela grâce à de nouveaux matériels notamment électriques. Les appels à candidats seront ainsi lancés à l’automne assortis d’une enveloppe de 200 000 euros pour élaborer le dossier. Il faut en « appâter des candidats » avec ce petit pécule en rappelant que pour la DSP de 2018, seule Kéolis avait déposé un dossier et avait donc été choisie « par défaut ».
La gratuité, dossier clos ?
Pour la gauche – Dominique Tripet, Jean-Philippe Grand, Laurent Baude ou Christophe Chaillou – il y avait peut-être d’autres choix possibles comme celui de la SPL. Romain Roy explique que le covid a empêché de réfléchir à fond sur d’autres possibilités de gestion : « On n’est pas prêt à passer à un autre modèle que la DSP ».
Matthieu Schlesinger considère pour sa part que la SPL peut être une bonne solution… à préparer pour le futur contrat au-delà de 2029. Au grand dam de la gauche, ce sera donc une DSP. Mais la gauche revient à la charge pour que le cahier des charges du futur appel d’offres s’appuie sur une gestion « plus durable, plus juste et plus
équitable ». Elle demande en particulier de « rendre plus équitable la tarification des transports en commun sur tout le territoire » (avec une tarification sur la base du quotient familial), « d’expérimenter des espaces de non-tarification des transports en commun » et
« d’accompagner plus amplement la pratique du vélo ». Des exigences rappelées par Christophe Chaillou et dont certaines pourraient être reprises dans le futur. Toutes ou presque. Car la « non-tarification » ou la « gratuité » même partielle posent question. Romain Roy rappelle qu’une journée de gratuité coûte 45 000 euros et plus de 90 000 euros pour un week-end.
Cap sur les énergies vertes
Et cela alors que la Métropole consacre chaque année 114 millions d’euros aux transports. Cette bataille de la « gratuité » est d’ailleurs un « dada » du président Serge Grouard : « Gérer le réseau en SPL, DSP ou régie ce n’est pas l’essentiel insiste-t-il. Ce qui est fondamental c’est de savoir comment on répond à l’emballement climatique ». Et pour cela il ne faut pas amputer le budget de la Métropole. La gratuité des transports coûterait ainsi de 20 à 25 millions supplémentaires chaque année à la Métropole.
« C’est irréaliste » pour Serge Grouard qui clôt ainsi le débat.
Dans sa bataille pour la transition écologique, la Métropole crée la SPL Orléans énergies (avec la Métropole et la ville d’Orléans actionnaires dans un premier temps) chargée de développer les énergies renouvelables sur son territoire : photovoltaïque, biomasse notamment). En s’appuyant sur des opérateurs privés, la SPL pourra notamment monter des projets et donc vendre l’énergie verte. Un projet qui fait naturellement l’unanimité puisqu’il contribue au grand objectif de la Métropole : réduire de 50% les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050 sur l’Orléanais.
Plus d’infos autrement sur Magcentre : Gratuité des transports urbains : Châteauroux donne l’exemple