“Fifi”, la vie devant elle

Ça fait partie de ces films souvent en dessous de la pile des critiques, un premier film co-réalisé qui passe un peu inaperçu et qui pourtant associe une critique sociale toute en finesse à la performance remarquable d’une jeune actrice, Céleste Brunnquell, déjà nommée au César 2020 du Meilleur Espoir Féminin pour son rôle dans Les Éblouis.

Par Gérard Poitou


Difficile de s’y retrouver dans cette famille recomposée qui occupe cet appartement HLM trop petit où se côtoient trois générations dans des relations à fleur d’agressivité entre manque récurrent d’argent et alcoolisme. Au milieu de cette proto-famille, Sophie, Fifi, l’adolescente de quinze ans qui ne connaît pas son père, essaie de survivre entre petits larcins et solidarité active. Mais Fifi sur son vélo rêve de s’échapper, non pas pour fuguer, elle est trop mature, mais pour trouver un espace de vie respirable, espace dont l’opportunité va se présenter avec la maison moderne de sa copine de collège, vide pour les vacances d’été.

 

Si la rencontre avec le frère de la copine (Quentin Dolmaire), de retour de son école de commerce parisienne, peut paraître improbable, la relation qui va alors se nouer introduit très vite un dialogue d’une belle subtilité entre deux mondes aux trajectoires si différentes. Loin des clichés et des stéréotypes du genre (même si la scène avec Laurent Poitrenaux vient un peu forcer le trait comique), le film met en place une confrontation douce et toute en finesse entre une jeune ado qui attend de quitter l’école dans l’espoir de pas grand chose, et ce jeune pas encore adulte, un peu paumé, mais dont sa lucidité l’interroge sur son choix professionnel. Chacun dans ses doutes et ses incertitudes, leur rencontre est à la fois une impasse et une révélation.

« Mais en fait, ce qu’on avait surtout envie d’évoquer chez Fifi, plus que les problèmes financiers, c’est le manque culturel, sa quête d’autre chose, et sa recherche d’un espace où elle pourrait s’entendre rêver. » Jeanne Aslan France Culture

Jeanne Aslan et Paul Saintillan nous livrent ainsi leur premier long-métrage, un film rare sur la jeunesse et la mixité sociale, mais aussi sur le désir et l’amour. Un film sensible à l’image de cette fantaisie pour piano à quatre mains de Schubert que le frère apprend à pianoter à Fifi.

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