Lancés en 2019, les Human Tech Days viennent d’achever leur tournée régionale 2023 le 8 juin à Orléans. Année après année, l’événement réunit les acteurs majeurs du numérique de la région Centre-Val de Loire, tout en cherchant à se connecter avec le public de son territoire.
Par Mael Petit
Jeanne d’Arc au cœur du bouillonnement numérique de la région. Image anachronique de cette ultime date de la tournée des Human Tech Days, le rendez-vous annuel des nouvelles technologies. Porté par le CRIJ CVL, ce tour de la région en six étapes (Blois, Châteauroux, Tours, Chartres, Bourges, Orléans) a mis en lumière les acteurs régionaux du numérique avec la création d’un village éphémère itinérant en plein centre-ville proposant des espaces de pratiques ludiques et interactifs. Plusieurs débats/conférences, rencontres, ateliers, initiations étaient au programme.
Sur la place du Martroi d’Orléans et sous un soleil de plomb, les processeurs ont tourné à plein régime sollicitant les watercooling* et autres ventilos d’ordi comme jamais. L’événement se voulait fédérateur et ambitieux, avec comme objectif la stimulation de “l’écosystème numérique régional en plaçant l’humain -mais surtout la jeunesse- au centre” de ces Tech Days. Du « divertissement digital » (la Région pas loin de reparler de ludiciel), à la prévention de l’usage des réseaux sociaux (fake news, cyberharcèlement…) en passant par l’orientation et la découverte des métiers du langage binaire, il y avait de quoi se mettre à jour sur l’univers du numérique. Car il est bien loin le temps où le génie de l’informatique était considéré comme solitaire et asocial, bien loin aussi l’époque où les mangeurs de cartes graphiques étaient raillés. Non les robots, les jeux vidéo, c’est cool. Le numérique, c’est le présent mais aussi l’avenir.
Des métiers en constante évolution
C’était d’ailleurs l’argumentaire des conseillers en orientation, bien déterminés à convaincre les adolescents remplis d’interrogation sur leur avenir à rejoindre le mouvement. On en profite alors pour faire découvrir quelques métiers ou formations du numérique histoire d’éveiller des vocations. Casques de réalité virtuelle sur la tête, ils sont plusieurs à visionner des clips de découverte de métiers. Puis on échange avec des professionnels du secteur, on découvre leur univers dans l’espoir d’y voir un peu plus clair. « On leur présente ce qu’on fait et nos parcours de métier. À leur âge, ce n’est pas grave de ne pas savoir ce qu’on veut faire plus tard. Il faut les rassurer, leur dire que ce n’est pas une fatalité et surtout, ils doivent écouter leurs envies, explique Justine Llorca directrice de la société InCahoots Production. Avec les problématiques émergentes liées à l’écologie ou encore notre nouveau rapport au travail, il faut avoir en tête que d’ici 5 à 10 ans, les métiers auront encore évolué car cela bouge constamment ».
Et ce ne sont pas les collègues des tentes voisines qui vont la contredire. Exemple sur l’espace jeux vidéo avec l’association Oregami, club esport organisateur de compétitions. Le stand n’a pas désempli, accueillant nombre de joueurs qui se sont affrontés tout au long de la journée. L’esport, ce secteur qui a connu une progression fulgurante en termes de professionnalisation. Les plus grosses compétitions réunissent aujourd’hui des dizaines de milliers de spectateurs et les équipes composées de joueurs pro rémunérés se sont multipliés. De quoi faire rêver les jeunes joueurs avec l’opportunité de faire de sa passion son travail. Même chose sur le stand robotique encadré par l’association Decanum qui a vu déferler une nuée d’apprentis codeurs fascinés par le montage de robots Lego. « A travers les outils numériques, on nourrit la créativité des jeunes qui passent chez nous. Mais aussi les échanges entre parents et enfants. Et nous accueillons autant de filles que de garçons sur nos animations », tient à souligner Yves Nguyen Duc, président de l’asso.
Le numérique vecteur d’insertion et d’inclusivité
Et parce que la parité dans les métiers du numérique est un enjeu, chaque étape de ces Human Tech Days 2023 accueillait une « marraine locale » choisie pour son engagement dans le secteur du numérique sur son territoire. À Orléans Justine Llorca tenait le beau rôle. Elle est dirigeante d’une société qui réalise des visites virtuelles de musées, châteaux, monuments… pour des publics qui rencontrent des difficultés d’accessibilité sur certains sites. « Ces problématiques d’insertion et d’inclusivité ont du sens pour moi », avoue-t-elle. Et on le comprend d’autant plus qu’elle a été elle-même confrontée à ces obstacles alors qu’elle tentait d’accéder à certains lieux culturels inadaptés en fauteuil. « Le numérique est un outil formidable si on s’en sert à bon escient. Aujourd’hui les nouvelles technologies proposent des solutions très diverses qui peuvent pallier certains manques ». Avec sa boite, elle se bat contre l’inaccessibilité culturelle et sociale, une impasse qui, dit-elle, « accroît un sentiment d’illégitimité à fréquenter les musées ». Alors à travers ses projets, Justine Llorca poursuit ses combats et ne manque pas de motiver les jeunes filles présentes sur ces Tech Days. « J’essaie de leur donner envie, de les intéresser au secteur du numérique car il faut qu’elles sachent que ce n’est pas une filière réservée aux garçons », insiste-t-elle.
Quand on observe attentivement les profils de visiteurs qui se bousculent aux ateliers gaming ou robotiques, on peut dire que les efforts sont bel et bien en train de payer.
*Système de refroidissement par eau pour processeur
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