Le festival international du film social a refermé sa troisième édition dimanche 4 juin après midi. Quatre prix, les Lenhard, ont été remis aux meilleurs courts métrages. Mais les choix ont été difficiles, vue la qualité des quinze concurrents !
Par Bernard Cassat
La soeur et le frère d’Un tout petit souffle, de Delphine Bouix. Photo Unifrance
L’Aspac (Association de Soutien aux Projets Audiovisuels et Cinématographiques), menée par son président Patrick Alvès, a été obligée de faire une sélection drastique parmi 250 courts-métrages envoyés de France et d’ailleurs. La qualité de cette sélection est donc très élevée. Les 10 courts français et les 5 étrangers présentés sur les deux jours de festival relevaient d’une maitrise cinématographique et d’une maturité dans les scénarios impressionnantes.
Le social étant un sujet ouvert, ces films abordaient des thèmes différents, mais avec quelques constances. Le handicap en est une, du bégaiement (P.. P… P… S I love you, qui a eu le Lenhard du public) au mongolisme (En piste, qui a eu le Lenhard du jury). La violence familiale (Nous n’irons plus en haut) ou sexuelle (Le coureur sur la plage, 1432) une autre. Des thèmes pris dans l’actualité (le sport avec Banc de touche, l’écologie avec Glacier, la politique avec Le deuxième tour [Lenhard des lycéens], les soins palliatifs avec Un tout petit souffle) et des histoires plus personnelles (l’Attendu, un accouchement dans un couple homosexuel).
Pierre-Emmanuel Brault et Eliott Hoffnung. Photo de tournage. https://www.youtube.com/@elliothoffnung
A travers toutes ces histoires passent en plus des thèmes une émotion. On sent souvent que l’histoire personnelle de l’auteur n’est pas loin. P.. P… P… S I love you, par exemple. Eliott Hofnung, son réalisateur, raconte qu’il a lui même bégayé et qu’il en a souffert. Il a écrit un scénario il y a plus de cinq ans, qu’il a dû revoir à la baisse devant la difficulté de production, qui l’a monopolisé pendant plusieurs années. Le tournage a duré une semaine, ce qui est peu pour un film d’une demi heure. Cinquième court métrage qu’il réalise, c’est le premier qu’il trouve abouti. A juste titre. Son introduction d’un film dans le film, qui permet au personnage de déclarer son amour à celle qu’il a toujours aimée, est plus que touchante. Le travail des acteurs est remarquable. Tom Novembre, dans le film (et présent sur le festival), apporte une profondeur à cette histoire très bien racontée.
En piste, d’Emilie de Monsabert, est une histoire plus lourde mais à la très belle conclusion. Sa réalisation complexe, avec beaucoup d’acteurs, donc une grosse équipe, a demandé un très gros travail. Les quatre acteurs et le scénariste qui formaient le jury y ont été sensibles.
Le second tour de Maxime Cappello. Photo https://www.unifrance.org/film/56879/le-second-tourhttps://www.unifrance.org/film/56879/le-second-tour
On comprend aussi que les lycéens aient récompensé Le deuxième tour, de Maxime Cappello, dans lequel un adolescent d’une famille de gauche tombe amoureux d’une jeune fille nettement FN. C’est le deuxième tour Chirac-Le Pen de 2002, et tout deux se cherchent et en même temps se politisent.
Bezorgd a obtenu le Lenhard du film étranger. Son réalisateur Ruud Satjin parle d’une recherche de l’autre par des personnes de divers horizons sociaux, qui sont mises au défi de se débarrasser de leurs préjugés. Ce qui n’est pas toujours sans risques.
Bezorgd, de Ruud Satijn. Photo https://www.imdb.com/title/tt21055484/?ref_=tt_mv_close
Il est tout de même très dommage qu’un travail aussi important de l‘Aspac, pour monter ce festival d’une très grande qualité, n’accueille pas un public plus important. En dehors des gens concernés par les courts, les cinéphiles de l’agglomération étaient quasi absents. Ces films sont pourtant le terreau sur lequel poussent les réalisateurs de demain. Et les jeunes cinéastes découverts cette année à Ingré pourraient bien faire parler d’eux dans les années à venir.
Les prix du festival international du film social 2023
Lenhard du public: P.. P… P… S I love you
Lenhard des lycéens: Le second tour
Lenhard du meilleur film étranger: Bezorgd
Lenhard du meilleur film français: En piste
François Lenhard est un peintre sculpteur d’Ingré.
ASPAC
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