Campo Santo d’Orléans : vingt sonneurs emballent l’audience

Proposé par la Scène nationale, un concert au Campo Santo faisait résonner, mardi soir, In C, morceau fondateur de la musique minimaliste écrit par Terry Riley. Erwan Keravec, bien connu à Orléans, s’est emparé de cette musique et un ensemble de vingt sonneurs a emmené un public conquis très loin dans les nuages. Lieu exceptionnel, musique d’exception, soirée mémorable…

Par Bernard Cassat

C// 20 Sonneurs cl Marie-Line Bonneau


Grand ciel bleu sur le Campo Santo mardi soir, lorsque le public est entré alors que commençait la musique. Vingt sonneurs, qu’ils jouent de la cornemuse ou de la bombarde, installaient une musique peu habituelle. Comme si des grillons s’étaient cachés dans la pelouse. Hauts, répétitifs, on avait cette impression de silence quand ils cessaient soudain. Un par un, parce qu’en fait, chacun des vingt musiciens s’arrêtait quand il voulait, donc jamais en même temps que le voisin.

Une vibration qui devient une expérience

Musique à flux continu donc. Et musique qui inclut le hasard. Chaque musicien répète un petit thème au rythme qui lui convient. Et les interférences entre eux créent un son commun, comme une vibration du groupe, une oscillation sonore prenante. Le public est au centre du cercle, au centre du son qui lui arrive de partout. Un son trois D, un son spatial même, une expérience. Le public bougeait dans le cercle, ou autour, ou restait immobile, traversé par cette onde sonore forte et aiguë qui changeait de forme et proposait des moments différents. Les grillons devenaient ces nuages d’étourneaux qui dessinent dans le ciel des volutes changeantes, qui eux-mêmes faisaient place à la jungle. Des barrissements, des piaillements, des vibrations d’ailes emmenaient loin, très loin. Dans une cathédrale païenne où les souffleurs devenaient tuyaux d’orgue et retrouvaient l’ampleur des grands-messes. Sirènes et cornes de brume ramenaient au port, l’ambiance changeait, les rythmes bretons accompagnaient les binious. Mais ne s’installaient pas, passaient juste, en laissant l’auditeur libre de son voyage intérieur.

C// 20 Sonneurs cl Marie-Line Bonneau


La musique existait avant l’entrée du public. Elle s’arrête brusquement au bout d’une cinquantaine de minutes, ramenant soudain l’auditeur dans la froideur de cette soirée. Et libérant les musiciens de cet exercice très physique et assez éprouvant pour eux. Soirée exceptionnelle dans un lieu exceptionnel. Erwan Keravec, collaborateur de la Scène nationale depuis longtemps, travaille dans le son en tant qu’expérience. Il a personnalisé cette version de In C, a fait vivre magnifiquement cette musique imaginée il y 60 ans par le Californien fondateur de musiques nouvelles.

In C reste totalement nouveau, puisque Keravec l’a réincarnée.

La galerie photos de Marie-Line

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