La ville de Blois va restaurer l’ancien cimetière à galeries du 16e dans le cadre d’un ambitieux projet de valorisation qui fait l’objet d’un soutien de la Mission Patrimoine de Stéphane Berne et de plusieurs mécènes. Les donateurs étaient reçus in situ le 24 mai dernier.
Par Jean-Luc Vezon
Édifice authentique et méconnu, l’aître Saint-Saturnin, classé Monument Historique en 1886, présente un double intérêt patrimonial : d’une part sa rareté et la présence d’éléments remarquables comme ses piliers de pierre à chapiteaux sculptés ; d’autre part, la collection lapidaire, témoin du passé architectural et historique de Blois.
Son mauvais état (usure des piliers, de la charpente, fissures des murs) a amené la ville de Blois à engager des travaux de restauration sur le bâti et mettre en place un projet de valorisation culturelle dans le cadre de la redynamisation du quartier Vienne où il se situe. Création d’un musée lapidaire avec scénographie, accueil de scolaires, organisation d’événements (concerts, théâtre) ou location pour le tourisme d’affaires sont au programme avec une réouverture de l’aître restauré courant 2026.
La restauration
Estimé à 2,8 millions d’€, le budget de restauration prévoit notamment la restauration des façades, de la charpente voûtée lambrissée, des piliers en pierre et bois, des sols et des peintures murales. Pour le boucler, la ville, qui conduit une politique de mécénat active sous l’impulsion de Maxime Blot, va bénéficier de plusieurs financements privés complémentaires aux subventions publiques de l’Etat (DRAC), de la Région et du département.
Outre le mécénat d’entreprises locales (Lasnier BTP, Pompes funèbres Caton, groupe Vega) et d’Yvan Saumet, propriétaire de Fleur de Loire, la ville de Blois a obtenu deux précieux concours : Dassault Histoire et Patrimoine (180 000 €) et la Mission Patrimoine pour la belle somme de 250 000 €. La Mission, portée par Stéphane Berne et déployée par la Fondation du Patrimoine, a sélectionné le projet en 2022 au titre du département de Loir-et-Cher.
Parallèlement, une campagne de mécénat participatif est conduite depuis novembre avec l’objectif d’une collecte de dons de 50 000 €.
Une ville qui agit pour son patrimoine
Lors de l’accueil des mécènes, le maire de Blois Marc Gricourt s’est félicité du fort soutien des partenaires privés et publics. Une bonne habitude à Blois puisque plusieurs sites comme la cour du Foix du château ou, actuellement, l’église Saint-Nicolas font l’objet d’actions de mécénat. « Outre le mécénat, les initiatives privées contribuent à la mise en valeur de notre patrimoine : bâtiment Gaston d’Orléans, Hôtel Dieu, caserne Maurice de Saxe, Caisse d’épargne… Le patrimoine est une chance pour la ville mais aussi
une charge ».
De nouveau attaqué dans une lettre ouverte par un collectif Blois Patrimoine reprenant notamment à son compte les propos controversés et polémiques de la Tribune de l’Art de décembre 2022, le maire a également répondu fermement et factuellement à ce qu’il qualifie de manœuvre politique « dans un courrier proche de la diffamation ».
« Depuis 2008, il y a une vraie dynamique sur le patrimoine qu’il soit historique, contemporain ou sportif. Douze millions d’euros ont été investis notamment dans la réhabilitation du centre-ville ou du port de la Creusille et comme vous le constatez, nous poursuivons cette ambition », a précisé le maire.
Christine Diacon, directrice de la DRAC Centre-Val de Loire a abondé ce propos en saluant les efforts d’une collectivité « qui a le souci de la restauration de son patrimoine et le soutien de mécènes ». « Le conseil et l’expertise des services de l’Etat vous accompagnent dans votre volonté de transmettre l’aître, dont la singularité en fait un bien commun, aux générations futures », a-t-elle également déclaré.
(1) Associations des Amis de l’Hôtel-Dieu, de la grèneterie de Marmoutier (maison dite de la Tupinière), Blois Patrimoine Environnement et Cadre de Vie, Protection du Vieux Blois et de ses environs, Comité Départemental du Patrimoine et de l’Archéologie et Société des Sciences et Lettres de Loir-et-Cher.
A lire aussi sur Magcentre : Marc Gricourt (PS) Maire de Blois : « Il n’y a pas de bradage du patrimoine municipal »
L’aître Saint-Saturnin, un joyau du patrimoine régional
L’aître Saint-Saturnin, situé dans le quartier Vienne de Blois en face de l’église du même nom est un ancien cimetière à galeries du 16e, un des quatre derniers existant en France. Constitué d’un espace central à ciel ouvert entouré de quatre galeries, il a longtemps été confondu avec un cloître. Bâti à la Renaissance entre 1516 et 1520, le monument a été édifié à la même époque que l’aile François 1er du château royal de Blois. Il fut le lieu d’inhumation de la paroisse jusqu’à la fin du 18e. Désaffecté pendant la Révolution, il devient, en 1807, propriété de l’hospice général de Vienne (dit hôpital Gaston d’Orléans, actuel restaurant étoilé de Christophe Hay) qui le transforma en buanderie-séchoir. Entre 1923 et 1934, le Dr Lesueur, conservateur du château et des musées de l’époque, obtient l’installation sous les galeries de l’aître, du dépôt lapidaire de la ville (notamment de monuments et maisons détruits en 1940).