Passionnante et vertigineuse, la conférence du physicien-philosophe Etienne Klein le 17 mai à la HAG dans le cadre des Rencontres d’astrophysiques de Blois a fait le plein d’un public avide de mieux comprendre l’univers et ses lois physiques.
Par Jean-Luc Vezon
Blois n’est pas seulement la place forte des historiens qui chaque année viennent par milliers aux Rendez-vous de l’Histoire, la ville l’est aussi, depuis 34 ans, pour les physiciens qui s’y retrouvent pour leur grande messe annuelle. On doit cet événement scientifique mondial à Trân Thanh Vân qui a souhaité que les Rencontres soient l’occasion d’une conférence de vulgarisation.
Cette année, en partenariat avec Centre Sciences, le centre de ressources régional qui accompagne les acteurs régionaux et les partenaires pour la réalisation d’actions et d’évènements de Culture Scientifique Technique et Industrielle à destination du grand public, le physicien a invité une figure médiatique de la physique française.
Directeur de recherche au Commissariat à l’énergie atomique (CEA), dont il dirige le laboratoire de recherche sur les sciences de la matière à Saclay, Etienne Klein est aussi docteur en philosophie des sciences. Producteur de l’émission « Sciences en questions » sur France Culture, c’est aussi un militant de la connaissance scientifique qu’il vulgarise avec passion.
Durant une heure, avec précision et beaucoup d’humour, les 500 personnes présentes ont ainsi pu voyager dans « les méandres du monde quantique » ouvert par Einstein et plonger dans le débat philosophique sur le vide et le néant.
A l’image du temps et de la matière, le vide a hanté les philosophes et les physiciens, qui parlent rarement de la même chose. De Parménide à Démocrite en passant par Aristote, (« la nature a horreur du vide »), Galilée, Descartes, Pascal (« le vide tient la place entre la matière et le néant »), Newton et Einstein (le vide quantique est un espace truffé de particules virtuelles), la question passionne physiciens et philosophes.
« On définit souvent le vide comme étant ce qui reste quand on a tout enlevé. Mais si l’on enlève tout, il ne reste rien. Or, le vide n’est pas le néant. Dès lors, sa définition devrait être : « le vide est ce qui reste quand on a tout enlevé, sauf… le vide », a précisé Etienne Klein qui a aussi abordé la question de l’origine de l’univers et informé que les scientifiques du CERN travaillent actuellement sur les conditions physiques de sa création.
Médiatiser les sciences
A l’issue de son propos, répondant à une question sur l’accessibilité de la physique, Etienne Klein est revenu sur le sens de son travail : « Je suis un républicain de la connaissance. L’accès à la connaissance est une affaire publique et démocratique car les gens qui n’ont pas de connaissances ou culture scientifique sont manipulables ». La période Covid a hélas illustré tristement ce constat, « tout est mis en débat car on préfère les controverses aux argumentations ».
Pour le physicien, pas question d’opposer sciences et grand public, « il faut donc organiser des Assises nationales de la diffusion de la culture scientifique ». Il faut aussi être ferme : « Des choses doivent être enseignées et non débattues comme la Terre est ronde ou l’univers en expansion. Pas la peine d’appeler Francis Lalanne ! ».
« La physique est un alpinisme intellectuel, tous les domaines scientifiques méritent d’être gravis. Elle permet de lutter contre l’obscurantisme et les fake news. Nous avons besoin de personnes comme Etienne Klein », s’est félicité Olivier Morand, directeur de Centre Sciences en donnant rendez-vous le 28 juin prochain à Vendôme pour une nouvelle conférence du physicien militant.
https://www.centre-sciences.org/evenement/de-quoi-le-vide-est-il-plein
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