En plein boulevard, la nouvelle création du Grand Souk fait un tabac !

Manouchka Récoché cherchait pour la programmation annuelle dont elle a la charge à la salle Montission de Saint Jean le Blanc, une pièce de boulevard. En cherchant bien, voilà qu’elle tombe sur un texte signé Daniel Mesguich, « Boulevard du boulevard », écrite dans les années 80, et dont le texte l’enchante véritablement. Le résultat sur la scène de l’espace culturel, dépasse les espérances.

Par Bernard Thinat

L’auteur, on le connaît beaucoup plus pour ses nombreuses mises en scène des textes de Shakespeare ou Tchekhov, une multitude d’auteurs et autrices, sur toutes les scènes de l’hexagone, on le connaît aussi en tant que Professeur d’art dramatique au Conservatoire de Paris pendant 30 ans, ainsi qu’acteur, n’était-il point il y a quelques années au Festival de Fay-aux-Loges avec son fils William dans un duel homérique. Mais apprendre qu’il a écrit une pièce de boulevard laisse pantois.

Photo Clodelle45

Et pourtant, en 1982, il écrit « Boulevard du boulevard » dont il reprendra l’écriture dans les années 2000 en ajoutant un troisième boulevard. Certes, il semble bien qu’il a écrit ce texte au sein d’un collectif d’une dizaine de gens de théâtre. Mais passons. Ce texte apparaît comme un hommage au théâtre de boulevard, parfois peut-être une parodie, où on reconnaît, pour celles et ceux qui connaissent un tant soit peu l’affaire, des extraits de pièces de Courteline, de Feydeau, de Tchekhov, et la liste n’est pas exhaustive : « Le système Ribadier » de Feydeau, « la Demande en mariage » de Tchekhov, et quelques autres.

En fond de scène, des portes (normal dans le boulevard, mais on évite de les faire claquer, c’est fragile), un divan, une sorte de bureau qui laissera passer la tête de Nestor (celui de Moulinsart) et quelques accessoires…

Photo Clodelle45

L’équipe de neuf actrices et acteurs sur le plateau, avec Manouchka Récoché dans la mise en scène, a su accentuer le côté loufoque de la pièce, divisée en près d’une dizaine de scènes, mais beaucoup moins en réalité puisque les histoires de boulevard s’entrecroisent, les personnages apparaissant, disparaissant, puis revenant pour reprendre l’affaire où on l’avait laissée. Des personnages plus réels que nature, désopilants à souhait, et la petite troupe de Manouchka connaît la musique pour amuser la galerie. Mais Pirandello nous ayant dit que les personnages ne sont qu’illusion, le spectateur se demande s’ils existent réellement sur le plateau, ou simplement dans leur imagination, voire dans celle des actrices et acteurs. Car au théâtre, imaginaire et illusion côtoient le réel. On finit par ne plus les dissocier !

Un spectacle à voir absolument, dans un texte magnifique, lequel fait appel aux grands auteurs du « Boulevard ».

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