Orléans Métropole trop généreuse avec les clubs sportifs ?

Le sport coûte cher à la Métropole ! À défaut d’une véritable politique sportive, l’agglomération distribue gracieusement ses subventions à certains clubs en mal de résultats pour permettre à CO’Met de remplir son agenda.

Par Jean-Jacques Talpin


Orléans Métropole est passée à deux doigts d’une nouvelle crise politique lors de sa séance de jeudi soir.
 Une délibération proposant une « subvention complémentaire » à l’équipe de basket OLB n’a en effet été approuvée que par 34 conseillers alors que 45 s’abstenaient et 6 (les communistes) votaient contre. L’OLB, équipe de Pro B (seconde division), va donc recevoir une nouvelle subvention de 210 000 euros qui s’ajoute à celle de 1,12 million déjà accordée en début d’année.

Une métropole divisée sur le soutien aux clubs sportifs. Capture

Une rallonge qui va permettre à cette équipe professionnelle de payer son loyer à CO’Met : 125 000 euros cette année, 250 000 l’an prochain et 500 000 ultérieurement. Et cela alors que la Métropole a déjà investi « 150 à 180 millions d’euros » pour construire CO’Met comme le chiffre l’élu socialiste Christophe Lavialle qui se résigne pourtant : « Puisque ce bel équipement est là, il faut le faire vivre quoique l’on pense… ». Tout cela pour permettre au délégataire qui gère le complexe d’équilibrer son bilan. Bref, cela commence à faire beaucoup et notamment pour le 1er vice-président Matthieu Schlésinger pour qui Orléans est sans doute la métropole française la plus généreuse avec son club de basket professionnel de Pro B : 1,3 million au total pour Orléans mais 257 000 euros à Dijon, 748 000 euros à Nancy, 865 000 à Pau Orthez.

Le mirage européen

La Métropole est donc victime d’une double peine : assumer la charge de CO’Met et en plus financer les clubs ou les évènements qui veulent prendre place dans l’équipement. Certes cette nouvelle aide de la Métropole sera compensée par la baisse des subventions versées à l’USO foot, équipe qui ne peut conserver son statut professionnel faute de résultat sportif. Mais bien des clubs aimeraient avoir une telle aide à l’image des Septors, l’équipe de handball masculin de Saran qui ne perçoit que 150 000 euros. Même regret pour Fleury-les-Aubrais où l’équipe féminine de handball a sombré après le retrait financier de la Métropole. « L’OLB est une équipe très bien gérée malgré une situation difficile », estime le président Serge Grouard qui veut aussi remplir son CO’Met. Mais cette nouvelle aide doit d’abord nourrir de nouvelles ambitions : assurer son maintien en Pro B, voire accéder en Pro A et même parvenir selon Florent Montillot qui aime tirer des plans sur… la comète au « carré d’as » des meilleures équipes pour participer aux compétitions européennes.

Il ne se passe plus de séance du conseil métropolitain sans que le sport n’occupe le devant de la scène : faut-il « métropoliser » les clubs de haut niveau ou les rétrocéder aux communes ?

Chantage et racket

« Il faut dépassionner ce débat, insiste Serge Grouard, il n’y a pas de véritable politique sportive à la Métropole. Le bilan du sport de haut niveau géré au niveau communautaire est d’ailleurs catastrophique ». Tout le monde plaide donc pour « la définition d’une véritable politique sportive communautaire ». L’accord de la « majorité » derrière Serge Grouard à la constitution d’un groupe de travail sur ce projet a rendu possible l’abstention de la gauche et du groupe Schlésinger sur cette aide à l’OLB. Serge Grouard a donc senti une nouvelle fois le vent du boulet.

Serge Grouard lors du conseil métropolitain de jeudi soir. Capture

Pour autant la Métropole va continuer à être généreuse avec le sport et va encore sortir son carnet de chèques : 125 000 euros à la Fédération Française de Basket pour des matchs cet été et l’an prochain 200 000 euros pour une étape de la « Ligue des Nations de Volleyball » qui se tiendra à CO’Met du 20 au 25 juin prochain. Si elle veut remplir son Arena-Co’Met la Métropole n’a d’autres solutions que de payer grassement pour attirer des compétitions porteuses. Les fédérations sportives l’ont bien compris en effectuant une véritable pression, certains parlent de chantage ou de racket, sur les collectivités. Pas d’autres choix pour légitimer CO’Met qualifié de « plus bel équipement de France » !

Plus d’infos autrement sur Magcentre : Orléans Métropole : une petite dette qui monte, qui monte…

Photo de Une: Didier Depoorter

Commentaires

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  1. Et si l’on parlait d’activité physique gratuite ou presque pour tous et non pas de sport de haut niveau réservé à l’élite et très coûteux ? La grande salle Arena est sortie par la porte avant de revenir par la fenêtre sous le nom de Comet. Un coût exorbitant et, si l’on comprend bien, il faut maintenant que la collectivité publique finance par la subvention le loyer d’un bâtiment qu’elle a construit. Un club professionnel qui reçoit une telle subvention ça ne gêne pas beaucoup d’élus de droite et de gauche. Prestige et démesure. Le sport-spectacle dit de compétition est intouchable. Cette fois, le PC a sauvé l’honneur. Des citoyens pourraient peut-être dire ce qu’ils auraient fait avec la somme allouée au club de basket.

  2. Bravo, les citoyens n’ont pas été interrogés sur l’intérêt de ce bâtiment architecturalement encore plus raté que le zenith et qui ne sert pas à grand chose d’utile. Et encore moins sur le subventionnement à outrance du sportmerdia au dépend du sport pour tous!

  3. Demande subvention de la Métropole pour achat lot de 12 trottinettes (à propulsion humaine) en vue constitution d’un club, budget 26eurox12 = 312 euro plus “quelques” centaines de milliers d’euros pour aménager au C’o’met une piste d’entrainement et une piste olympique en vue des JO 2024. ( Eventuellement mon cousin entrepreneur peut faire les travaux ).

  4. Très juste. L’isolation des écoles et la peinture attendront. Le choix politique du grand équipement n’est pas neutre. Il est plus flatteur pour un maire, son équipe et ses alliés (mais pas seulement) de construire un “monument” que de repeindre des murs. Dans un cas on marque l’Histoire, dans l’autre on répond aux besoins des citoyens

  5. Si les brillants initiateurs à l’origine de ce projet pharaonique avaient simplement la responsabilité quotidienne d’enfants au primaire et au collège, donc disposait d’une visibilité pleine et entière de la disponibilité d’accès aux infrastructures sportives existantes nécessaires à nos enfants, ils seraient informés par exemple, de l’iniquité pour les enfants de l’agglomération, suivant qu’on appartient à telle ou telle commune de l’agglo, pour faciliter l’apprentissage de la natation au plus jeune âge.

    Avec la crise de l’énergie, les difficultés se sont amplifiées, avec certaines piscines devenues moins accessibles, moins chauffées, avec des conséquences dont les parents d’enfants sont bien au fait.

    Et que font et décident nos brillantes élites, pendant ce temps là, alors même que la pratique sportive, la maîtrise de choses autant essentielles comme savoir nager, pour nos futurs citoyens, nos enfants, en est l’enjeu ?

    On claque des sommes considérables, dans des infrastructures autant inutiles que décalées vis à vis des besoins réels des citoyens, pour simplement alimenter et faire briller l’égo démesuré d’élites ayant présidés à de telles décisions, tellement hors sol, avec la réalité du terrain.

    Où devraient être les priorités d’élus en charge de servir l’intérêt général, avant toute autre chose ?

    La simple notion d’intérêt général, où est-elle dans ce projet qui met exsangue les finances pour une organisation d’une communauté, normalement au service des citoyens, pour le quotidien du plus grand nombre et surtout de nos enfants, futurs citoyens ?

    Que leurs préparons-nous comme comme succession et comme legs ?

    Ne serions-nous pas simplement dans une situation de fragrance d’égo narcissique ? Franchement ?

  6. Heureusement, tout de même, qu’on a plein de basketteurs américains (si mal payés…) pour faire reluire Orléans.

  7. C’est ce qu’on appelle “La Nouvelle Orléans”. Le guépin moyen s’en tamponne le coquillard, son équipe gagne…

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