Après « La bague sans doigt » l’éditeur Jean-Pierre Delpuech publie ce nouveau polar écrit par le ministre assassiné le 20 juin 1944. Une œuvre préfacée par Pierre Allorant qui confirme le talent multiforme de cet Orléanais
Par Jean-Jacques Talpin
Pierre Allorant, Hélène Mouchard-Zay, Jean-Pierre Delpuech. Photo Magcentre
L’an passé les éditions Le Mail avaient publié « La bague sans doigt » un roman policier écrit par Jean Zay durant sa captivité à la prison de Riom. Tous ceux – et ils sont nombreux – qui connaissaient la vie de Jean Zay avaient été surpris par le talent d’écriture de cet homme aux talents multiples : avocat, homme politique, parlementaire et donc écrivain. « Mais Jean Zay a tellement de choses à nous dire », insiste Pierre Allorant, historien et doyen de la Faculté Droit Économie Gestion d’Orléans qui a préfacé le nouveau roman policier en librairie ce 10 mai. Un roman policier donc, que l’auteur considérait comme meilleur que le premier et qui cette fois se passe en Lorraine – région chère au cœur de la famille Zay – et non plus dans le Val de Loire et qui mêle bien sûr crime, enquête, jugement mais aussi occultisme ou spiritisme. Mais contrairement à « la Bague », pas de message caché, pas une œuvre à lire entre les lignes pour comprendre la vie sous la France de Pétain. Une manière pour Jean Zay selon l’éditeur Jean-Pierre Delpuech de faire œuvre « d’observateur de la société des hommes, de leurs faiblesses, voire de leurs bassesses mais aussi de leur grandeur d’âme en particulier des femmes ».
Inédit depuis 80 ans, ce roman a été décrypté par Pierre Allorant à partir du manuscrit déposé aux archives nationales puisque les deux filles de l’homme politique, Catherine et Hélène, ont fait don aux archives de tous les écrits de l’ancien ministre du Front populaire.
2024, année de la mémoire
Présente à la Librairie des Temps Modernes pour la présentation du « château » Hélène Mouchard-Zay a tenu à rappeler que pour son père « écrire était une manière de survivre ». Beaucoup de ses écrits ont d’ailleurs été dissimulés dans le berceau de Hélène durant les visites à la prison de Riom où il fut incarcéré avant son exécution par la Milice française le 20 juin 1944. Il est vrai que la France de Pétain « détestait tout ce que Jean Zay représentait alors : membre du gouvernement du Front populaire, aux origines juives et franc-maçon ». Certes, reconnaît Pierre Allorant qui a préfacé ce roman policier « familier et étonnant », ce polar n’est pas la grande œuvre de Jean Zay qui restera « Souvenirs et solitude » publiée après-guerre. N’empêche tout le talent éclate dans cet ouvrage, celui du polémiste, de l’écrivain ou du journaliste notamment par ses éditos dans le quotidien des républicains orléanais La France du Centre.
Pour Pierre Allorant, « le château du silence est une réponse à ceux qui ont voulu que Jean Zay reste enfermé dans le silence ». C’est justement la mission du Cercle Jean Zay, dont
M. Allorant est président, et de l’association des Amis de Jean Zay de raviver cette mémoire. L’an prochain pour le 80e anniversaire de son assassinat, Jean Zay sera célébré par plusieurs manifestations : un colloque sans doute à Orléans et Paris, peut-être des rééditions d’écrits, une nouvelle biographie, un dictionnaire… Après l’entrée au Panthéon en 2015, Jean Zay sera donc encore au cœur de notre mémoire républicaine l’an prochain.
Éditions Le Mail, 16 euros
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