C’était vendredi 5 mai. 200 collégiens, un chœur d’adulte, un quintette de cuivres, une organiste, deux sopranos et un récitant ont fait résonner les voûtes de la cathédrale avec la belle musique de Julien Joubert. Un évènement à plusieurs titres.
Par Anne-Cécile Chapuis
Affluence des spectateurs pour le concert “Jeanne” le vendredi 5 mai. photo AC Chapuis
La foule se pressait nombreuse place Sainte-Croix et l’attente faisait craindre de tomber sur portes closes. Mais il n’en fut rien. La jauge de 1 200 places gérée par les bénévoles de l’association Orléans-Jeanne d’Arc affichant sur leurs vêtements « Jeanne un jour, Jeanne toujours » a permis à tous d’être présents pour la création de « Cantate pour Jeanne », une pièce à grand effectif dirigée par Gildas Harnois.
Une œuvre magistrale et pleine d’émotion
Julien Joubert sait manier les paradoxes. Et pour cause. Jeanne est pour lui « un rêve de gosse », et il ne cache pas son attachement de toujours pour l’héroïne de sa ville natale. Un personnage qui le fascine, qu’il a cherché à comprendre, à approcher par les auteurs qui l’ont raconté, puis à évoquer à sa façon avec son talent musical.
Les chœurs d’enfants sous la direction de Gildas Harnois. Photo AC Chapuis
A la demande de Bénédicte Baranger en 2020, Julien Joubert écrit cette œuvre destinée à rassembler les Orléanais, fêter comme il se doit l’héroïne chère à leur cœur, proposer un concert de prestige dans le cadre des très officielles fêtes johanniques. Mais il le fait avec sa sensibilité, avec sa dévotion à Jeanne d’Arc, cela se sent, dans une évocation s’appuyant sur des textes de Péguy, Malherbe ou sur les minutes de son procès. « Quel talent cette Jeanne, elle déjoue les pièges des juges, elle se permet même de faire des moments de pure poésie : Et vint cette voix, Environ l’heure de midi, Au temps de l’été, Dans le jardin de mon père ».
Cette jolie mélodie est celle que l’on retient en quittant l’édifice, simple, attachante, pleine de fraîcheur avec les voix d’enfants qui l’interprètent.
Un dispositif somptueux pour 250 exécutants
Défier les pièges de l’acoustique, tenir compte des contraintes logistiques, garantir les normes de sécurité ont été autant de critères à tenir pour le déroulement du concert qui réunissait 250 exécutants. Alors, bien sûr, la sonorisation destinée à contrebalancer l’acoustique difficile de l’immense cathédrale, nuit un peu à l’homogénéité de la prestation, mais une fois dépassé cet écueil, l’oreille est agréablement séduite par des chœurs d’enfants qui chantent juste et en place, des solistes aux jolies voix, accompagnés par un quintette de cuivres issu de l’Orchestre Symphonique d’Orléans dont la réputation n’est plus à faire, et par l’orgue de chœur ou le grand orgue tenus de main de maître par Florence Blatier.
Les solistes. Florence Blatier, organiste et David Harnois, cor. Photo AC Chapuis
Plusieurs collèges de la métropole ont prêté leurs voix à ce projet, ainsi que la maîtrise de la cathédrale, le conservatoire, l’ensemble vocal « La bonne chanson » et deux « Jeanne » Anne Goniaux et Louise Pidoux. Une alternance de chants et pièces instrumentales reliés par le récitant a précédé la cantate, produisant un concert original et de circonstance longuement applaudi par le public, parmi lequel figurait les autorités municipales et religieuses de la cité. Et les spectateurs, conquis, sont restés longtemps sur le parvis de la cathédrale, pour des échanges au pied du monument majestueusement mis en lumière par Artslide sous la direction de Laurent Langlois.
La foule s’attarde devant la cathédrale illuminée. Photo AC Chapuis
L’évènement a pris sa place dans le déroulé des hommages à Jeanne d’Arc, où la musique a plus que jamais sa pertinence et son actualité, dépassant tous les discours, pour offrir les messages de liberté et d’humanité d’une même voix, avec émotion et retour aux sources de celle qui n’appartient à personne fors à tout le monde.
Pour en savoir plus : Les voix de Jeanne à Orléans: entre performance et émotion