Ce pourrait être un titre de vaudeville d’Eugène Labiche, tout autant Solognot de souche que Guillaume Peltier (Reconquête), l’ancien maire de Neung-sur-Beuvron. Ce pourrait aussi être un titre d’un drame d’Eugène Ionesco, beaucoup plus Gaullien que Roger Chudeau, le député RN de Romorantin-Lanthenay. Ce pourrait être… Désormais, sur le terrain, la vérité dépasse la fiction.
Par Fabrice Simoes
Au siècle dernier, on a bien eu quelques soubresauts mitterrandiens du côté de Romorantin-Lanthenay. C’est assez peu pour définir la Sologne comme une terre de gauche, non ? A cela rien d’anormal si on prend en compte l’inconscient collectif. La région est en effet la seule qui fait l’objet d’une délimitation administrative officielle depuis une loi du 27 juin 1941, sous Pétain… Ça peut laisser des traces. La Sologne est de droite donc ! Même de plus en plus à droite si on en juge des gesticulations, passes d’armes, petit pas dans un sens, ou pas, et autres, des politicien-ne-s du secteur. De Lamotte-Beuvron à Romorantin en passant par Salbris, la droite, bien droite dans ses bottes, avance ses pions, ses cavaliers et ses fous.
Parmi les récents effets de manche en date, on a l’annonce de l’organisation prochaine d’une nouvelle édition de la Fête de la violette. A priori, la violette c’est bon pour les bonbons, les opérettes et les messages personnels de fête des mères. Mais pas que. C’est bon aussi pour Guillaume Peltier, ancien député LR, revenu à ses premiers émois extrêmes, et désormais Zemmourien. Cette fête, c’est lui qui l’a créée sous la bannière Les Républicains. C’est son idée à lui et rien qu’à lui. L’étendard sacré du patriote de nouveau brandi au-dessus de sa tête, pour son banquet populaire et champêtre en Sologne, il n’invitera pas les têtes d’affiche d’avant. Pas de Sarkozy, pas de Wauquiez, pas de Fillon, non, non. Cette fois ce sont Éric Zemmour, Marion Maréchal-Le Pen ou bien encore Nicolas Bay qui devraient être présents, si on en croit l’affiche présentée sur la page officielle de l’actuel conseiller départemental du canton de Chambord, sur un réseau social. La violette est ainsi, implicitement, une fleur d’extrême droite.
C’était le temps où toute la droite classique se retrouvait à la fête de la violette. Pour la 7e édition, certains avançaient encore plus ou moins masqués. Photo Emilie Rencien
De Roger à Alexandre
Plus récemment, Roger Chudeau, ancien RPR Filloniste devenu LR au changement d’intitulé, élu RN lors des dernières élections législatives, s’est offusqué d’un message sur le compte public Facebook du maire PS de Blois Marc Gricourt. Ce dernier critiquait la présence du député Rassemblement national, lors de la commémoration de la Journée nationale de la déportation. Le député, arguant de son élection légitime, « du respect du peuple français » et de son appartenance à « un parti républicain » a demandé des « excuses publiques ». Surfant sur les vagues de la courte histoire de son parti, « créé en 2018 », il met en marche la machine à laver plus blanc que blanc. C’est vrai que l’héritage du FN, ça compte pour du beurre. Rance peut-être, mais comme c’est du beurre, ça vaut pas… D’ailleurs, à La Nouvelle République de Loir-et-Cher, il a expliqué qu’ « il n’y a pas d’extrême droite en France car l’extrême droite est raciste et antiparlementaire ».
Roger Chudeau est donc député de Sologne et, c’est en Sologne, la vraie, la pure, la dure, celle de toujours (depuis 1941 on vous dit) qu’il a choisi d’installer sa permanence. Comme Romorantin, ce n’est plus ce que c’était, c’est à Salbris que le Roger a ouvert sa succursale politique. Roger aime bien le maire de la commune. « Alexandre Avril est d’abord un ami personnel. Nous avons des proximités politiques indéniables… » L’élu salbrisien lui rend bien. Pour le moment il est encore indécis dans la marche à suivre, le multi-basculements à la mode Guillaume ou le ralliement direct à la mode Roger.
Voilà quelques semaines, il avait fait l’effort, élu conseiller régional avec l’étiquette LR, de rejoindre le LMR (Le Mouvement de la Ruralité) pour faire une passerelle entre le mouvement et les LR. Pour valider le siège social du parti dans des locaux salbrisiens aussi. Que l’ancien président du LMR ne soit pas d’accord avec l’actuel et ait destitué son successeur c’est, un peu, pour une question de loyer, son problème. Le tribunal de Blois jugera. En attendant, le maire de Salbris vient d’accueillir une nouvelle boutique dans l’arrière-cour de la librairie de sa compagne : une entreprise de reliure. La nouvelle habitante/commerçante, Anne-Laure Blanc, a été candidate FN lors d’élections législatives, elle a été trésorière de la section Île-de-France du groupe scout d’extrême droite Europe-Jeunesse, et femme d’un cadre FN passé par le Mouvement national républicain (MNR). Tout cela n’est évidemment qu’une accumulation de coïncidences fortuites. En plus, il faut bien séparer la femme, comme l’homme de l’artiste. C’est donc certainement une bonne relieuse.
Pour Alexandre, déjà marqué par ses passages répétés sur l’antenne de CNews, les marqueurs s’accumulent. Blast, le site d’information indépendant, l’assimile déjà à l’extrême droite. De là à ce que d’autres, beaucoup moins impliqués, prennent le relais…
Jamais, au grand jamais, la Sologne n’a été une terre de gauche. C’est un constat plutôt qu’une certitude et, pour l’heure, ce n’est pas parti pour changer le sens du courant. Au contraire !
Plus d’infos autrement sur Magcentre : Le Mouvement pour la Ruralité s’installe à Salbris