Drôle de titre connotant le film d’action pour ce film dont l’originalité est justement de ne rentrer dans aucune case cinématographique pour cette plongée dans le quotidien des migrants de la capitale libanaise, une réalité sous la forme d’un conte fantastique et sensuel.
Par Gérard Poitou
En fait, le film se déroule dans une ville pimpante et polyglotte dont on ne voit que peu de chose, comme un décor imaginaire pour décrire la réalité concrète des rapports humains de l’immigration. L’irruption dans le film d’une équipe de télé qui cherche le pathos larmoyant inscrit clairement le rapport au réel du réalisateur : la fiction dépasse les clichés pour faire de la condition de migrant une condition humaine. C’est toute la force du film de Wissam Charaf, tourné dans un format 4/3 comme pour mieux concentrer notre regard sur l’essentiel, que de nous entraîner dans une belle histoire d’amour, pour décrire les rapports universels de domination et d’exclusion subis par le migrant.
Une nuit de rêve
Il y a Mehdia, une jeune femme éthiopienne, venue travailler au Liban, où elle s’occupe d’un vieux colonel gâteux. Le passeur lui a confisqué son passeport pour l’empêcher d’aller voir ailleurs, mais il y a son amoureux caché, Ahmed, un jeune réfugié syrien, sdf qui trouve à dormir en payant à l’heure un lit. Avec un certain humour noir, ils vont gagner une nuit de rêve dans un hôtel de luxe avant d’errer dans la ville à la recherche d’une échappatoire à leur situation, pour fuir cet univers absurde alors que le corps d’Ahmed se métamorphose suite à l’exposition à une arme inconnue en Syrie.
Leur pérégrination amoureuse transforme cette fuite de l’oppression en une quête d’un bonheur qui transcende la vénalité des rapports humains, où la xénophobie et l’exploitation de la misère sont aussi la laideur d’un monde sans compassion. La beauté leur appartient…
Réalisation : Wissam Charaf
Avec Clara Couturet, Ziad Jallad, Darina Al Joundi, Rifaat Tarabay
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