Par cœur et comme par magie. Erik Hagi, pianiste estonien de 9 ans ouvre, ce vendredi, la deuxième journée du Concours Brin d’Herbe, et cela avec une envergure affolante de sensibilité et de virtuosité. Ce jeune musicien interprète, notamment, un merveilleux “Le Lac du Miroir”, de Kadri Laanes, et cette “Toccata”, de Khatchatourian, œuvre à l’intensité géante s’il en est, offerte à Orléans par deux petites mains qui embrassent incroyablement tout le spectre sonore de l’instrument. Stupéfiant !
Par Jean-Dominique Burtin
Ines El Banna – Photo JDB
Haute invitation et vision
« Longue vie à Brin d’herbe » souhaite, rayonnante, Dana Ciocarlie, présidente du jury, lors de l’ouverture du rendez-vous. De fait, souhaitons que l’on puisse encore, à l’occasion de futures éditions, pouvoir partager ces beaux éclats de vivre semblables à ceux que nous adressent, ce vendredi, dix nouveaux virtuoses.
Se succédant, ces jeunes interprètes passionnés nous emportent avec ferveur au cœur de compositions, entre autres de Bartok, Jolivet, Ligeti, Denisov, Messiaen, mais aussi de Debussy, Prokofiev (les Montaigu et les Capulet de “Roméo et Juliette“). Tout est ici subtil, résolument engagé dans le répertoire contemporain où figure désormais, cette pièce de Gérard Pesson, “Tout est pluriel“. Commande du concours, elle n’en finit pas de captiver. Avec l’apport de quarante balles de ping-pong versées dans le coffre d’un piano préparé, voici que sont dispensés ondes sonores étranges, frémissements et scintillements métalliques, cortège d’échos lancinants, cliquetis de verrerie, délicieuse atmosphère au soupçon de bastringue d’antan.
Avec respect, accompagnement, écoute
Par ailleurs, place encore et encore au plaisir de s’éprendre de cette âme séductrice de la musique ouverte. Ines El Benna interprète ainsi une pièce Gérard Moindrot, conjuguant électronique et piano qui nous emporte “De l’autre côté du piano” pour “une marche sous les étoiles“. Imparable est aussi l’interprétation par la jeune pianiste franco-tunisienne, de “Ainsi berçait maman“, de Villa-Lobos. Soulignons aussi, lors de cette fête harmonieuse, la qualité de la présentation, avec infiniment d’élégance, de chaque candidat et de son programme par Maxime Larouy. A saluer aussi l’accompagnement de l’accordeur Lionel Labriffe et le travail en coulisse de l’ingénieur du son et vidéo, Bertrand Stasi. Chaque candidat pourra, en effet, quitter le concours en emportant avec lui, s’il le désire, l’enregistrement de son passage. Enfin, rien ne pourrait être d’une telle qualité d’ensemble, si le conservatoire n’avait pas ouvert toutes les classes de l’établissement pour que les candidats puissent répéter, depuis jeudi, les programmes présentés.
Haut point d’orgue du jour
En fin de cette journée de vendredi, se présente sur la scène de l’Institut, Kadri Meitus, interprète estonienne. A 17 ans, cette dernière apporte, en point d’orgue, une signature, une griffe à l’après-midi musical. Dans le ciel du concours, force est de reconnaître que passe une nouvelle comète qui soulève l’émotion, notamment dans le « Prélude » en do dièse mineur, de Heino Eller.
Pour la belle histoire, c’est aujourd’hui samedi, et à partir de 18 h 30, que sera proclamé le palmarès de cette dixième édition. Cependant, les prix ne seront remis que dimanche, à l’issue du concert florilège, bouquet final donné par tous les candidats.
Concours Brin d’herbe
Jusqu’au 23 avril, salle de l’Institut, place Sainte-Croix, Orléans
Les épreuves sont ouvertes au public à partir de 14 h
Tarifs :
5€ ou 3€ la demi-journée
5€ ou 3€ concert final des lauréats le 23 avril à 15 h
Pass 10€ ou 7€, accès à l’ensemble des épreuves au concert final des récitals
Différents tarifs réduits notamment pour les enfants de moins de 12 ans, les demandeurs d’emploi, les étudiants et élèves de conservatoires de la région Centre-Val de Loire.
www.helloasso.com/associations/orleans-concours-international
Plus d’infos autrement sur Magcentre : Fascinante et virtuose Matinée du piano à Orléans