Majorettes, bâtons et pom-pom à Vierzon

La sous-préfecture du Cher accueillait, le week-end de Pâques, la 9e édition du championnat de France de majorettes de l’Association du même nom. Une douzaine de clubs étaient au rendez-vous berrichon pour prouver que les majorettes, leurs bâtons et leurs pompons se sont adaptées au XXIe siècle.

Par Fabrice Simoes

Sur les quais du port de Saint-Tropez, défilent les gendarmes de la brigade locale conduit par un de Funès toujours aussi grimaçant. Devant, plastrons et hauts chapeaux, les majorettes ouvrent la route. Dernier coup de menton, dernier mouvement de bâton, le mot Fin s’affiche en grand sur l’écran.

Désormais, les majorettes ne marquent plus le pas au son de « Sambre et Meuse », joué par la fanfare municipale où le père Gaston, au clairon, et Daniel, son copain boucher au tuba, sont des pièces maîtresses. Les majorettes sont cependant toujours là. Quelques décennies plus tard, ACDC résonne et Céline Dion entonne sans dénoter. On tape toujours des pieds et c’est une autre cadence. La musique a changé, les majorettes aussi. Comme avant, elles lancent le bâton beaucoup mieux que ne le plante Jean-Claude Dusse dans la neige des Bronzés font du ski. Désormais, au-dessus des têtes les pompons font des vagues aussi. Le quidam ne regarde plus le spectacle de cet œil autant inquisiteur et souvent moqueur qui envoyait les codes d’une masculinité mal placée face à des gambettes dénudées ou d’un patriarcat marqué. Certes le monde n’a pas encore évacué la fausse théorie des genres qui assimile la majorette à une féminité imposée. Les instances voudraient bien mais les mentalités ne changent pas aussi vite que tourne le vent.   

Les Vierzonnaises ont eu le sourire jusqu’aux médailles. Photo Magcentre

Le sourire, cet essentiel

L’essentiel, pour une majorette, ce n’est pas d’avoir un beau costume qui scintille à la lumière des flash ou à celle du soleil. Ce n’est pas d’avoir le calot, le bonnet, la voilette, le chapeau, parfaitement vissé sur la tête. Ce n’est pas d’avoir le lancer de bâton ou de pompon précis et habile comme un Pipe major lors d’un tattoo écossais. Ce n’est pas non plus de porter la jupette parfaitement plissée. Non ! L’essentiel pour une majorette c’est de garder le sourire, toujours le sourire. 

Alors, dès l’entrée dans l’aire de représentation, la majorette sourit… un peu, beaucoup, trop pour que ce soit naturel. Alors, pendant la prestation, il faut garder le sourire en toute circonstance. Le sourire collé ne doit pas devenir rictus même quand on perd une chaussure en plein milieu d’une figure. Dans le rythme, dans le mouvement, on ramasse sa grolle et on pleure à l’intérieur. On pense aux copines qui n’ont rien vu. On pense aux copines qui ont tout vu. On pense aux copines qui sont dans les tribunes, à maman qui, elle, pleure déjà sur son coin de gradin. Venir d’Albi, de Gaillac ou de Saint-Aigulin dans les Charentes, pour laisser une godasse s’échapper sur le bitume du hall des expositions de Vierzon, ce n’est pas un petit rien. Ce n’est pas un manque de chance, c’est une catastrophe. Après des semaines et des semaines d’entraînements, un lacet mal fait et c’est tout un monde qui s’écroule. Alors, le sourire, il faut le garder… même quand, du haut de tes dix ans, tu noies de larmes ton petit cœur. Si on ajoute que cela arrive dès l’entrée en matière, le week-end de compétition devient long, très long. Pourtant, il faut sourire. Oui, et personne ne doit revenir là-dessus, le sourire c’est bien la marque de la majorette…

Malgré une grolle en moins, ne pas pleurer, surtout ne pas pleurer… Photo Magcentre

Le sourire, les Medley’dies – le groupe de majorettes de Vierzon – l’ont gardé jusqu’au bout, les chaussures aussi et ça devenait plus facile. Elles ont remporté des médailles, beaucoup de médailles. Elles peuvent envisager de participer aux championnats d’Europe, en Croatie. Championnat de France, championnat d’Europe, les majorettes ont désormais largement dépassé le concept des belles gambettes pour rejoindre l’univers du sport et de la compétition. Toujours avec le sourire !  

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Commentaires

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  1. Quel style (dans l’écriture) à croire que vous avez écrit en direct ! Bravo .

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