Le Festival Bach poursuit sa route. Après Les couleurs de l’âme par les Folies Françoises et les Variations Goldberg données par Jean-Luc Ho, c’est l’ensemble vocal Perspectives qui a ravi le public ce vendredi 7 avril à l’Institut.
Par Anne-Cécile Chapuis
Le quintette vocal Perspectives en concert à Orléans le vendredi 7 Avril 2023. Photo AC Chapuis
Perspectives, ce sont cinq superbes voix parfaitement accordées qui explorent ensemble la musique vocale depuis 2011, sous la houlette de Geoffroy Heurard. Sans condition, sans exclusivité, sans barrières sauf celle de la qualité. Et celle-ci est au rendez vous lors de ce concert intitulé « Chants de misère et d’amour » qui propose un panorama de musiques sacrées allant de la Renaissance au contemporain.
Avec Thomas Tallis (1505-1585), le ton est donné, recueilli et prenant. C’est ensuite le très bel « o vos omnes » de Gesualdo puis les Lamentations de Jérémie de Robert White qui tiennent la salle en haleine. Place ensuite à Monteverdi avec le motet « Pianto della Madona » (les pleurs de la vierge) où les affetti du baroque sont parfaitement rendus par le quintette à qui n’échappe aucun effet de dissonance ou de diction.
Un thème unique évoqué en contrastes
Changement de décor ensuite pour « Regard » de Zad Moultaka, né en 1967 au Liban, qui « poursuit depuis plusieurs années une recherche personnelle sur le langage plastique et musical » La lumière se tamise, les chanteurs se mettent en fond de scène et en cercle fermé pour une pièce dans le medium, avec effets de sifflements ou sons gutturaux, mettant en valeur les contrastes entre une teneur confinant à la mélopée par les voix d’hommes et les jaillissements de voix aigues. Ce genre d’interprétation en quarts de tons (chacun se sert de son diapason) est bien rendu par le savoir faire des interprètes et l’acoustique de la salle de l’Institut. Un bel effet.
Un auditoire sous le charme
En deuxième partie, c’est le retour aux pièces du répertoire, avec un très beau motet de Palestrina très isorythmique, puis Tallis, Rossi, Isaac. Les petits bijoux s’enchaînent devant une salle captivée. Pour « Fürchte dich nicht » de Johann Christoph Bach, l’ensemble joue sur l’acoustique avec la voix de soprano qui répond au quatuor depuis le fond de la salle. Un très beau moment, plein d’émotion et de musicalité. Avec le motet de Jean-Sébastien Bach, l’arrangement de Ludwig Böhme donne le chant au baryton, accompagné en bouche fermée par les autres voix. Magnifique.
Salut final sous les applaudissements du public. Photo AC Chapuis
Le concert se termine (trop tôt !) avec la musique romantique de Mendelssohn et Max Reger et la salle, qui n’a pas applaudi, suspendue à cette musique sublime et transcendée par des interprètes inégalés, réserve un triomphe aux cinq solistes de Perspectives.
Ceux-ci ne se font pas prier et offrent deux petits bis décalés (Only you de The Flying Pickets, et oculi Omnium de Charles wood) rappelant que Perspectives a plusieurs cordes à son arc et sait explorer toute sorte de répertoire. Ou s’approcher de toute sorte de public, comme il le fait en animant des ateliers dans les ESAT de l’APHL (voir notre article sur la prestation donnée au CCNO en juin 2022)
Pour en savoir plus :
L’Orléans Festival Bach enfin de retour
Ils dynamisent la musique à Orléans # 1 : Éric Valette
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