Revigorées par l’élection de Sophie Binet comme secrétaire générale de la CGT, les militantes de la CGT Loir-et-Cher ne baissent pas les bras face à l’intransigeance du gouvernement. Elles restent déterminées à continuer le combat.
Par Jean-Luc Vezon
Avec leurs chasubles rouges, elles sont nombreuses au sein du cortège de 5 000 manifestants qui défile paisiblement dans les rues de Blois. Elles, ce sont les militantes du syndicat, créé en 1895, fer de lance de la contestation contre la retraite à 64 ans.
Venue de Vendôme, Sylvie, ouvrière chez Thales (aéronautique) est particulièrement remontée : « Ce qui se passe est grave. C’est de la dictature et une remise en cause des acquis sociaux. Si on laisse faire, le gouvernement s’en prendra aux RTT », assure la militante de 58 ans, qui a participé à tous les cortèges depuis le 19 janvier. Pour Sylvie, une chose est sûre : « Avec le système capitaliste, ce sont toujours les pauvres qui trinquent ! ». Hors de question de lâcher.
Un peu plus loin, devant la préfecture, alors qu’un mannequin brûle devant les grilles, on retrouve Natacha, une habituée des manifs, auteure d’un « grand Chelem » depuis janvier. Pour être présente, elle a sacrifiée 1 200 € au total mais ne regrette rien : « Si on laisse faire, demain ce sera 70 ans ». Elle attend beaucoup de la 16e secrétaire générale et notamment qu’elle durcisse le mouvement. « Elle est jeune, dynamique, revendicative et va porter une image moderne de notre syndicat ». Dans son esprit, pas de doute la lutte continue.
« On ne pose pas la question quand on est dans l’action »
Secrétaire de la CGT au département de Loir-et-Cher, Florence est heureuse du choix de Sophie Binet secrétaire nationale des cadres (Ugict) : « Il était temps que les femmes arrivent. Elle a toutes les compétences pour s’imposer et faire avancer des sujets comme l’égalité hommes-femmes ou la lutte contre les violences ». Pour cette assistante sociale de profession, « l’intersyndicale doit surtout restée unie et maintenir la pression. On ne pose pas la question quand on est dans l’action ».
L’avenir ? Assistante sociale au département, Cécile ne croit pas beaucoup à une décision favorable du Conseil constitutionnel “proche du pouvoir”. Elle redoute aussi l’arrivée à l’Elysée de Marine Le Pen : « Macron s’est posé en rempart du RN. Regardez aujourd’hui, « la Grande Muette » sur les retraites est déjà à 36 % d’intentions de vote ».
En tête de cortège, reprenant à tue-tête les chansons comme Bella Cio ou Allumez le feu, Norella, aide-soignante au centre hospitalier de Blois est plus déterminée que jamais :
« la bataille sera longue. Face au mépris de Macron, la seule réponse est la détermination »
Permanente syndicale, elle s’insurge contre un projet de loi qui ne prend pas en compte la pénibilité de son métier où « les Troubles Musculo Squelettiques (TMS) font des ravages dès 40 ans » alors même que le manque d’effectif renforce les charges de travail.
Face à « la casse du service public » ou des lois néfastes comme la loi Rist qui va entraîner des fermetures de services, elle compte beaucoup sur Sophie Binet pour agir :
« Elle est jeune, expérimentée. On lui fait confiance pour lutter jusqu’au retrait de la loi ».
Déjà 80 000 manifestants à Blois
Jamais la ville préfecture n’aura connu un tel déferlement de manifestants de tous horizons professionnels et sociologiques. Dans le calme et la bonne humeur, ils redisent presque chaque semaine leur opposition à une réforme des retraites rejetée par 80 % des Français.
19 janvier : 8 500
31 janvier : 11 000
7 février : 5 000
11 février : 10 000
16 février : 4 000
7 mars : 13 000
11 mars : 900
15 mars : 7 000
23 mars : 9 000
28 mars : 7 000
6 avril : 4 000
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