La Métropole ouvre le chantier pharaonique d’Orléans

C’est parti pour trois ans d’études et de travaux afin de faire des boulevards historiques le symbole d’une « ville apaisée » avec moins de place pour les voitures, plus pour les mobilités douces et la nature. Mais le financement du projet questionne !

Par Jean-Jacques Talpin

Place d’Arc, nouveau cœur d’Orléans. Photo Richez et Associés

Chaque maire ou président de l’agglomération orléanaise veut laisser sa trace dans l’histoire. Jacques Douffiagues – hier très décrié, aujourd’hui oublié – avec le centre commercial Place d’Arc en centre-ville, Jean-Pierre Sueur avec le tram, le Zénith et la médiathèque, Olivier Carré avec CO’Met, Serge Grouard avec le tram et demain les
« mails ».

Ces larges boulevards historiques qui ceinturent le centre-ville d’Orléans vont en effet connaître un chantier que d’aucuns jugent pharaonique, dispendieux et incertain, du moins dans ses financements. Les élus de la Métropole qui se réunissent ce jeudi vont en effet donner le véritable coup d’envoi du projet en adoptant le bilan de la concertation publique relative à ce projet de réaménagement conçu par les architectes et urbanistes du groupe « Richez Associés ».

Ce cabinet vient en effet d’être retenu pour assurer la maîtrise d’œuvre du chantier qui vise à requalifier ces boulevards aménagés sur l’ancienne enceinte fortifiée progressivement démantelée au cours des siècles. Le projet qui bénéficie d’un certain consensus politique ne vise rien moins qu’à « transformer Orléans en ville lente, reliée par une succession de lieux à vivre, qu’ils soient événementiels, apaisés, culturels, ludiques » selon l’un des architectes du cabinet Richez. Et parmi les belles intentions : « Offrir aux habitants une ville plus lente et plus fluide, où les déplacements sont décarbonés et plus respectueux de l’environnement, une ville qui multiplie les occasions de partage, programmées ou spontanées, entre tous ses habitants, quel que soit leur âge ; une ville où la nature, généreuse, garantit un cadre de vie agréable et répond aux enjeux climatiques de demain ». Changer l’image de la ville donc et faire oublier cette « autoroute urbaine » qui coupe la ville de sa périphérie et cela au profit d’un « boulevard urbain apaisé » libéré de ses trémies, ses ponts et dalles.

30, 44 ou 62 millions ?

Ce chantier prendra place entre la gare et la Loire avec des lieux et des interventions emblématiques : Place d’Arc où la dalle sera démolie, la ligne de tram déviée et plus à l’ouest, près du futur campus Madeleine avec la suppression d’une trémie et l’aménagement d’un parking souterrain de 400 places. L’espace considérable (18 hectares) permettra de faire une large place aux espaces verts, au paysage, aux déplacements doux vélos et pédestres, à des espaces ludiques (peut-être un skate park) et événementiels.

Si les images sont belles, la facture sera à leur niveau ! L’ébauche du projet avait été présentée aux élus de la Métropole à l’automne dernier en sous-évaluant le coût afin que la pilule passe mieux chez certains élus métropolitains qui estiment que la ville d’Orléans tire beaucoup la couverture à elle pour profiter des finances de l’agglomération. En septembre dernier, Serge Grouard chiffrait le coût du projet à 30 millions pour la Métropole dont 8 apportés par Carrefour et la société immobilière Carmila qui gère la galerie marchande. De son côté, le cabinet Richez chiffre les travaux à 44 millions, estimation que certains trouvent encore peu réaliste au vu de la complexité technique du chantier. La Métropole parle d’ailleurs de 62 millions hors taxes pour « une première phase opérationnelle ».

Un boulevard apaisé et vert. Photo Richez et Associés

Un chantier « pharaonique »

Ce réaménagement des « mails » comprend en effet plusieurs chantiers lourds, coûteux et impactant fortement la vie des Orléanais, du moins les automobilistes : restructuration-extension du centre commercial Place d’Arc sur 8 500 m2 avec en plus un bâtiment de 5 000 m2 pour du logement, suppression de la trémie Jean Jaurès qui sera remplacée par un parking souterrain de 400 places, déplacement du centre bus de la gare et de la ligne de tram, suppression de la dalle empruntée chaque jour par 40 000 piétons, restitution est-ouest de la circulation automobile (35 000 véhicules/jour).

Les études vont se poursuivre afin de lancer le chantier fin 2024 pour une mise en service fin 2026. Un chantier « pharaonique » donc mais qui préfigure l’urbanisme moderne avec une « ville apaisée », une large place à la nature, aux transports doux et en commun. Une seconde phase sera d’ailleurs lancée dans la foulée à l’Est jusqu’à la Loire. Pourtant la concertation publique n’a pas mobilisé les foules avec seulement 147 personnes présentes à des réunions et 304 contributions écrites portant notamment sur le financement et sur l’ambition « pharaonique » du projet. Un manque d’intérêt pour un projet qui n’est pas encore entré véritablement « dans le dur ».

Plus d’infos autrement sur Magcentre : Les « mails*» au cœur d’une révolution urbanistique à Orléans ?

Commentaires

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  1. Une ville apaisée c’est surtout un centre ville dans lequel les voitures sont bannies. A quoi serviront ces boulevards “decarbonnés” si notre centre ville reste dévolu aux voitures ?

  2. « transformer Orléans en ville lente, reliée par une succession de lieux à vivre, qu’ils soient événementiels, apaisés, culturels, ludiques », “une ville qui multiplie les occasions de partage, programmées ou spontanées, entre tous ses habitants, quel que soit leur âge” :
    on prend vraiment les gens pour des neuneux avec des propos infantilisants et rose bonbon …

    J’aime bien aussi ce morceau de paragraphe : “en sous-évaluant le coût afin que la pilule passe mieux chez certains élus métropolitains”. Même réalité de prendre les gens pour des imbéciles …
    Allez, question coût, je prends les paris : on retient l’hypothèse haute et on la multiplie tout de suite par 2, soit 62 millions x 2 qui nous font 124 millions d’€. Et avec ça, qu’est-ce que je vous sers, ma bonne dame ?

  3. encore moins de voitures en ville, on pourrait que c’est bien…sauf que les petits commerçants meurent..Bingo pour les gros centres commerciaux du sud et du nord.
    On ne peut pas dire qu’on veut promouvoir, aider le petit commerce et tout faire pour qu’ils disparaissent

  4. On en a de l’argent public à claquer :
    – Com’et, 160 millions pour juste améliorer des infrastructures de loisir (110 millions à la base)
    – Le téléphérique annulé qui a coûté 4 millions pour rien, ne menait nulle part (ah et la moitié de la dette est remboursée par nos impôts bien sûr) -> devait coûter 14 millions
    – Le bâtiment des archives publiques alors que l’on a du bâtiment industriel que l’on pouvait requalifier un peu partout -> 32 millions

    Et maintenant, claquer 65 millions pour mettre du gazon…
    Il n’y aurait pas d’autres dépenses à passer en priorité ? La santé ? L’éducation ? L’énergie verte ? La justice ?
    Ah oui, ça ne se voit pas donc ça ne sert à rien ✌️✌️✌️

  5. Un projet / chantier sur de telles infrastructures, autant engageant pour les habitants, tant pour les contraintes à vivre pendant la période de transition (chantier), que la pression financière associée (coût direct et niveau d’endettement en effet de bord) mériterait un référendum sur l’agglo, assorti préalablement d’une information ajustée, décrivant simplement le projet, la période de transition, la cible à terme et l’impact financier (coût, niveau et durée d’endettement) tout cela avec quelques schémas et commentaires vulgarisant le sujet.

    Les citoyens / contribuables ne sont pas des neuneux. Ils devraient comprendre, si l’on se donne la peine de porter le sujet à eux, avec le bon niveau de vulgarisation.

    C’est avant tout pour eux que le projet est réalisé. La moindre des choses serait de les impliquer un minimum, parce que ce sont eux qui sont les payeurs au final. Merci aux brillants initiateurs du projet de ne pas l’oublier.

  6. Le coût est-il vraiment le problème centra alors que plus de 150 millions d’euros viennent d’être dépensés pour comet dont l’impact sur notre vie quotidienne est sans rapport avec ce que deviendrait une « ville apaisée « ?
    Presente comme il l’est , le projet des mail est extrêmement séduisant et après tout , Grouard n’avait pas eu tort en faisant du dégagement des voitures sur une partie des quais son premier programme d’aménagement urbain ;
    Pour autant se posent 2 types de problèmes, le premier sur des détails importants de faisabilité « interne »tels que l’articulation des circulations, notamment au niveau de la place d’arc , et la seconde , plus fondamentale , sur le report des véhicules qui empruntent actuellement cette sorte d’autoroute urbaine pour traverser l’agglomération .
    Cette dernière question ne pourrait être résolue que dans le cadre de la métropole , voir du département, et sous condition d’un véritable changement général des habitudes de transport et de mode de vie des français…

  7. La vision technocratique de ce projet me désole!
    La place d’Arc futur centre ville ??? dans un environnement bétonné …?
    Pitié, Messieurs les promoteurs, arrêtez de dire des inepties pour faire dépenser de l’argent que vous n’avez pas à des contribuables de la Métropole qui en ont de moins en moins !
    Le Centre d’Orléans, n’en déplaise aux auteurs du projet, restera la place du Martroi, et la croisée de ses axes majeurs, rues Royale et Jeanne d’Arc, même si parfois “Jeanne nous sort par les trous de nez”…
    La capacité des promoteurs est d’avoir des éléments de langage propres à faire passer la pilule aux contribuables en servant la mégalomanie de “ceux qui veulent s’inscrire dans l’histoire”…
    Regardons bien les choses en face: la Place d’Arc, de Mr Douffiagues[1988] est un désastre d’architecture dont le fonctionnement est décevant…”perte d’attractivité” disait Madame Barruel..
    A-t-on fait une étude sur tous ceux qui refusent d’y mettre les pieds, préférant les commerces traditionnels dans des immeubles en pierre de taille qui signent l’authenticité de la ville… Finalement, on va en raser un bout…
    On oublie le Pont de L’Europe(1998) de Jean Pierre Sueur, “placé à côté de rien, et débouchant sur rien”…pour éviter de froisser les Cégétistes de chez Renault s’il avait été mis face à la Tangentielle…en enlevant quelques ateliers voués à la destruction…Regardons aujourd’hui: tout a été rasé,on y bâti des immeubles de standing à 4500€ le mètre carré…
    La construction de la ligne B du tram a été pour beaucoup un désastre économique…10 ans après son inauguration, une grande part des locaux commerciaux sont vacants sur l’axe Madeleine…

    L’incapacité des maires successifs, dont Monsieur Grouard, élu depuis 2001, à faire un projet consensuel pour la tête nord du Pont de L’Europe invite à se poser des questions sur le sujet de l’article…

    Le pharaonique, est-il de bon sens ?

    Les habitants de la Métropole ont-ils leur mot à dire, ou va-t-on nous sortir un “49-3” régalien, signé de son président?

  8. @Gilles : il n’y a pas de “petits commerces”. Par contre il y a des commerçants indépendants – parfois franchisés mais restant indépendants- dont l’objectif est la satisfaction de leur clientèle et la possibilité de gagner leur vie. Et puis il y a des groupes commerciaux dont l’objectif n’est que la rentabilité financière.
    Supprimer la voiture de l’intra-mails ne veut pas dire faire mourir ceux que vous appelez petits commerce. Mais pour que cela fonctionne il faut une volonté municipale de créer des points relais gratuits et accessibles et de favoriser ensuite l’accès dans le centre depuis ces relais.
    En ce qui concerne les zones commerciales periurbaines, même si il est reconnu aujourd’hui qu’elles sont devenues obsolètes, elles attirent à mon grand regret encore trop de personnes.
    Pour terminer le “petit commerçant de centre ville” qui sait s’adapter réussi toujours… Il y en a de nombreux exemples dans notre ville.

  9. Je pense qu’il y a autre chose à penser déjà revoir l’état des routes dans Orléans offrir un peu plus de travail et avoir le respect de recevoir des personnes pour du travail et qu’il y a des assistantes sociales qui s’occupe aussi des personnes même si j’habite à Saran ou Saint-Jean-de-Braye Saint-Jean-de-la-Ruelle essayer de faire surtout des places de parking gratuite est-ce que je pense qu’on a les moyens de faire des trucs vu le prix que ça coûte on a aussi le moyen de mettre des places de parking gratuit

  10. Et que dire de cet immeuble sur notre place principale du martroi (au dessus de la Chancellerie) toujours en attente de rénovation et qui tranche singulièrement avec celui de la chambre de commerce . On ne doit pas tous avoir la même vision

  11. On n’attend toujours la passerelle pour piéton ‍♂️ et cycliste ‍♂️ sa permettra de ne plus faire le tour de la ville car quand on habite au sud ses compliqué voilà un bo. Projet mr le maire

  12. A se tarif là, vaut mieux créé un lac orleannais qui serait certainement mieux pour nous tous..!

  13. Quel est le coût écologique de ce projet qui a la prétention de rendre la ville écologique ?
    C’est vraiment prendre le citoyen pour un idiot.

  14. Les politiens ne savent pas gérer. Le devis so t toujours à multiplier par deux .Où trouver cette argent et bien dans les poches des contribuables. Il y a tant d’autres choses à faire .Juste deux exemples :Le carrefour Comet ,tramway et Auchan très mal pensé , et les transports en commun sur l’ensemble de l’aglo et les autres villes proches .

  15. une fois de plus on éloigne les personnes en fauteuil roulant (surtout quand l’invalide et son pousser sont âgés) des lieux de culture et tout simplement de vie

Les commentaires pour cet article sont clos.

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