La Scène nationale donnait un concert hors les murs ce jeudi 30 mars avec les Folies Françoises, l’ensemble Ephémères et deux grands solistes : Hélène Le Corre et Jean-Michel Fumas
Par Anne-Cécile Chapuis
Les Folies Françoises et Ephémères à l’église Saint-Marceau Orléans le 30 mars 2023. Photo AC Chapuis
Une fois n’est pas coutume, mais peut-être le deviendra-t-elle : la Scène Nationale explore d’autres lieux que celui du théâtre où elle exerce habituellement. Et pour la musique sacrée, c’est une vraie bonne idée, voire une évidence, que de la faire résonner sous les voûtes d’une église.
C’est à Saint-Marceau que les musiciens avaient rendez-vous avec leur public. A guichet fermé car la croisée de plusieurs entités a rapidement rempli la jauge estimée par les organisateurs. Pas celle de l’église où les bas-côtés sont restés vides alors que des spectateurs étaient refusés à l’entrée. Dommage car les heureux élus, et ils étaient nombreux, n’ont pas été déçus de la prestation.
En introduction, après une Sinfonia d’Alessandro Scarlatti (1660-1725) qui pose le décor, celui de la belle musique et des sonorités chaudes de l’ensemble, Les Folies Françoises se sont associées à l’ensemble vocal Ephémères dirigé par Emilie Legroux, pour un très beau Salve Regina d’Alessandro Scarlatti, pièce fuguée à quatre voix, cordes et continuo, rarement jouée en concert. Le ton était donné.
Quelques explications, un mot de bienvenue et nous voici dans l’univers de Giovanni Battista Pergolesi (1710-1736), ce musicien italien du XVIIIe siècle disparu trop tôt et qui laisse quelques très belles œuvres dont le Stabat Mater.
De magnifiques interprètes au service d’une musique de plénitude
Une œuvre très connue au répertoire mais dont on ne se lasse pas. Surtout quand elle est exécutée avec toute la ferveur ressentie lors de ce concert.
Patrick Cohën-Akénine aux côtés d’Hélène Le Corre, soprano et Jean-Michel Fumas, contre ténor. Photo AC Chapuis
En effet, les magnifiques voix d’Hélène le Corre, soprano et Jean-Michel Fumas, contre ténor ont séduit l’auditoire. L’alternance des numéros d’opus en solo /duo a donné tout le relief d’une œuvre qui met en scène la douleur de la vierge Marie devant son fils crucifié, avec des moments de chagrin intériorisé, de révolte, questionnement sur fond de prière. Le génie de Pergolèse tient dans cette sorte de mise en scène utilisant tous les procédés d’écriture, avec envolées opératiques, dissonances ou contretemps contrastant avec de sublimes moments d’émotion, comme dans le « Vidit suum dulcem natum » (elle voyait ce doux fils mourant, délaissé, rendre son âme) où Hélène Le Corre, bouleversante, tient l’assemblée en haleine.
Avec un Amen au tempo d’enfer (sic !), le concert se termine sur un tonnerre d’applaudissements hautement mérités. Belle soirée de circonstance et d’émotions musicales partagées.
Pour en savoir plus :
La belle saison des Folies Françoises
Les femmes et la musique à l’Institut