Après deux manifestations hystériques, l’heure est à l’apaisement. Le conseil municipal a rencontré les forces vives du village. Le milieu associatif doit lui permettre de retrouver l’unité.
Par Pierre Belsoeur
Près de trois semaines après la deuxième manifestation anti CADA, Laurent Laroche, maire de Bélâbre entouré de plusieurs de ses conseillers municipaux tenait le 30 mars une conférence de presse pour faire part de l’avancement du dossier. Le 24 mars en effet, comme il l’avait annoncé à Magcentre, s’est tenue une réunion destinée aux forces vives du village (commerçants, artisans, agriculteurs, responsables d’associations, etc.) en présence du préfet de l’Indre et de représentants de Viltaïs, entreprise de l’économie sociale et solidaire dont le siège social est à Moulins, choisie pour ouvrir les 38 places du Cada de Bélâbre. « Notre première satisfaction, souligne Laurent Laroche, a été le nombre de participants à cette réunion malgré l’appel au boycott lancé par les opposants au projet. Le deuxième point positif, c’est que toutes les questions ont pu être posées et ont reçu des réponses franches ».
Une ouverture de CADA en 2025
Pour rappel, depuis l’autorisation de signature d’un compromis de vente début février pour l’ancienne chemiserie où pourra être installé le CADA, Viltaïs obtiendra la signature définitive de la vente entre septembre et décembre si le permis de construire déposé est accepté. La vente du bâtiment s’élève à 40 000 €, les travaux d’aménagement sont estimés à 1,7M€ entièrement financés par Viltaïs. L’autorisation de CADA est valable 15 ans et au terme de ce délai, Viltaïs ne pourra pas donner de nouvelle destination aux locaux sans l’accord de la mairie. Les premiers résidents devraient arriver en 2025.
« Notre souhait, reconnaît le maire, est d’accueillir des familles avec enfants, mais en matière humanitaire on ne peut évidemment rien exiger ». Deux intervenants sociaux et deux animateurs partageront leur temps entre les structures de Bélâbre et d’Argenton (22 places qui seront occupées dans les prochaines semaines).
Les participants à cette rencontre ont obtenu les précisions administratives concernant le statut des résidents, de la bouche du préfet. Les représentants de Viltaïs ont détaillé leurs activités : « Ce sera notre CADA, rappelle Karine Bouteleux, directrice du pôle demandeurs d’asile, qui participait à cette conférence de presse, nous sommes présents dans huit départements de quatre régions ». Des élus de Charost et Buzançais ont également fait part de leur expérience d’accueil de migrants.
« Nous n’avons rien à cacher »
A ceux qui s’étonnaient que l’on puisse conduire des demandeurs d’asile dans un lieu aussi isolé, Karine Bouteleux répond que son entreprise a les moyens pour accompagner les résidents pour leurs démarches et leurs achats. Elle assure que les locaux rénovés leur offriront des espaces nuit privatifs, une restauration commune ainsi que des espaces d’apprentissage du français et d’activités diverses. « C’est la première fois que nous occuperons des locaux totalement restructurés, assure-t-elle, habituellement il s’agit juste de remaniements ». La grande verrière au-dessus du plateau supérieur de 300 mètres carrés a particulièrement inspiré les architectes.
La présence de nombreux responsables associatifs a convaincu Laurent Laroche que cette démarche de solidarité allait aboutir et qu’il serait possible de réparer la fracture du village. Et s’il reconnaît que la communication initiale a pu être défaillante, il confirme que cette opération sera totalement transparente. « Toute personne qui a des questions sur le CADA peut prendre rendez-vous avec le conseil municipal. Elle obtiendra les réponses qu’elle attend en mairie ».
Plus d’infos autrement sur Magcentre : La berceuse xénophobe du RN à Bélâbre (36) qui s’endort