Vous avez à choisir entre plusieurs expositions photo à Paris ? N’hésitez plus. Magcentre vous recommande d’aller à la MEP admirer les grands formats de la Sud-Africaine Zanele Muholi. Au musée Maillol, c’est Elliott Erwitt, le géant de la photographie de 94 ans, qui a lui-même donné les instructions pour sa rétrospective.
Par Bénédicte de Valicourt
Zanele Muholi
Les images de Zanele Muholi sont très esthétiques. Mais ce n’est pas, loin de là, leur seul objet. Car cette Sud-Africaine est aussi une militante acharnée qui lutte contre les violences faites aux LGBT dans une Afrique du Sud en proie aux discriminations.
Pas de demi-mesure pour Zanele Muholi, photographe et activiste Sud-Africaine dont c’est la première rétrospective en France. Ses images, comme sa série d’autoportraits iconiques en noir et blanc ne peuvent pas laisser indifférents tant ils portent une charge politique et esthétique forte. Ils parlent souvent de discrimination. Ainsi de « Nolwazi II », un portrait où les cheveux de l’artiste sont ornés de crayons. Une évocation à peine voilée du test du crayon qui aidait les autorités sud-africaines sous l’apartheid à classer les gens par catégories : blancs ou de couleur. Si le crayon tombait, la personne était considérée comme blanche. Les pneus ornant sa tête et son cou dans « Ziphelele » (2016) rappellent le « collier de feu », moyen d’exécution publique, dans les années 80 sous l’apartheid, consistant à mettre des pneus arrosés d’essence autour des épaules des victimes et à les incendier. Incroyable de cruauté.
Zanele Muholi qui avant d’être photographe a été ouvrière en usine et coiffeuse, est née en 1972 au plus fort de l’apartheid dans un township de Durban et a fait ses premières armes au Market Photo Workshop fondé par le photographe David Goldblatt à Johannesburg. Une époque qui a laissé des traces sur celle qui se définit comme non-binaire (n’entrant ni dans une identité de genre homme ni femme) et lutte contre les crimes homophobes avec ce qu’elle appelle son militantisme « visuel ». Ainsi de la série « Faces and Phases » que l’artiste a débutée en 2006 à la suite de la mort de la poétesse et militante homosexuelle Busi Sigasa (1982-2007), victime du sida après avoir subi « un viol correctif ». Un oxymore qui décrit le viol subit par une personne en raison de son orientation sexuelle ou de son identité de genre. Elle commence alors des portraits en noir et blanc de lesbiennes et de transgenres, pour la plupart noirs, qui l’entourent et vivent comme elle sous cette menace. Cette série toujours en cours, compte plus de 500 images et couvre de nombreux aspects de la communauté LGBTQIA noire sud-africaine.
«Zanele Muholi», Maison européenne de la photographie, jusqu’au 21 mai 2023 www.mep-fr.org
Elliott Erwitt, une rétrospective
Hommage à un géant de la photographie de 94 ans : Elliott Erwitt.
Très bel hommage et grande rétrospective sur le travail du géant de la photographie Elliott Erwitt au Musée Maillol. C’est Robert Capa, l’un des premiers à le remarquer, qui l’a aidé à intégrer l’agence Magnum Photos qu’il a finalement dirigée pendant trois mandats. On est en 1953 et Elliott Erwitt n’a que 25 ans. Très vite, il travaille pour les plus grands magazines américains et sillonne le monde. Des photos à retrouver dans cette exposition où c’est lui qui, du haut de ses 94 ans, a défini la dizaine de thèmes à parcourir. De ses premières images en 1949 aux années 2000, on suit ainsi le travail de ce grand photographe du XXe siècle, réputé pour ses scènes de rue et ses portraits de personnalités, de Marilyn Monroe à Jackie Kennedy, en passant par Charles De Gaulle, Che Guevara, Alfred Hitchcock, Nikita Khrouchtchev. Très drôles et iconiques de son travail : ses photos de chiens, chihuahuas emmitouflés ou caniches à brushing, qui en disent à eux seuls plus long sur leurs maîtres que tout discours. Un thème, loin d’être anecdotique pour Elliott Erwitt et auquel il a – quand même – consacré trois livres. Il a aussi posé son regard facétieux, tendre ou cocasse sur le monde entier. D’ailleurs, le plus grand compliment que l’on puisse lui faire, a-t-il dit un jour à un journaliste, c’est « de dire qu’il y a de l’humanité dans mes photos… »
POLAND. Czestochowa. 1964.
Images for use only in connection with direct publicity for the exhibition “Retrospective ” by Elliott Erwitt presented at Musée Maillol, Paris, France, from 22 March to 24 September 2023,
« Elliot Erwitt », jusqu’au 15 août au Musée Maillol. www.museemaillol.com
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