Le maire-président de la Métropole d’Orléans sera nommé ministre dans les prochains jours à l’occasion d’un remaniement ministériel. Florent Montillot lui succédera au fauteuil de maire. Mais son remplacement à la tête de la Métropole est plus problématique.
Par Jean-Jacques Talpin
Serge Grouard Photo Magcentre
On y voit désormais un peu plus clair dans les motivations de Serge Grouard. Il y a quelques semaines ce « gaulliste historique » démissionnait des Républicains, dégoûté qu’il était du spectacle peu ragoûtant offert par sa famille politique lors des débats parlementaires sur la réforme des retraites. On peut désormais affirmer que peu avant sa décision de retrait, il avait été approché par Matignon pour intégrer l’équipe ministérielle à l’occasion du prochain remaniement. Si le « fusible » Élisabeth Borne semble encore conforté pour quelques semaines, le sort de son gouvernement est scellé avec un remaniement qui doit intervenir avant Pâques. Élisabeth Borne doit notamment écrire un contrat de gouvernement avec certaines forces politiques de droite et du centre pour mener à bien quelques grandes réformes sociales et sociétales avant la fin du quinquennat. Personne – surtout parmi ses amis politiques – n’avait compris le sens de la démission du maire d’Orléans. Pourtant sa nomination à un maroquin – des discussions sont encore en cours pour savoir si ce sera un ministère de plein exercice ou un secrétariat d’État – paraît aujourd’hui logique. Depuis plusieurs semaines, M. Grouard plaide pour un accord de gouvernement avec Emmanuel Macron. C’était le sens de sa démission mais aussi de sa candidature avortée à la présidence de LR. Élisabeth Borne aurait compris le message en intégrant un franc-tireur qui bénéficie encore d’un certain écho dans son ancienne famille politique.
Florent Montillot à la mairie
Dans la même lignée deux autres personnalités considérées comme « indépendantes » pourraient intégrer l’équipe de Mme Borne : Jean-François Copé, ancien ministre et président de l’UMP ainsi que Robert Ménard revenu des rives de l’extrême droite vers une droite plus respectable. Cette triple prise de guerre suffira-t-elle à composer une nouvelle majorité ? De même que Staline s’interrogeait sur le pape en 1935 par la désormais célèbre interrogation « le pape combien de divisions ? » l’attelage Grouard-Copé-Ménard ne semble pas en mesure d’entraîner dans son sillage des divisions voire des brigades ou des régiments de parlementaires.
Pour Serge Grouard pourtant cette reconnaissance serait un bâton de maréchal. Sous les gouvernements Chirac puis Sarkozy il se voyait ministre de l’environnement. De François Fillon dont il se revendiquait le « bras droit » et « l’ami » la reconnaissance n’est jamais venue. Alors mieux vaut tard que jamais !
Évidemment la nomination imminente de Serge Grouard va laisser un vide à Orléans. Sa succession au fauteuil de maire semble aisée : Florent Montillot le 1er maire-adjoint, se prépare depuis des années à cette échéance. Pour beaucoup M. Montillot était déjà le « maire bis » d’Orléans. Il a pour lui l’avantage de bien connaître les rouages municipaux après avoir été adjoint à la sécurité, à l’éducation et à l’enseignement supérieur en s’étant fortement mobilisé par la création du CHU et d’une faculté de médecine (en plus de la décriée antenne de l’université de Zagreb).
Schlésinger vs Grand ?
Mais la transition à la Métropole semble plus compliquée. La logique voudrait que le premier vice-président Matthieu Schlesinger monte d’une marche. Mais laisser la présidence au maire d’Olivet, c’est assurément mettre le pied de M. Schlésinger à l’étrier pour longtemps. Et cela alors que Serge Grouard sait qu’un ministère est forcément un CDD. Pas question donc de laisser la présidence à un homme politique ambitieux qui ne voudra plus lâcher la place ! Pour « garder la place au chaud », il pourrait jeter son dévolu sur un président peu encombrant et peu ambitieux, à l’image d’un maire de la périphérie orléanaise.
Mais Serge Grouard est toujours là où on ne l’attend pas. Il pourrait donc jouer un « coup politique », pourquoi pas laisser la présidence à Jean-Philippe Grand, un élu écolo mais qui entretient de bonnes relations avec le président actuel. Approché, Jean-Philippe Grand n’aurait pas dit non, sous réserve qu’un véritable programme écologique soit mis en œuvre. Avec ce choix Serge Grouard réussirait vraiment sa sortie !