Des étudiants d’Orléans mettent en scène la presse d’Ancien Régime

La transmission du savoir par le jeu. Ce mercredi 29 mars aux archives départementales à Orléans, des étudiants ont animé une conférence à travers des mises en scène sur des journaux d’Ancien Régime. Un coup de projecteur sur les origines du journalisme tout en gesticulations.

Par Mael Petit


C’est une manière singulière mais non moins judicieuse d’animer une conférence.
 L’exercice peut s’avérer parfois difficile à digérer pour le public voir friser le barbant pour les plus jeunes lorsque la soirée tend à se noyer sous un long monologue d’un conférencier fixé derrière son pupitre. Mais ce mercredi soir, rien de tout cela. Entre mise en scène, jeu de rôle et théâtre, l’assemblée n’a pas vu le temps passer. Et quand la forme vient sublimer le fond, le message n’en est que mieux transmis.

A l’aide de gesticulations érudites, les étudiants de L3 Histoire et de L3 lettres de l’Université d’Orléans ont pris possession des archives départementales pour une performance hybride, résultat de leur inventivité. Par petits groupes et à travers onze scénettes, ils ont plongé la salle dans une bulle du passé pendant près de 2 heures, éclairant sur les origines du journalisme avec une présentation d’une dizaine de titres de presse distribués à la période de l’Ancien Régime. Les étudiants avaient pour ambition d’expliquer le fonctionnement de la presse de l’époque, décrire son contenu, ses publics, ses réseaux mais aussi les modalités de diffusion au fil de dialogues émaillés de savoureuses anecdotes. Ainsi, ils ont fait parler fondateurs et journalistes de ces journaux, périodiques et autres revues, mêlant pédagogie et humour avec une écriture moderne de textes aussi habiles que documentés.

Des étudiants dans la peau de jeunes lecteurs du XVIIIe siècle. Photo Magcentre

Une presse féministe au XVIIIe

Si la presse fait son apparition à l’aube du XVIIe, c’est bien au siècle suivant qu’elle connaît une croissance et une diversification notables dans le quotidien d’une caste de privilégiés possédant les ressources et les connaissances pour la lire. La société d’alors ne la désigne pas encore comme telle certes, mais elle possède déjà cette notion de périodicité. Son développement est accéléré par la demande croissante d’un public friand de nouvelles politiques tandis que le pouvoir tente vainement d’en contrôler la diffusion et le contenu.

Émergent alors une vague de gazettes et de journaux éclectiques dont certains se révèlent parfois surprenants. C’est le cas du périodique parisien La Spectatrice, journal anonyme censé être rédigé par une femme célibataire. Avec ses textes incisifs souvent provocants, il représente sans doute les prémices du féminisme, en tout cas dans la presse. Dévoré en cachette par les lectrices à l’insu de leur mari, La Spectatrice se différenciait d’autres titres réservés aux femmes, au contenu plus docile. Comme Le Journal des Dames qui, lui, se consacrait à l’annonce d’événements culturels et aux sorties littéraires, accompagnées de conseils du quotidien dédiés à la gent féminine. 

Dans leurs recherches, les étudiants ont souhaité mettre en lumière une presse parfois de niche mais aussi plus lointaine. Notamment avec La Gazette de la Guadeloupe imprimée pour les colons, entre désir de nouvelles politiques locales ou européennes, et “Maronages” (liste et description des esclaves marrons recherchés et arrêtés).

Même le jeune lectorat avait droit à ses canards, notamment Le Portefeuille des enfants, dans lequel étaient rédigées des colonnes éducatives composées d’illustrations légendées par des textes relatifs à des thématiques pédagogiques. Animaux, plantes, fruits, géographie, histoire… les jeunes lecteurs (aisés) étaient encouragés à découper et colorier les pages de leur journal.

Au cours de cette soirée dans le temps, les étudiants ont emporté le public dans leur mise en scène à la découverte d’une presse souvent méconnue. Ce petit aperçu du paysage médiatique de l’époque de l’Ancien Régime avait pour but « d’éveiller votre curiosité, explique Mme Brétéché, responsable de ce projet pédagogique, à vous de faire vos propres recherches suite à cette conférence pour creuser le sujet ». Oui Madame. Nul doute que le public présent ce soir-là fera ses devoirs. Et avec plaisir !

Pages du journal Le Portefeuille des enfants. Source : Bibliothèque Diderot de Lyon

Plus d’infos autrement sur Magcentre : Histoire de la presse locale orléanaise : une conférence de Pierre Allorant

Commentaires

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  1. Bonjour
    Où et comment cette conférence a t elle été annoncée.
    Je lis pourtant la presse locale,je suis passée au travers.
    Quel dommage !
    Et je mis Magc3ntre tous les matins…

  2. étonnante modernité d’un régime improprement qualifié d’ “ancien” …

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