Manque de reconnaissance au sein de l’INSA CVL, précarisation du corps enseignant, absence de prise en compte de l’urgence environnementale, la quasi-totalité des 150 élèves ingénieurs a voté une grève avec blocus de l’école d’ingénieurs le 21 mars dernier.
Par Jean-Luc Vezon
Que se passe-t-il donc à l’École de la Nature et du Paysage de Blois ? Ce fleuron de l’enseignement public, département de l’INSA CVL, connaît une crise sans précédent. L’an passé déjà, l’école d’ingénieurs paysagistes, l’une des cinq en France, avait connu des soubresauts après les accusations de harcèlement sexuel et de pression contre son ancien directeur.
Il règne comme un petit air de mai 68 dans le hall de l’école où se réunissent chaque jour les assemblées générales des 150 étudiants. « Nous avons voté à la quasi-unanimité la grève mardi dernier par 111 voix contre une. Nous avons en effet appris par nos représentants au conseil de département que des postes d’enseignants, très qualifiés mais en CDD, ne seraient pas reconduits. C’est très préjudiciable car cela peut remettre en cause la reconnaissance de notre diplôme d’Etat de concepteur.ice paysagiste par le Hcéres (1) », explique Colin Fayard, élève ingénieur de 24 ans (5e année) et porte-parole du mouvement.
Très compétents et appréciés, ces enseignants (dont un en maîtrise d’œuvre, une discipline technique essentielle) seraient donc mis sur la touche. « Ils seraient remplacés par des vacataires. Cette précarisation est inacceptable et met en danger la maquette pédagogique de l’école, pourtant reconnue pour sa qualité d’enseignement au niveau national et international », poursuit Nathan Rosse, autre étudiant de 5e année. Comme leurs collègues, Colin et Nathan sont également vent debout contre la très faible reconnaissance de leur département au sein de l’INSA CVL.
« Les ingénieurs de l’INSA CVL, école soutenue par de grandes entreprises écocides, sont valorisés. Alors que nous paysagistes, qui travaillons sur les biens communs, nous sommes en quantité négligeable », estiment les deux étudiants qui pointent aussi la faible ambition de l’INSA CVL par rapport aux enjeux climatiques.
C’est le cas, semble-t-il dans le projet de cantine poulain, futur tiers-lieu dédié à l’innovation lancé sous l’impulsion de la CCI 41 et d’Agglopolys avec le soutien de l’INSA CVL. La transition énergétique et le changement de modèle doivent à leurs yeux être au cœur même du projet.
Un souci de représentation
Fonctionnant sur un mode participatif et démocratique, les étudiants ont mis en place des groupes de travail « pour comprendre et avancer des propositions à la direction ».
« Nous exigeons dans les statuts de l’INSA CVL une juste représentation de notre formation au sein des instances consultatives et décisionnaires, indispensable à un dialogue serein et équitable entre les différents départements de l’école », insiste par exemple Colin.
Pour le moment, la direction semble faire la sourde oreille. Rencontré une première fois la semaine passé, le directeur de l’INSA CVL, Yann Chamaillard, est ainsi resté muet renvoyant le débat à une réunion prochaine du conseil des études.
Le mouvement s’inscrit aussi dans le mouvement social contre la réforme des retraites et la contestation des méga-bassines. Plusieurs dizaines d’élèves de l’École de la Nature et du Paysage étaient ainsi dans les cortèges blésois exprimant avec force leur inquiétude sur « le 49.3 et le déni de démocratie ».
Tandis que la fin de la grève et de l’occupation sont prévues en fin de semaine avec le départ en stage, les étudiants entendent clairement ne pas lâcher l’affaire et faire valoir leurs droits.
(1) Le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur.
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