Ce pourrait être l’histoire d’un quidam qui construit sa maison, à Salbris, sur un terrain municipal ou celle d’une petite entreprise de divertissements circassiens qui n’a pu, un temps sans activité, honorer ses factures d’électricité basées sur les années précédentes. Ce pouvait être l’histoire des effets collatéraux de la Covid. C’est pourtant une autre histoire…
Fabrice Simoes
Anthony Rech est atteint d’amyotrophie musculaire. Il a 35 ans maintenant et se déplace au moyen d’un fauteuil adapté à son handicap. Il doit être assisté en permanence. Ils et elles sont cinq qui se succèdent, 24 h / 24, tout au long de la semaine, pour l’aider aux affaires courantes de la vie. Deux heures par jour il doit être « branché » à son appareil d’assistance respiratoire. Précision, à l’électrique, il fonctionne l’appareil. Pour faire court, la maladie d’Anthony entre dans le champ des myopathies.
Sauf qu’Anthony n’a jamais voulu rester à contempler le ciel bleu ou les étoiles, et encore moins que l’on puisse venir lui glisser à l’oreille le fameux « pas de bras, pas de chocolat ». A l’entrée de la commune de Salbris, Anthony, dans son fauteuil on vous dit, a créé sa petite entreprise : un parc d’attractions basé sur l’univers circassien. C’est que, chez les Rech, le cirque ce n’est pas une simple tradition, c’est génétique. Ça coule dans les veines de tous les membres de la famille. D’ailleurs de sa maison, Anthony peut apercevoir le haut du chapiteau du cirque de son père, installé pas très loin. Tout allait bien jusqu’au coup d’arrêt Covid. C’est ce qu’il a tenu à expliquer lors d’une conférence de presse, ce lundi, initiée par deux anciens maires de la commune de Salbris, Jean-Pierre Albertini (1999-2014) et Olivier Pavy (2014-2020). Le premier a connu la genèse du projet en 2011. Le second a suivi pendant la durée de son mandat. C’est avec le Covid que ça se gâte, on vous dit.
Délibération sur un bail jamais entériné
« Depuis juillet 2011, j’occupe les parcelles non bâties cadastrées AR21, 84 p, 85, 86, 87, 88, 89 et 163 p, sur la commune de Salbris représentant un territoire d’environ 23 500 m2. Cette occupation m’a été autorisée par le maire de Salbris de l’époque, M. Jean-Pierre Albertini, dans le cadre d’une autorisation précaire », a écrit Anthony Rech dans une note envoyée à la presse locale. Une autorisation assortie d’un engagement de réaliser l’entretien du terrain. Le parc de loisirs, accompagné d’une école de cirque, est devenu opérationnel en 2012 dans le cadre d’un projet d’économie sociale et solidaire porté par l’association « Circusworld ». Un « Festival International du cirque » a même été organisé. En 2014, une équipe renouvelée est arrivée à la Marie. Le nouveau maire, Olivier Pavy, a souhaité vérifier la solvabilité du projet « Circusworld » avant de proposer, et signer, un premier bail en 2016… Dans la foulée, le maire a délivré un permis de construire pour une maison de « gardien » du parc de loisirs. Le tout-à-l’égout a été raccordé et Anthony a emménagé fin 2018. Jusque-là, ça joue !
Nouveau bail présenté en 2019, signé par Anthony début 2020, commencement de
sur-facturation EDF, Covid, pas de signature municipale du bail malgré une validation en conseil municipal, accumulation des problèmes. Causes multiples, événements négatifs qui s’enchaînent les uns après les autres, souci unique !
Si pour le paiement des factures EDF, un « jugement », en mai prochain, devrait éclaircir la situation quant au niveau de la dette, le problème du bail reste entier, de la reprise d’activité et de l’habitat aussi. C’est cela que les deux anciens premiers magistrats de la commune ont souhaité cibler cette semaine. Pour les services municipaux, comme l’a expliqué Marc Sandras, directeur général des services de la Ville, à nos confrères de la Nouvelle République, « la situation est juridiquement illégale ». Voilà pour le coté administratif. Pour le maire Alexandre Avril, toujours sous la plume de notre confrère Oriane Cuenoud, c’est un autre aspect qui serait préoccupant. « Au début de ce mandat [en 2020], nous avons découvert une situation préoccupante, avec une personne handicapée qui vit sur un terrain communal et qui est mise en danger par une installation électrique dangereuse ». Une installation réalisée en bonne et due forme par EDF… Deux assistantes sociales, après visite de la maison, n’ont rien trouvé d’anormal quant au logement.
On passera donc rapidement sur les allégations des uns, et sur celles des autres, sur la volonté d’Anthony de reprendre son activité – « c’est mon moteur de vie » – sur le climat suspicieux envers les élus de maintenant, d’avant et d’encore plus avant. C’est pas si simple. Pour l’heure Anthony est pris dans une tourmente qu’il aurait bien aimé éviter. Parce que, en attendant le dénouement de l’affaire, l’électricité pourrait être coupée à partir du 1er avril.
Plusieurs coupures temporaires de compteur électrique, voilà quelques semaines, avaient déjà créé des moments de panique. Pour l’une d’entre elles, selon l’enregistrement de la conversation téléphonique avec le fournisseur d’énergie, c’était « à la demande de la mairie ». Une affirmation totalement infondée selon Alexandre Avril qui explique avoir même fourni un groupe électrogène pour palier à ces arrêts. Comme on l’a déjà dit, c’est pas si simple.
Toujours est-il que la coupure d’électricité pour alimenter le respirateur est une épée de Damoclès. On a connu des poissons d’avril autrement plus marrants…
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