Suite à la grande mobilisation du 23 mars dernier, l’intersyndicale repartait pour une dixième journée de manifestations dans les villes de la région. A Tours, Orléans, Blois ou encore Châteauroux, la population a répondu à l’appel pancartes levées contre la réforme des retraites.
Par l’ensemble des correspondants en région
Ça continue, encore et encore… Ce n’est plus le début d’accord, d’accord mais on est bien loin d’un tarissement de la mobilisation. On dirait même que les manifestants ont pris leurs petites habitudes. Le mouvement s’enracine toujours un peu plus et beaucoup se sont pris au jeu des réunions de contestation. Un rendez-vous hebdomadaire où les grévistes se retrouvent pour commenter l’actualité de la semaine et les nouveaux rebondissements qui rythment la vie politique du pays et cette réforme des retraites toujours aussi impopulaire. Après le 49,3 et l’interview du président la semaine passée, c’est l’attitude du gouvernement dont il était parfois question dans les bavardages matinaux. L’exécutif cherche toujours à jouer la carte de l’apaisement après la première tentative manquée du président de la République à la télévision. Pour cela, il parle de
« dialogue » et de « plan d’action ». La Première ministre a même promis qu’elle n’aura plus recours, à l’avenir, au 49,3 « en-dehors des textes financiers ». Dans les cortèges, cette communication fait sourire et les adeptes du langage fleuri en cette arrivée du printemps confirment que « ça leur en touche une sans faire bouger l’autre ». Comprendre à travers cette image que seul l’ablation de la réforme des retraites ne pourrait les calmer.
Autant en emporte les mots
Cinquante-cinq ans plus tard, « Il est interdit d’interdire » est toujours identifié à mai 68. N’en déplaise à Monsieur Darmanin, l’immense majorité des Français défend la justice et la liberté avec des mots. Quelles perles nous offre cette manif des retraites ?
Quand un auteur de pancarte croise Elisabeth Borne, forcément, son imagination n’a plus de limites « Leur mépris est sans limite, notre détermination est sans borne », disait la semaine dernière la meilleure pancarte de la manif de Châteauroux. On était déjà monté d’un cran par rapport à février où la première ministre avait encore un prénom
« 64 ans, Elisabeth tu dépasses les Borne(s) ».
Désormais on a une évolution des chiffres, pas ceux qui résument la taille des cortèges
(4.000 hier encore à Châteauroux) mais ceux que retiennent les manifestants. On est passé du 64 (ans) au 49,3 et l’on commence à voir apparaitre le 68 « Macron, si tu nous mets 64, on te mai 68 ».
Le président est devenu le centre de gravité de toutes les colères. Elles inspirent les scientifiques : « L’eau bout à 100°, le peuple à 49,3 ». Tout comme les littéraires :
« Qui sème le 49,3 récolte la colère ». « Rien n’est bon dans le Macron », résume un croquis détaillant les différentes parties de l’animal.
Les slogans sont teintés d’ironie fataliste. « Faut pas pousser mémé à travailler » ou encore « La retraite, c’est bien quand on est vivant », mais un dernier résume cette colère qui se heurte à une fin de non recevoir à tous les arguments. « Et puis merde à la fin ».
« Sous les pavés, la plage », disaient encore les slogans de mai 68. L’été est encore loin et à défaut de consensus, c’est la réforme qui va continuer à faire des vagues.
Par Pierre Belsoeur
Plus d’infos autrement sur Magcentre : Grève du 23 mars : quand Macron revigore la mobilisation…