Un très beau concert intitulé « les couleurs de l’âme » a envoûté les spectateurs venus accueillir Les Folies Françoises ce dimanche 26 mars, avec Patrick Cohën-Akénine, violon, Hélène Le Corre soprano et Frédéric Desenclos, orgue, interprètes talentueux de Bach et Haendel
Par Anne-Cécile Chapuis
Hélène Kaffès présente le concert du 26 mars 2023 à Saint-Péravy-la-Colombe. Photo AC Chapuis
Hélène Kaffès, présidente de l’association « les amis des orgues de Saint-Péravy-la-Colombe » sait recevoir. Elle accueille les personnes, leur souhaite la bienvenue et les guide vers les meilleures places dans la jolie église beauceronne. Elle nomme les nombreuses personnalités ayant fait le déplacement pour un concert annoncé prestigieux, comme plusieurs maires des communes avoisinantes, présidents de sociétés, directeurs d’écoles de musique… puis elle s’éclipse pour laisser place à la musique.
Et quelle musique !
L’ouverture est confiée à Dietrich Buxtehude (1637-1707), le maître de Lübeck que Bach admirait, lequel fit, à pied dit-on, le voyage depuis Amstadt pour le rencontrer. Anecdote avérée ou vraie-fausse légende, la reconnaissance n’en était pas moins réelle, et la Toccata en Ré interprétée par Frédéric Desenclos, montre toutes les subtilités du compositeur : grande palette de sonorités, jeu de pédalier virtuose, registration complexe sont remarquablement mises en valeur par l’organiste sur le bel instrument de Saint Péravy.
Frédéric Desenclos à l’orgue. Photo Gérard Thoreau
Un concert qui porte bien son nom
Puis c’est le moment du trio voix, violon, orgue avec deux cantates de Bach. Le dialogue s’installe entre les trois musiciens, et l’on ressent d’emblée que le concert porte bien son nom. Il est bien question de « libération de l’âme face aux tourments de la vie ». Le public retient son souffle. La pureté de la voix d’Hélène Le Corre, les sonorités jubilatoires du violon de Patrick Cohën-Akénine, la subtilité de l’orgue de Frédéric Desenclos offrent un instant de magie comme seule la musique, la vraie, la belle, sait procurer.
Puis c’est à Haendel qu’est confiée la suite du programme. Une sonate en sol mineur pour violon et orgue, en style italien, fait la part belle au violon qui prend toute sa place dans l’acoustique précise de l’église. Le jeu de Patrick Cohën-Akénine est inégalable, virtuose et empli d’émotion.
Patrick Cohën-Akénine, violon et Hélène le Corre, soprano. Photo Gérard Thoreau
La cantate qui suit parle de « doux silence source de sérénité », et la suivante évoque la splendeur du printemps. Deux grands moments l’un doux, rond, expressif et l’autre plus festif, avec un troisième mouvement où les voix de la soprano et violon s’enchevêtrent dans un rythme sautillant tout en croches donné par la basse continue.
« On revient toujours à Bach. A Haendel aussi ! »
Ensuite, retour à Bach. « On revient toujours à Bach », nous dit Patrick Cohën-Akénine dans un clin d’œil lors de ses présentations toujours chaleureuses et documentées qui créent le lien avec le public. La sonate en sol Majeur captive l’auditoire, et la cantate finale annonce « avec nos voix douces la majesté de Dieu est entendue ». Tout est dit, dans le contraste et la ferveur, la plénitude induite par le mouvement ternaire et l’émotion juste et sereine véhiculée par les trois interprètes en pleine harmonie entre eux et avec le lieu.
Le bis sera un retour à Haendel avec un air plus galant évoquant une « rose flamboyante dans un jardin étincelant ». Comme un bouquet final d’un concert de haut niveau et cependant accessible à tous, simplement par la beauté de la musique et la justesse de l’interprétation.
Rappelons que ce concert est redonné au Temple d’Orléans mercredi 5 avril dans le cadre du Festival Bach. A ne pas manquer…
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