En juillet 2022, pour la première fois, une femme est devenue maire de la sous-préfecture du Cher. Militante et investie en politique, Corinne Ollivier a pris les commandes d’une ville, sa ville, marquée par sa couleur politique. A l’inverse de son homologue de Haute-Savoie, si elle sourit, ce n’est pas « à ces gens qui l’écrasent », bien au contraire.
Par Fabrice Simoes
La déco n’a pas changé. La table de réunion, le bureau, les sculptures, tout ça, l’ordonnancement du cabinet du premier magistrat, de la première magistrate plutôt, de Vierzon n’a pas varié d’un iota depuis juillet 2022. Au cœur de l’été, de masculine, la fonction est devenue féminine.
Pour Corinne Ollivier, la néo-maire vierzonnaise, ce n’était pas prévu. Pourtant, première femme à la tête de la deuxième ville du département du Cher, ça pète sur un CV. Rien dans le plan de carrière n’indiquait cependant cette prise de fonction. Madame Soleil, Monsieur Lune, toutes les pythies de Delphes ou d’ailleurs, marc de café ou entrailles de volailles, ni rien, ni personne aurait pu prédire l’arrivée de la cheminote à la tête de la ville. Même pas elle…
Corinne Ollivier ne sera pas la Bonne Dame de Vierzon. Faire l’aumône de piécettes sur le parvis de l’église Notre-Dame, ouvrir les portes du château et offrir une miche de pain et un bol de soupe aux manants, ça va pas le faire. L’ex-voto de remerciement vissé sur un mur de la mairie, c’est pas son truc.
Engagée politiquement et syndicalement depuis de nombreuses années, la sexagénaire vierzonnaise, issue du monde du travail, n’avait pas vocation à devenir maire. « A l’heure de la retraite, j’envisageais les choses autrement, plus tranquille, plus sereine, assure-t-elle. Je ne suis sur les listes des candidats aux municipales que depuis 2014. En fin de liste d’ailleurs. En début de mandat je n’étais même pas élue. C’est en 2016 seulement que je suis entrée au Conseil, suite à des démissions. Devenir maire n’était donc pas vraiment quelque chose d’envisageable alors. C’est Nicolas Sansu qui m’a appelé pour savoir si j’acceptais de le remplacer à la mairie, s’il était élu député. C’était d’abord son choix. J’ai un peu hésité… La marche était haute mais le challenge intéressant », ajoute Corinne Ollivier.
Une tâche prise à bras-le-corps malgré quelques balbutiements inhérents à la méconnaissance initiale de la charge. Depuis l’été dernier, elle a apporté sa touche personnelle. « Je suis arrivée avec ma personnalité. Ici, tout le monde sait que je suis issue du monde du travail, avec un passé de syndicaliste engagée. Le regard des agents de la collectivité est obligatoirement différent de celui sur mon prédécesseur. Comme pour l’action politique, l’approche n’est pas la même entre un homme et une femme. Nous avons les idées de fond identiques et la différence est surtout dans les mises en œuvre. Personnellement, je n’aime pas être dans le conflit. Je suis calme, vue de l’extérieur.
Les femmes ont tendance à présenter moins d’agressivité, dans leur façon d’être, que les hommes. »
Engagements, peaux de banane et féminisme
Corinne Ollivier aime raconter que l’ancien maire avait, pour coller au mieux avec le thème de la Biennale du Frac 2022 – intitulé Infinie liberté, un monde pour une démocratie féministe -, proposé une femme pour le remplacer à la mairie. Un choix volontariste et loin d’être anodin. « Je ne me revendique pas du féminisme en tant que telle mais le thème de la biennale m’a plutôt ravie… D’autant que les artistes, les œuvres présentées, étaient passionnantes. Je suis une femme au quotidien, du quotidien avec des valeurs que je continuerai à défendre de toute façon ». L’égalité salariale, la reconnaissance du sport féminin, ce sont des combats qu’elle entend mener. Entre deux sourires, son « nous avons encore un peu de boulot de ce côté-là » est explicite.
Plus qu’un homme, l’élue berrichonne sait qu’elle est attendue au tournant. « Les femmes, en général, sont moins agressives dans leur façon d’être et certains ont tendance à vouloir profiter de ce qu’ils pensent être de la faiblesse… En arrivant à la mairie, on m’a testée ! Ça s’est calmé depuis mais peaux de banane et croche-pieds arrivent peut-être un peu plus vite quand c’est envers une femme… »
Ces petits soucis d’installation passés, Madame LA maire n’en oublie pas, outre ses dossiers municipaux, ses engagements. A chacune des manifestations contre la loi de réforme des retraites, elle se joint au cortège. « Je module mon emploi du temps pour, toujours, être disponible à ce moment-là ». Maire d’accord, militante d’abord…
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