Après trois représentations qui ont tourné à plein régime, Tosca est une réussite de plus pour la Fabrique Opéra. Les tourments amoureux et politiques, servis par des chanteurs hors pair et l’Orchestre l’Inattendu dirigé par Clément Joubert, ont fait vibrer le public venu nombreux.
Par Bernard Cassat
Tosca, acte II : chez le Baron Scarpia, chef de la police. Photo Fabrique Opéra
Tosca, écrit à la toute fin du XIXe siècle, est l’un des derniers opéras romantiques. Mais il exploite toutes les caractéristiques du genre et les pousse très loin. C’est vraiment un opéra où ça donne ! L’orchestre, déjà, avec des moments de violence terrible, comme les premières mesures, ce coup de tonnerre qui lance toute l’action. Mais il y a aussi de grands moments de douceur, ne serait-ce que les principaux thèmes. Et Clément Joubert a fait ondoyer l’Inattendu à merveille sur cet océan romantique. Avec des aspects très modernes, comme la volée de cloches qui se répondent, au début du troisième acte.
Des solistes à la hauteur de la difficulté
Ça donne aussi pour les solistes. Réputés difficiles, ces rôles étaient magnifiquement tenus dans la version proposée par la Fabrique Opéra. La soprane Cécilia Arbel en Tosca, avec une voix claire, posée, virtuose, présente du début à la fin de l’opéra, a traduit son déchirement amoureux avec force. François Almuzara en Mario Cavaradossi, ténor à la voix chaude et enrobée, lui donnait la réplique. Et Jean-Luc Ballestra, baryton au timbre clair exprimait la franchise des politiques autoritaires, et remplissait son rôle ingrat de chef de la police prédateur, violent, quasi-violeur. Sa voix tranchait net et sa présence sur scène organisait tout le spectacle. Les solistes plus secondaires brillaient aussi. A noter le sacristain, rôle tenu par Virgile Frannais, seul Orléanais du groupe de solistes, qui apportait une touche amusante dans le drame intense qui se déroulait sur scène.
Tosca (Cécilia Arbel) et Cavaradossi (François Almuzara), la même avec Scarpia (Jean-Luc Ballestra). Photo la Fabrique Opéra.
Tosca, ça donne aussi dans la violence. Cette histoire très politique qui se passe vers 1800, au moment de la naissance de l’Italie moderne, est pleine de bruit et de fureur. Les prisonniers politiques sont torturés, assassinés. Et les trois protagonistes du drame meurent sur scène.
Trois Zénith pleins
L’entreprise de la Fabrique Opéra a fonctionné à merveille. Les mille intervenants dans les structures éducatives sollicitées ont bien travaillé, et le plateau final, où tous ceux de l’agglo étaient sur scène, était plus qu’impressionnant. Et correspondait, finalement, au lieu dans lequel tous ces artistes se sont produits. On est loin, bien sûr, des salles d’opéra classiques. Mais la Fabrique Opéra s’est parfaitement adaptée au Zénith. Et le public qu’elle attire (près de 15 000 personnes en trois représentations, les familles des participants, des scolaires) correspond bien à ce type de salles. Jean-Pierre Sueur remerciait cette entreprise artistique dans sa dernière lettre hebdomadaire, et posait la question : « Et si le lyrique reprenait sa place au Théâtre d’Orléans ? » Mais désacraliser l’opéra tout en le respectant, comme le fait la Fabrique Opéra, est un travail de titan. Qu’il se passe dans un lieu plus populaire qu’un théâtre n’est sans doute pas pour rien dans sa réussite.
Les saluts finaux. Photo la Fabrique Opéra
Pour en savoir plus : Voir aussi l’interview de Clément Joubert