Le Compagnie chapelloise « des Elles et des Ils », présentait dimanche, « Kiki van Beethoven », celle d’une femme plus très jeune qui découvre le compositeur allemand, entourée par une dizaine de personnages, de la famille ou d’amis(es). C’est plein d’humour, mais aussi très triste, parce que la vie est ainsi faite.
Par Bernard Thinat
Les premières notes de la cinquième résonnent en l’espace Béraire, Christine vient de découvrir le masque (ou le buste) du génial allemand, et la voilà invitant au salon de thé ses amies de la maison de retraite afin de leur faire aimer cette belle musique dont elle vient de tomber amoureuse. En pure perte. Alors en compagnie de son amie Ralph qui n’est autre qu’un autoradio, elle va s’asseoir sur un banc dans le square voisin. Là, elle rencontre Boubacar, septique au début. Au final, Boubacar et ses copains interpréteront des danses hip hop sur les symphonies ou sonates, la pathétique ou l’héroïque. L’histoire est belle. Cela rappelle « les Indes Galantes » de Rameau chorégraphiées sur des danses de rue à l’Opéra Bastille.
Mais tout ne sera pas rose. Il y aura le déplacement des quatre amies à Auschwitz où Rachel découvre le passé de sa famille dans un voyage initiatique, puis Georges le fils de Christine qui s’est suicidé laissant une lettre à sa mère (l’émotion est palpable dans le public), la randonnée vers Compostelle, le frère de Christine, plein aux as, champion de la bêtise humaine dont un autre génie allemand n’a pas fixé de limites.
De gauche à droite ; Beethoven, Valérie Archenault, Marie-Laure Montizon et Ralph (l’autoradio) – Photo B.T.
Le texte est d’Eric-Emmanuel Schmitt, écrit en 2010 et mis en scène à l’époque par Christophe Lidon, Directeur du CADO. Monologue pour une actrice, successions de différents tableaux, tantôt joyeux, tantôt dramatiques, c’était pour la Compagnie chapelloise, la quatorzième représentation depuis sa création en octobre 2021.
Le personnage de Christine n’a pas toujours le beau rôle, elle est parfois cynique notamment avec sa belle-fille qu’elle accuse de lui avoir enlevé son fils. Mais l’interprétation qu’en donne sur le plateau, Marie-Laure Montizon, seule en scène, est remarquable car elle parvient à donner une consistance très forte à son personnage, sachant rendre les différentes réactions de Christine avec une parfaite cohérence.
Le petit mot de Valérie Archenault, metteuse en scène et en espace pour Kiki :« Il nous fallait trouver une mise en scène très simple, très sobre, jouer la carte de l’esthétique, avec très peu de couleurs, des objets symboliques. »
Quant à l’explication du titre, je ne dévoilerai rien, c’est au final qu’on le comprend. Allez le voir. Mais pour l’instant, il n’y a pas de date. Alors si une commune veut inviter la Compagnie…
La « Compagnie des Elles et des Ils » a été créé en 2017 par Christophe Duros qui en est le Président. Après avoir joué dans diverses compagnies, il voulait créer la sienne afin de jouer un peu plus, avec peu de comédiens sur scène, se faire plaisir et faire plaisir au public.
Une dizaine de comédiens composent la Compagnie basée à la Chapelle Saint Mesmin, laquelle présente actuellement, outre « Kiki van Beethoven », « la Perruche », une histoire de couple où la femme n’est pas caricaturée comme dans les comédies de boulevard. La Compagnie prévoit une quinzaine de représentations déjà planifiées, de pièces jouées les années dernières, telles « Mariage et châtiment », ou peut-être « Toqué avant d’entrer ».
La Compagnie s’est fixée comme projet de monter soit des textes plutôt contemporains, soit des textes plus comiques, mais jouer autre chose que du vaudeville, pas forcément élitiste, mais se donner un cachet, un label différent des troupes amateurs habituelles.