Les pro et anti cada ont fait match nul samedi, au terme de deux rassemblements sans incident. Mais le maire et son conseil se sont sentis épaulés face à l’extrême droite. Ils ont même reçu le soutien du curé de la paroisse.
Par Pierre Belsoeur
Les anti Cada sur la place de l’église. Photo PB
Un premier barrage de gendarmerie filtrant à Saint-Gaultier. Une « gare de triage » à l’entrée de Bélâbre pour faire emprunter une déviation aux automobilistes qui ne venaient pas pour manifester. Une dernière sélection dans le bourg « Pour ? Tout droit. Contre ? A gauche ». Enfin des forces de gendarmerie bien visibles entre partisans et opposants au CADA. Le colonel Laurent Texier, commandant du groupement de gendarmerie de l’Indre avait pris toutes les précautions pour que la deuxième manifestation relative au projet de CADA se passe sans heurts. Il était d’ailleurs au centre du dispositif et effectivement tout s’est bien passé, sous une pluie propice à rafraîchir les idées.
Reconquête 41 affiche la couleur. Photo PB
Entre les opposants rassemblés place de l’église et les pro Cada qui barraient la rue Victor Hugo conduisant vers la mairie, les slogans se sont échangés à distance. Les jeunes militants du parti d’extrême droite Reconquête venus du Loir-et-Cher, s’en sont tenus à quelques gesticulations.
Des positions tranchées, mais pas d’affrontement
Seule Ludivine, porte-parole locale des anti CADA est allée au contact de l’autre camp, après avoir parlé à tous les micros tendus, mais l’échange n’a jamais dépassé une certaine courtoisie.
La sono installée sur les marches du monument aux morts a rapidement manqué d’électricité et les orateurs des anti CADA se sont repliés vers le parvis de l’église Saint-Blaise.(1)
Les applaudissements des pro-Cada face à la mairie. Photo PB
Ce face-à-face n’aura évidemment pas fait changer d’avis les « contre » inquiets de l’avenir et des perturbations supposées qu’apporteraient une trentaine d’étrangers dans la commune, et les « pour » qui mettent en avant la tradition d’accueil du Berry et la fraternité qui figure dans la devise de la France. Sans oublier que l’apport de sang neuf dans une commune qui s’endort peut avoir des effets bénéfiques insoupçonnés.
La poignée de main de la solidarité entre Jean Petitprêtre, ancien maire (PS) du Poinçonnet et Laurent Laroche, maire de Bélâbre. Photo PB
Ces derniers étaient présents pour apporter leur soutien à Laurent Laroche, maire de Bélâbre, soumis à des tentatives d’intimidations après avoir voté avec son conseil la délibération autorisant la vente du local où pourra être installé le CADA.
Le maire rasséréné
Au terme du rassemblement ses partisans sont venus l’applaudir devant la mairie où il avait une réunion de travail avec une partie de son conseil.
Un soutien particulièrement bienvenu, reconnaît le maire. « Ces derniers temps, j’ai eu un petit problème de santé et j’avoue que cette affaire m’a travaillé. Cette manifestation de soutien renforce ma détermination. C’est un projet du cœur et de la main tendue que je mène avec une équipe municipale formidable. Il n’est pas question de politique au sein du conseil. Nous essayons d’œuvrer pour le bien de la commune. Ce projet peut être une chance pour notre école, c’est un projet encadré avec des travailleurs sociaux. Nous souhaitons accueillir des familles. »
Une réunion se tiendra prochainement avec les responsables associatifs, les commerçants, les paysans, les artisans et les professions libérales.
(1) Dans un courrier électronique transmis au terme de la manifestation, le père Guinnepain, curé de la paroisse, s’est élevé contre l’utilisation du monument par l’extrême droite et a assuré le maire de son soutien.
Un projet qui date de 2021
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C’est fin 2021 que Viltaïs entreprise de l’économie sociale et solidaire dont le siège social est à Moulins, a pris contact avec la mairie de Bélâbre pour savoir si la commune disposait de foncier bâti disponible.
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Fin février 2022, le conseil autorise les représentants de Viltaïs à visiter l’ancienne chemiserie qui employait 120 couturières travaillant pour les grandes marques, dans les années 60.
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Septembre 2022, la préfète de région lance un appel à projet pour 60 places de CADA dans l’Indre. Viltaïs se positionne avec 22 places à Argenton et 38 à Bélâbre.
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Un bureau d’études intervient sur le réaménagement de l’ancienne chemiserie. Le projet est présenté fin novembre début décembre 2022.
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Le projet définitif est présenté au conseil de Bélâbre le 30 janvier 2023.
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Le 9 février, le conseil vote par 13 voix contre 2 la délibération par laquelle il accepte de vendre l’ancien atelier pour la somme de 40.000€.
Le conseil a décidé de conduire ce projet sans réunion publique d’information, mais en la tenant informée dans le journal communal. Par ailleurs chaque délibération était annoncée dans l’ordre du jour des séances du conseil, séances rappelons-le, publiques.
Plus d’infos autrement sur Magcentre : Bélâbre : du fantasme au mensonge