Regard sur la ménopause

Concernant la femme, un sujet semble toujours tabou : la ménopause. La médecine occidentale et son discours sexiste se sont appropriés ce phénomène strictement féminin. Comment cette confiscation médicale, pour transformer quasiment en maladie un processus physiologique universel et somme toute banal dans la vie d’une femme, a-t-elle aujourd’hui évoluée ? 

Par Jean-Paul Briand

« La crise de la ménopause coupe en deux avec brutalité la vie féminine ; c’est cette discontinuité qui donne à la femme l’illusion d’une « nouvelle vie »

Simone de Beauvoir – Le Deuxième Sexe

Photo Pixabay d’illustration

Une expérience diversifiée

La ménopause, marquée par la fin des règles, fait partie de la vie génitale de toute femme, au même titre que la puberté avec les ménarches. Son vécu et ses symptômes varient. Pour la majorité des femmes, la ménopause constitue un non-évènement voire une satisfaction avec l’arrêt des menstruations et de la corvée contraceptive. Pour une minorité elle est la marque éprouvante et mal vécue de la fin de la fécondité, de son capital santé et esthétique. Ces divers ressentis ont fait dire à Daniel Delanoë*, psychiatre et anthropologue, qu’ils sont « des indicateurs du statut de sujet, réservé aux femmes, en tant que personnes assignées à la fonction reproductrice ou de personnes aptes à exister socialement, en dehors de la procréation ».

*« Sexe, croyances et ménopause » Edition Hachette Littératures (janvier 2007) 

L’ancien discours scientifique dominant 

Pendant longtemps la ménopause, cette obsolescence programmée de la fertilité des femmes identifiée par l’arrêt des règles et parfois avec tout un cortège de symptômes invalidants, était considérée comme un déclin de la féminité. A l’époque médiévale, les femmes étaient ménopausées avant 40 ans et à cet « âge canonique », sans doute moins sujettes aux tentations, elles étaient autorisées à entrer au service d’un ecclésiastique…

Jusqu’à la fin des années 90, les pontes de la gynécologie, essentiellement des hommes, expliquaient que dans les pays avancés, l’espérance de vie avait progressé plus vite que la nature. Ce retard devait être compensé. Le discours scientifique dominant répétait que la ménopause était un trouble de l’organisme, que la prise d’hormones pouvait ralentir ce déclin féminin et permettre ainsi de continuer à être jeune et désirable. Il y avait bien sûr de réelles justifications sanitaires mais aussi la pression mercantile de l’industrie pharmaceutique. Néanmoins, l’idée sous-jacente était qu’à partir de sa ménopause la femme change de statut, devient vieille et n’est plus vraiment femme.

La démédicalisation de la ménopause

Au début des années 2000, deux études, l’une en 2002, l’autre en 2003, mettent en avant des effets délétères des traitements hormonaux de la ménopause (THM) sur les risques de cancer du sein, d’accident coronarien, d’accident vasculaire cérébral et d’accident thromboembolique veineux. Bien que ces travaux, très médiatisés, aient été faits sur une population féminine américaine et avec des traitements habituellement non utilisés en France, les THM ont été majoritairement rejetés et la médicalisation de la ménopause arrêtée. Pendant ces vingt dernières années, beaucoup de femmes françaises sont alors laissées seules face aux difficultés et aux retentissements parfois particulièrement pénibles de leur ménopause.

Aujourd’hui le discours manichéen sur le THM a changé. Comme pour tout traitement, le THM n’est pas anodin. Il n’y a pas à ce jour d’alternative efficace, aussi il s’agit de savoir comment bien prescrire un THM et à qui le prescrire, en évaluant le bénéfice pour le bien-être de la femme et les risques pour sa santé. En général, il n’est pas indiqué chez les femmes asymptomatiques.

Qu’appelle-t-on ménopause ?

La ménopause est un processus physiologique, qui se produit chez toute femme, généralement entre 45 et 55 ans. Elle est définie comme l’arrêt permanent des menstruations et marque la fin des capacités de reproduction.

Avant que la ménopause soit établie, il existe un laps de temps que l’OMS définit comme étant « la période pendant laquelle apparaissent les signes cliniques et/ou biologiques annonçant la ménopause et au moins l’année qui suit l’arrêt des règles ». Cette période se traduit par des cycles irréguliers et peu ou prou par des symptômes désagréables perturbant la qualité de vie. Une grossesse reste possible jusqu’à la ménopause installée.

La symptomatologie est d’une grande variabilité interindividuelle : très pénible pour certaines femmes, légère voire inexistante pour d’autres. Il est signalé des bouffées de chaleur, une sécheresse vaginale rendant les rapports difficiles, des troubles urinaires pénibles (fuite, brûlure), une prise de poids, quelques fois des changements de l’humeur, des troubles de la libido, de la mémoire et du sommeil.

Une femme est dite ménopausée lorsqu’il s’est écoulé au moins une année depuis les dernières règles.

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