L’Éducation Nationale a tranché dans le vif une nouvelle fois. Face à une baisse naturelle des effectifs en région Centre-Val de Loire, elle sort la règle de trois pour appliquer le résultat au nombre de professeur-e-s des écoles à envoyer sur le terrain. La déflation prévue sera d’environ 80 maîtres et maîtresses…
Par Fabrice Simoes
« Toujours la même dégaine avec son pull en laine, on sait qu’il est instit. Il pleure la fermeture à la rentrée future de ses deux dernières classes. Il paraît qu’le motif, c’est le manque d’effectif mais on sait bien c’qui s’passe. On est les oubliés, la campagne, les paumés, les trop loin de Paris, le cadet d’leurs soucis ». Depuis les annonces de cartes scolaires en région Centre-Val de Loire, les paroles des « Oubliés » de Gauvain Sers résonnent encore plus fort en ce printemps.
Logique comptable
Pour tous les départements, la liste des classes et des écoles qui ferment est nettement plus longue que celle des ouvertures et des créations. Logique comptable plutôt que qualité d’enseignement peut-être, toujours est-il que si, mathématiquement, le nombre d’enfants scolarisés est certes en baisse, celui des enseignants sur le terrain l’est proportionnellement plus encore. Et ce ne sont pas les ajustements de la prochaine rentrée qui inverseront radicalement la tendance. Surtout, on constate, dans la plupart des départements, que les petites structures sont celles qui sont les plus impactées.
Dans le département du Cher, ce sont 6 postes de professeurs des écoles qui sont « rendus » à l’Académie, et « seulement » 16 classes fermées. Pour l’Indre, on estime la déflation à 7, alors que le dans le Loir-et-Cher 22 classes vont fermer. En Indre-et-Loire, 40 fermetures et 19 ouvertures de classes sont annoncées. C’est beaucoup mieux que la première mouture qui plaçait la barre des suppressions à 67 unités ! Dans le Loiret, entre ouvertures et fermetures, on comptabilise 12 postes temps plein en moins pour
24 classes, en plus, supprimées. L’Eure-et-Loir n’est pas épargné avec 55 classes fermées en septembre pour 15 qui ouvriraient. Au total l’académie Orléans-Tours prévoit environ 80 postes en moins sur les six départements de la région…
Des mobilisations efficaces, d’autres pas…
Parfois la mobilisation a permis de faire quelques modifications, comme à Issoudun où la deuxième réunion technique a permis d’annuler la fermeture d’une classe à Saint-Exupéry. A l’inverse, la totalité de l’école Buffon de Châteauroux, soit douze classes, passe à la trappe, accompagnée d’un poste ZIL (titulaire-remplaçant) puisque, on le sait, le manque d’instituteurs-trices remplaçant-e-s n’est pas criant.
A chaque école correspond, aussi, une situation particulière. Ainsi à Salbris, dans le Loir-et-Cher, une classe de l’école Yves-Gauthier était annoncée, en janvier, parmi les fermetures. Au regard des problèmes survenus quelques jours seulement avant cette annonce – on parle tout de même d’un climat social plus que perturbé, d’élèves profondément marqués et de mise en place d’une « cellule de crise » – les parents d’élèves espéraient une certaine écoute des instances de l’Education nationale.
Las, associée au manque d’entrain municipal local à défendre son école, la lecture de l’édition départementale de la Nouvelle République, où la fermeture était confirmée, a suscité une incompréhension plus que perceptible. Depuis, la pose de banderoles sur les grilles aura été le premier geste de mécontentement. Il devrait être suivi par d’autres actions… comme dans beaucoup de communes de la région, et ailleurs.
Pas certain que les Solognots puissent avoir le même soutien que l’école de Chéniers, dans la Creuse. Là, si les élus ont menacé de démissionner, les Bodin’s, la Maria et le Christian, ont appuyé la démarche et réalisé une vidéo pour soutenir l’école creusoise.
« Quand dans les plus hautes sphères couloirs du ministère les élèves sont des chiffres y’a des gens sur l’terrain, de la craie plein les mains, qu’on prend pour des sous-fifres… » Sacré Gauvain !
Plus d’infos autrement sur Magcentre : Le logement social dans le dur