Les trois dimensions de l’obésité

Le 4 mars est la Journée mondiale contre l’obésité. Le professeur Jean Trémolières, fondateur de l’école nutritionnelle française, déplorait que « la société moderne crée des obèses mais ne les supporte pas ». Près d’un demi-siècle après son décès, rien n’a changé. En France, 45 % des personnes sont en surcharge pondérale et socialement discriminées.

Par Jean-Paul Briand

Cliché d’Illustration – Pexels

Une maladie chronique reconnue

Même si la mesure de l’IMC (ou indice de Quetelet) constitue toujours un critère pour diagnostiquer une obésité, l’objectif de sa prise en charge n’est plus uniquement centré sur la perte de poids. Ainsi comme le recommande la Haute autorité de santé (HAS), ce doit être un accompagnement individualisé et construit avec la personne, tenant compte de ses conditions et contexte de vie et des processus de stigmatisation qu’elle endure. L’obésité est désormais médicalement reconnue comme étant une maladie chronique dont le traitement doit être triple : médical, psychologique et social. Les représentations mentales véhiculées dans notre société n’ont pas encore intégré ces trois dimensions. Une journée comme celle du 4 mars doit permettre un changement du regard collectif porté sur les personnes souffrant de surpoids.

La stigmatisation des gros 

L’obésité n’est plus ce signe d’opulence des anciennes classes dirigeantes et bénéficiant d’un préjugé favorable. L’apparence du corps est devenue centrale dans notre société. La minceur, voire la maigreur, se sont imposées comme norme et canon esthétique. Le corps obèse est de nos jours souvent considéré comme la marque d’un laisser-aller physique et psychique. Ce rejet discriminatoire influe négativement sur le destin sanitaire, psychologique et social des personnes en surpoids. Etre obèse est éprouvant. A la pénibilité d’un corps lourd rendant difficile tous les gestes du quotidien, s’ajoute insidieusement un « racisme anti-gros » particulièrement dommageable. La dictature de la minceur discrédite les grosses personnes, aggrave leur mal-être, leurs troubles alimentaires et mine leur estime de soi. Ces souffrances s’accompagnent souvent d’un fort sentiment de culpabilité. S’estimant responsables, voire coupables, certains obèses en viennent à accepter de subir des comportements vexatoires. Cette culpabilité délétère a longtemps été renforcée par la communauté médicale (elle persiste parfois encore), qui considérait l’obésité comme une maladie de la volonté de personnalités incapables de se discipliner vis-à-vis de leur alimentation ou de leur activité physique. L’aspect physique des personnes jugées trop grosses est encore un repoussoir marginalisant.

Un indicateur de pauvreté

L’étude française Obépi-Roche observe que la prévalence de l’excès de poids est de 51,1 % chez les ouvriers et de 35 % chez les cadres. Les moins diplômés sont les plus touchés par l’obésité. Dans les foyers ayant les plus bas revenus, les femmes sont les plus atteintes par le surpoids. Le dernier dossier de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) sur l’état de santé de la population en France confirme ces observations. On peut y lire : « La part de personnes obèses diminue lorsque le niveau de diplôme ou le niveau de vie augmente. Les prévalences d’obésité sont plus élevées dans la partie nord de la France où elles dépassent 20 % dans certains départements, ainsi que dans les DOM, sauf à La Réunion ». Le poids est un marqueur social des inégalités en santé corrélées au gradient du niveau de vie.

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Commentaires

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  1. Dommage qu’il n’y ait aucun accompagnement possible au CHRO lorsque vous souhaiteriez être aidé pour contrôler votre poids, même en cas d’obésité reconnue

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