Des opposants à la création d’un centre d’accueil pour demandeurs d’asile sur la commune de Bélâbre ont manifesté ce samedi 25 février 2023. Une levée de boucliers motivée par la crainte de ne plus être chez soi.
Par Pierre Belsoeur
« On est chez nous » scandait la foule, slogan bien connu des supporteurs de rugby pour encourager leur première ligne à ne pas concéder un pouce de terrain à l’adversaire. 130 personnes selon les observateurs les plus attentifs occupaient, non pas les tribunes du stade, mais la place de l’église, le samedi 25 février. On est dans le sud de l’Indre, à Bélâbre, ex chef lieu du plus petit canton de l’Indre avant qu’il n’intègre celui de Saint-Gaultier lors du remodelage de 2015.
130 personnes rassemblées un samedi frisquet de février pour faire barrage de leur corps à la vague d’immigration qui s’annonce. Ne souriez pas, la manif a même fait l’objet d’une citation sur France Inter « La première radio de France » porte-parole de l’information sérieuse.
Ne cherchez pas le grand ensemble où s’entassent les migrants venus du monde entier, l’école où se côtoient une vingtaine de nationalités. On est à Bélâbre 980 habitants, un petit bourg au milieu d’une campagne vallonnée. Dans les années 60, le canton comptait 5 000 habitants, il n’en restait plus que 2 900 en 2015 ! Alors quoi, cette histoire de Centre d’Accueil de Demandeurs d’Asile (CADA) dont on ne veut pas « chez nous ». Une décision venue d’en haut, un peu comme on l’avait ressenti voici quelques années à Buzançais ? Même pas. C’est la délibération du conseil municipal de racheter une friche industrielle, un ancien atelier de couture pour 40.000€ qui a mis le feu aux poudres.
38 personnes vont venir bouleverser la vie de la commune ! Le projet consiste à confier le bâtiment à l’association VILTAIS, qui le réaménagera pour accueillir 38 demandeurs d’asile. A Buzançais, le projet préfectoral avait provoqué plusieurs mois de protestations avec des militants FN soufflant sur les braises. Le centre a ouvert en 2016 sans provoquer au cours de ses six années de fonctionnement d’incident particulier.
Néanmoins le RN (le nom a changé, pas la finalité) a repris son bâton d’agitateur pour diffuser le poison d’extrême droite à Bélâbre, sa présidente départementale, conseillère régionale de surcroît, était à la tête de la manif.
Les gesticulations n’y feront, espérons-le, rien. Conseillons tout de même aux Bélâbrais en colère (et à ceux qui ont renforcé leurs rangs, venant de tout le département et même de Paris) de conserver leur slogan. La seule fois où le CADA de Buzançais a fait la Une de l’actu, c’était pour raconter comment les jeunes étrangers avaient sauvé un club de foot voisin qui n’avait plus assez de joueurs pour former une équipe. Ce serait amusant si, dans quelques années, Bélâbre se retrouvait en finale de la coupe de l’Indre, renforcé par les footballeurs du CADA et que leurs supporteurs les encouragent, dans les tribunes de Gaston Petit, avec de vigoureux « On est chez nous ».
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