A Montargis, le port Saint-Roch est en pleine mutation. Commencés il y a plusieurs mois, les travaux d’aménagement sont en train de vraiment prendre forme. Il s’agit de faire de ce lieu, déjà voué au tourisme, une véritable Marina avec, dans un premier temps, une trentaine d’anneaux afin de stationner les bateaux de plaisance.
Par Izabel Tognarelli
Derrière la façade de l’ancien hôpital de Montargis, au-delà d’immeubles et d’un parking de construction récente, se niche un lieu tout à fait charmant. A la belle saison, péniches et petits yachts y sont amarrés. Cyclistes et joggeurs le connaissent bien car, en toutes saisons, ils empruntent le chemin de halage dont le tracé coïncide avec celui de la Scandibérique, l’EuroVélo route n°3. On traverse ainsi l’Agglo depuis Cepoy jusqu’à Conflans, en passant par le port Renée de France, au nord de Montargis, à côté du commissariat ; puis le port Saint-Roch, au sud, en direction de l’avenue d’Antibes. Ce port Saint-Roch est en train de se muer en ambitieux projet touristique, baptisé La Marina.
La mise en valeur de l’élément eau
Porté par l’Agglomération montargoise, ce projet de Marina court depuis huit ou neuf ans. Le projet étant d’intérêt communautaire, il a été repris par l’Agglomération dont la compétence portuaire s’étend du nord au sud, autrement dit de Cepoy à Conflans-sur-Loing, en venant de Paris. La première phase de ce chantier consistait à creuser le bassin qui va élargir le canal et permettre d’accueillir une trentaine d’anneaux afin de stationner les bateaux.
Une consultation de concession de service public va être lancée en partenariat avec VNF qui reste propriétaire du domaine public fluvial. Elle portera sur l’intégralité des infrastructures : port Saint-Roch, port Renée de France, halte fluviale de Cepoy et escale technique d’Amilly. Ce qui devrait augmenter le nombre d’anneaux. Laurent Rougeron nous l’explique : « On va dans un premier temps doubler le nombre d’anneaux, avec la perspective d’étendre encore les infrastructures pour offrir le maximum de services à la fois aux plaisanciers (de passage), mais aussi aux résidents, puisqu’il y a aussi quelques bateaux habités. ».
En effet, certains bateaux s’installent de façon pérenne, avec à la clef un loyer à l’année. L’objectif est de développer par ailleurs des services liés à la navigation : réparation de bateaux, mise en hivernage, cale sèche, etc. « Actuellement, sur les bords de Seine, il y a saturation », ajoute Laurent Rougeron, « et les tarifs sont sans commune mesure avec ce que nous allons proposer. Nous avons aussi probablement une carte à jouer de ce côté-là. » Car avec la gare, le réseau routier, l’Eurovélo route n°3 ainsi que le petit aérodrome de Vimory, Montargis se trouve à une confluence.
Un projet dans l’air du temps
Jean-Paul Billault ajoute : « L’Agglomération s’est positionnée pour faire l’acquisition de la maison éclusière de Cepoy, à l’entrée de l’Agglo, ce qui nous permettra de promouvoir l’ensemble du territoire ; pas forcément comme une annexe de l’office de tourisme, mais quand vous arrivez, que ce soit en bateau, à vélo ou en voiture, vous aurez tout ce que l’on peut trouver sur ce territoire ». Fin mars, la darse sera mise en eau grâce au canal sans autre délai, car la navigation reprend au début du mois d’avril. Le port, dans sa nouvelle version, ne sera opérationnel que pour la prochaine saison touristique car, sur le port Saint-Roch, il reste à construire la capitainerie ainsi qu’un espace de restauration.
Mixer tourisme fluvial et tourisme lié à l’EuroVélo route, proposer des infrastructures qui peuvent être utilisées par tous, voilà qui est tout à fait dans l’air du temps afin de se mettre dans les pas du « tourisme fluvestre » défendu par le Conseil départemental. Le rayonnement de cette marina étant largement supérieur à celui de l’Agglomération (il est estimé à une bonne cinquantaine de kilomètres), ce projet bénéficie de l’aide significative du Département à hauteur de 50 % et de la Région (30 %), pour une enveloppe globale de 10 millions d’euros, budget initial qui ne sera pas dépassé, parole de Président !
Le chemin le plus court pour rejoindre la Seine à la Loire est le canal du Loing. Pour être précis, le canal de Briare devient canal du Loing à hauteur du hameau de Buges, situé à Châlette-sur-Loing, là où débouche le canal d’Orléans à la « jonction des trois canaux ». Cette convergence fait de cette région montargoise une place stratégique, ce qu’avait pressenti Hiram Hutchinson, homme d’affaires américain, lorsqu’au milieu du XIXe siècle, il a fondé sa célèbre entreprise dont le site initial est à Châlette. Les péniches de transport ont à présent cédé la place à la navigation de plaisance. Les touristes viennent de partout, essentiellement de Grande-Bretagne et de Hollande, mais aussi d’Australie, de Nouvelle-Zélande, de Suède. Ils peuvent naviguer jusqu’à la Côte d’Azur, en passant par les canaux. Quant aux Américains, ils sont amateurs de croisières sur les péniches hôtels. Elles sont quatre, actuellement, à attendre la remise en eau du canal afin de reprendre leurs rotations.
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