Au 1er avril prochain, la loi « Anti-gaspi » interdira aux commerçants d’imprimer systématiquement les tickets de caisse papier. En échange, une version dématérialisée sera proposée. Quel changement dans notre quotidien ? Où en sont grandes enseignes et petits commerçants ? Focus sur Orléans.
Par Estelle Boutheloup
30 milliards de tickets de caisse et de facturettes de cartes bancaires sont générés chaque année en France, soit environ 150 000 tonnes de papier pour une durée de vie moyenne de quelques secondes. Un chiffre d’autant plus vertigineux qu’il est source de gaspillage et de pollution (substances toxiques). Ainsi la loi « Anti-gaspi pour une économie circulaire » a dit « stop ! » interdisant dès le 1er avril prochain l’impression systématique des tickets de caisse. « Voulez-vous votre ticket ? » Depuis quelques années déjà, Marie-Noëlle Lecointre, glacier à Orléans, a pris le pli. « C’est un réflexe maintenant pour moi. En revanche pour les autres commerçants de la ville, ce n’est pas une préoccupation immédiate. Le sujet n’est même pas évoqué », constate par ailleurs la vice-présidente des Vitrines d’Orléans.
Ticket obligatoire pour plus de 30 € d’achats
Pourtant les habitudes vont bien devoir changer tant chez les commerçants que chez les consommateurs tantôt prêts, tantôt frileux. « Moi la première je n’en veux plus d’un point de vue écologique et économique. Le papier thermique c’est hyper cher et un ticket pour un cornet de glace, personne n’en veut. » Pour autant tout achat doit obligatoirement être justifié par un ticket, à la fois pour le commerçant et pour le client. Mais la loi « Anti-gaspi » interdit depuis 2022 l’impression systématique d’un ticket de caisse pour les achats désormais inférieurs à 30 euros (10 euros en 2020, 20 euros en 2021).
Toutefois, si le client lui demande, le commerçant doit pouvoir lui fournir. « Mais la tendance est à la baisse, poursuit Marie-Noëlle Lecointre. Les clients veulent de moins en moins de tickets. Je pourrais faire un envoi par mail. Mais ça m’oblige à ouvrir un fichier client et c’est encore du temps et de la logistique. L’envoi du ticket de caisse sur le téléphone ou par mail, c’est bien pour les grandes enseignes qui ont un certain volume de clients. »
Papier versus datas
Comme les géants de la grande distribution (Carrefour, Leclerc, Promod…) ou le leader français des articles de sport et de loisirs qui assure que 43% de ses transactions passées en caisse ont été concernées par l’e-ticket en 2022. « Décathlon a commencé à proposer la dématérialisation en 2018 sur la France. Aujourd’hui, ils sont totalement dématérialisés sur l’ensemble des magasins », explique l’enseigne. Comment ? « Le e-ticket est envoyé par mail, mais nous visons un envoi par SMS pour les prises de commande sur mobile en magasins courant 2023. Le client décide pour l’heure s’il souhaite recevoir son ticket dématérialisé en validant son choix sur l’écran en caisse. S’il est déjà identifié, nous lui demandons de valider son adresse avant envoi ou de la saisir directement sur l’écran. L’e-ticket est envoyé post paiement. »
Ainsi la marque compte réduire son empreinte carbone, le recours au papier, le nombre d’imprimantes en magasin, générer un e-ticket global sans pièce jointe annexe en intégrant tous les éléments sur le même support, et les stocker dans une limite de deux mois pour les renvoyer si incident technique et demande de renvoi de la part du client. Au bout desquels, les e-tickets sont purgés pour éviter de conserver les datas. « Car si d’un côté on limite le papier, de l’autre n’augmente-t-on pas le stockage de millions de données ? »
Tickets par QR Code
Les données… la question évidemment qui se pose. « Un mail, c’est 19 grammes de CO2 générés selon la taille de la pièce jointe et 9,5 grammes pour un mail stocké pendant un an. Nos tickets, eux, génèrent seulement 0,3 gramme de CO2 la première année et disparaissent ensuite automatiquement sauf s’ils sont notifiés important », souligne Neil Azouz, expert en transition digitale et co-fondateur de Noticia. « Aujourd’hui, la collecte de données est une pratique qui dérange le consommateur. L’enseigne pense collecte de données sans y mettre les formes : le mailing peut collecter de la data et générer l’envoi de mails et des messages sur SMS. »
Aussi, avec son équipe, il a développé une solution pour récupérer le ticket de caisse dématérialisé sans ralentir le flux en caisse ni fournir de données personnelles (téléphone, mail…), et qui résout le problème du ticket de caisse par mail. Le tout en un seul geste. « Affiché au niveau de la caisse sur un plexiglass, le client scanne le QR Code et récupère le e-ticket sur son smartphone via son navigateur Internet. Pas d’application à télécharger ni d’expérience de friction. » Et pour cela, le commerçant déboursera zéro euro, ni même un abonnement ! Juste, pourquoi pas, une petite publicité ou un lien de redirection vers le commerce ou un lien de collecte d’avis clients en bas du e-ticket.
Cette fin du ticket de caisse imprimé systématiquement est aussi valable pour les bons d’achats et de réductions, tickets émis par des bornes automatiques et les cartes bancaires qui génèrent chaque année 12,5 milliards de facturettes en France.
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