Première pour « Nobel et Bertha » aux Fabricoles de Meung-sur-Loire, et grande réussite qui a enchanté le public venu nombreux durant trois jours avec un programme mêlant danse, théâtre, cirque et opéra.
Par Bernard Thinat
Cette nouvelle création du Krizo Théâtre était particulièrement attendue, faisant découvrir au public, un personnage peu connu, en la personne d’une comtesse, prénommée Bertha, secrétaire un temps d’Alfred Nobel, militante pour la paix, et décédée peu avant la 1ère guerre mondiale. Sans doute projet à priori semé d’embûches ! Comment aborder un thème aussi grave que celui de la paix dans un monde aujourd’hui frappé par une guerre dévastatrice en Europe, dans une démarche théâtrale où le masque et le rire sont les ingrédients du Krizo ? On peut aussi poser l’éternelle question : peut-on rire de tout ?
Photo Clodelle45
Un vieux fauteuil juché sur roulettes au centre, qu’on retournera pour en faire une tribune, celle de Bertha face au monde afin d’évoquer les horreurs de la guerre. Derrière, une sorte de façade avec rideau et une fenêtre de chaque côté, décor conçu par Fedor Bellan. D’une part, Christophe Thébault, auteur, metteur en scène et acteur, d’autre part, Aimée Leballeur, actrice et chanteuse par ci, par là, forment un couple exceptionnel à la scène, tous deux interprétant plusieurs rôles, changeant de masque et de costume au gré des personnages.
La réussite va au-delà des espérances ! Dans un rythme effréné, ici les portes ne claquent pas, elles sont absentes, les mots s’enchaînent, dans un texte farci de références historiques, littéraires, artistiques, dont je laisse aux futurs spectateurs la primeur. Il y a çà et là, du de Funès, on frise avec le vaudeville, le public rit, mais le sujet reste grave.
Photo B.T;
Aimée Leballeur a cette faculté de changer son timbre de voix en fonction des personnages interprétés, de Bertha jeune, à Bertha âgée s’aidant d’une canne, de la douceur dans l’intonation à celle qui ne s’en laisse pas compter, n’hésitant pas à s’imposer par la voix face à la gente masculine quelle qu’elle soit, parfois esquissant une démarche dansante au sortir de scène, passant à un pas assuré aussitôt après.
Quant à Christophe Thébault, il passe allègrement de Nobel à Arthur, le soupirant de Bertha, avec une facilité déconcertante. Sa mise en scène et sa direction d’acteurs sont un modèle du genre. Spectacle à la fois jouissif, mais aussi permettant au public d’en savoir un peu plus sur Alfred Nobel, inventeur de la dynamite (il en use sur le plateau) au travers de Bertha Von Suttner, première femme à obtenir le Prix Nobel de la Paix en 1905, et surtout véritable hymne à la paix en ces temps troublés dont l’humanité à grand besoin aujourd’hui, de paix et de théâtre !
Graphisme réalisé par des étudiants du lycée Camille Claudel de Blois – Photo B.T.
Prochaines représentations de Nobel et Bertha par le Krizo Théâtre
le 06 mars 2023 à Neuville aux Bois
le 09 mars 2023 journée de la femme – théâtre puits manu de Beaugency
le 25 mars Festival à Saint Lyé la Forêt
le 05 mai à la MAM d’Orléans
le 08 septembre festival Bouton d’Art d’Orléans
le 14 mars 2024 à Saint Jean le Blanc