En 2015, les Compagnons du Devoir ont quitté leur lieu de formation de Cepoy. Depuis, le château était vide. L’association Gâtinais en transition est en train d’y installer un tiers-lieu.
Par Izabel Tognarelli
Dans la grande famille des tiers-lieux, Magcentre vous présente celui de Cepoy. Un tiers-lieu, mais quèsaco ? Ce à quoi Jean-Luc Burgunder, l’un des cofondateurs nous répond : « Ce tiers-lieu s’inscrit dans la continuité de Gâtinais en transition ». Nous voilà bien avancés… Tournons-nous vers la CRESS (Chambre Régionale de l’Economie Sociale et Solidaire), qui nous dit : « Les tiers-lieux désignent des espaces dans lesquels s’incarne la volonté d’une communauté de citoyens d’aller vers un monde meilleur ». Voilà qui nous parle davantage et renvoie effectivement à la racine de Gâtinais en transition.
L’histoire de cette association a commencé à une époque où Jean-Luc Burgunder et deux ou trois autres bénévoles de l’association ont visité près d’un millier de foyers du Gâtinais. Cela leur a permis de toucher du doigt la détresse sociale dans beaucoup de foyers : « On a pu constater le malaise ambiant chez nombre de personnes, particulièrement les 30-40 ans, dont de nombreuses femmes », nous explique Jean-Luc Burgunder. Puis il a rendu sa carte au parti écologiste et s’est pleinement lancé dans Gâtinais en transition.
Un lieu partagé qui fourmille d’activités
En place depuis 8 ans, le Repair café de Montargis est une émanation de cet engagement initial. Le Fab’Lab, animé par William Simon, existe quant à lui depuis 2017 ; son objectif est de « rendre la connaissance, la pratique et la fabrication numérique accessibles à tous ». Pour mettre en place et animer ces ateliers, deux bénévoles de Gâtinais en transition ont suivi les formations très intenses d’Alter’Incub Centre-Val de Loire : « On n’y perdait pas notre temps ; j’ai appris des tas de choses », se souvient Jean-Luc Burgunder.
Le tiers-lieu de Cepoy n’a pas encore de nom et c’est une bien curieuse bête que ses fondateurs présentent comme un lieu hybride « où vont se croiser des personnes qui, en temps ordinaire, ne se croiseraient pas ». Côté activité, cela va du coworking (ou « cotravail », entendez par là un espace de travail partagé loué à l’heure ou à la journée) à l’hôtel d’entreprises ou encore à l’hébergement de formations. Les cofondateurs ont l’intention d’obtenir la certification Qualiopi, afin que le tiers-lieu devienne lui-même un centre de formation.
Créa Lab attend de pouvoir investir les lieux. Ce sera une émanation culturelle chapeautée par un scénographe et plasticien. On y travaillera essentiellement le métal au travers d’ateliers d’initiation et de formation, avec bien sûr des expositions.
Sous le signe de l’entraide et de la solidarité
Parmi les activités et services déjà en place, signalons qu’une conseillère numérique France Service, habilitée « Aidants connect » vient en aide aux personnes qui souffrent d’illectronisme. Citons également des cours de yoga et un cabinet de shiatsu. Parmi ceux à venir, citons un atelier pour apprendre à fabriquer son pain, un point de distribution AMAAP ainsi qu’un atelier de couture, équipé d’une dizaine de machines de récupération, révisées et fonctionnelles, notamment une brodeuse numérique, atelier qui n’attend qu’à être animé. Quant au bistrot associatif, il est ouvert en permanence à ceux qui participent aux ateliers et, une fois par mois, aux personnes extérieures.
Cet animal hybride forme donc un tout, recouvrant les différents aspects de la vie, culture, loisirs, travail, formation, inclusion des personnes en difficulté, sous le signe de l’entraide et de la solidarité. « Toute initiative qui tient un tant soit peu la route peut être accueillie dans ce tiers-lieu », précise Jean-Luc Burgunder. Il reste à trouver un nom à ce lieu ; le site Internet suivra. Pour l’heure, on peut trouver quelques informations sur celui de Gâtinais en transition : gatinaisentransition.fr et, en attendant d’avoir un coordinateur ou une coordinatrice de tiers-lieu, on peut leur écrire via l’adresse suivante contact@gatinaisentransition.fr
Un château ouvert au médico-éducatif
Depuis deux ans, chaque semaine, un petit groupe de jeunes adultes handicapés de l’IME de Nevoy quitte les terres giennoises pour venir jusqu’au château de Cepoy. Accompagnés de Wondwossen Kassa, leur encadrant technique, ils trouvent en ce tiers-lieu une sorte d’atelier protégé. L’association Gâtinais en transition met à leur disposition un lieu, des outils et de l’équipement. Ils ont pour tâche de reconditionner des ordinateurs (de moins de dix ans) que l’association a collectés, principalement auprès d’entreprises situées dans un rayon d’une bonne cinquantaine de kilomètres. Le travail se fait sans objectif de production. Progressivement, à leur rythme, ils s’habituent au milieu du travail. Les ordinateurs sont démontés, nettoyés, remis en état et proposés ensuite à des personnes qui en ont besoin (étudiants, familles, etc.) ou bien mis à la vente. Avec leur encadrant, ils apprennent à mémoriser les gestes techniques nécessaires à cette activité, notamment par le biais du dessin. Actuellement, l’IME de Nevoy réfléchit à éventuellement agrandir le groupe ou bien à greffer d’autres projets.
Plus d’infos autrement sur Magcentre : [Dossier] Tiers-lieux: l’alternative économique citoyenne
Article produit avec le soutien du Fonds pour le Développement de la Vie Associative