Projet des Pommereaux, le préfet de Loir-et-Cher dit non !

François Pesneau, préfet de Loir-et-Cher a finalement pris un arrêté rejetant le projet de complexe touristique géant aux Pommereaux à la Ferté-Saint-Cyr. Une décision étayée par de nombreux arguments dont plusieurs liés au non-respect des prescriptions environnementales.

Par Jean-Luc Vezon

120.000 m3, c’est la consommation en eau annoncée du golf des Pommereaux. Crédit photo Jean-Luc Vezon.


Fin du suspense. L’épilogue est désormais connu. Bernard Saunier, promoteur du projet des Pommereaux via sa société SANEO, a vu son projet, très controversé, retoqué par le représentant de l’Etat malgré les contre-propositions émises à l’issue de la procédure contradictoire précédant la prise de l’arrêté du 16 février.

« Cette décision, je l’assume en mon âme et conscience. Je l’ai prise sans aucune pression d’aucune sorte. La balance entre les considérations de développement et l’environnement penche en défaveur du respect de la biodiversité », a révélé François Pesneau lors d’un point-presse spécifique sur le sujet le 16 février.

Inventaire des zones humides, absence d’éléments financiers sur la capacité de compenser les terrains forestiers par le promoteur, erreur de procédure (1), le préfet n’a pas manqué d’arguments tangibles pour rejeter ce projet dont l’impact est de 90 ha de défrichement . Sans compter, la proximité d’un projet similaire aux Bordes, porté par l’investisseur britannique RoundShield Partners, ou les menaces réelles sur la trame verte et bleue.

Dans les faits, il relève : primo, l’incompatibilité du PLUI Grand Chambord sur la partie Pommereaux (décision du tribunal administratif d’Orléans) tandis que le PLU de La Ferté-Saint-Cyr de 2007 le rend incompatible. Secundo, l’absence d’informations précises sur la consommation en eau des 500 villas et hôtels qui est estimée à 140.000 m3. Tertio,
le non-respect des prescriptions sur les zones humides puisque le promoteur ne démontre pas si la zone est considérée comme « fonctionnelle » ou non ce qui a un impact sur la compensation.

Quarto, et c’est sans doute l’un des arguments principaux, la destruction des habitats d’espèces protégées. Huit sont recensées : Moineau domestique, Pie-grièche écorcheur, Bondrée apivore, Hirondelle rustique, Hirondelle de fenêtre, Effraie de clocher, Pipistrelle  commune et Oreillard gris. « Le code de l’environnement évoque une raison impérative d’intérêt public majeur pour justifier une dérogation au titre des espèces protégées. Ce n’est pas le cas », a insisté le préfet.

Quinto, le préfet estime que « le projet s’écarte de l’esprit du législateur et notamment de la loi Climat et Résilience  du 24 août 2021 qui prévoit une consommation limitée d’espaces et zéro artificialisation nette à l’horizon 2025 ». Les 500 villas auraient en effet une emprise de 50 ha et généreraient la destruction de 43 ha alors même que le SCOT du Pays des Châteaux ne prévoit qu’une artificialisation de 300 ha en dix ans.

Un projet qui n’est plus dans l’air du temps

Le promoteur, qui a présenté un certain nombre de contre-propositions (baisse du nombre de villas notamment sur la zone de Saint-Laurent-Nouan faisant passer le nombre de logements à 400 et limitation de la consommation d’eau à 80.000 m3) devrait sans doute contester la décision préfectorale auprès du tribunal administratif.

Au-delà, il apparaît nettement que ce projet n’est plus « dans l’air du temps » comme l’a concédé à demi mot le préfet. Crise climatique oblige, le législateur et la population ne sont plus prêts à laisser passer de tels projets même s’ils sont porteurs d’emplois (2).

(1) Au moment du dépôt du dossier, la SANEO n’était pas propriétaire des terrains comme le demande le code de l’environnement.
(2) Estimés à 200 pour le Pommereaux.

Plus d’infos autrement : Pommereaux : projet hors temps ou rayonnement international ?

Commentaires

Toutes les réactions sous forme de commentaires sont soumises à validation de la rédaction de Magcentre avant leur publication sur le site. Conformément à l'article 10 du décret du 29 octobre 2009, les internautes peuvent signaler tout contenu illicite à l'adresse redaction@magcentre.fr qui s'engage à mettre en oeuvre les moyens nécessaires à la suppression des dits contenus.

  1. Saluons une décision sage, en espérant que le nouveau préfet du Loir et Cher ne soit pas limogé comme sa consœur, au cours d’un conseil des ministres où les “influenceurs” ont réussi à virer “la probité et l’intégrité” au profit des potes de “l’art-comptant-pour-rien”
    Espérons, espérons !

  2. Sage décision du Préfet du Loir et Cher !!!
    Espérons que Monsieur Darmanin n’ait pas d’amis dans ce dossier sinon comme dans le 37, ce sera le départ précipité du Préfet et l’acceptation de ce projet foireux depuis le début. C’est juste une escroquerie organisée, et il ne restera qu’un terrain de manœuvre très rapidement, une fois les fonds encaissés par les « soit-disants » investisseurs véreux dont certains sont connus et interdit de séjour en France sous peine d’arrestation immédiate !!! Merci Monsieur le Préfet du Loir et Cher.

  3. Papyd et Pinson ont dit l’essentiel.
    Cette décision ne peut effectivement pas, ne pas nous faire songer au destin de Marie L, la collègue même de ce représentant local de l’état, qui a eu beaucoup moins de chance, pour un arbitrage de même nature, sur un projet devant cette fois, faire décoller la science, avec tout autant de points posant question, dans son département adjacent.

    Une question qui se pose, le Loir & Cher ne disposerait-il pas de membres suffisamment éminents, introduits et entendus des plus hautes sphères de notre nation, pour faire fi de ces arbitrages locaux qui feraient obstacles, non pas à la science, cette fois, mais à l’avènement d’un tourisme plus massif, gage de prospérité d’un département en mal d’attraction ?

    Nos amis asiatiques, africain, américains et de toute l’Europe, n’attendaient effectivement qu’un tel complexe, pour se convaincre de venir découvrir les châteaux des bord de Loire et l’écrin de nature qui les enveloppe.

    De toute cette histoire tourangelle à laquelle nous ramène cette décision, il existe du positif, n’en soyons pas avare. Une vocation s’est faite jour, cette d’un député, Daniel L qui a entrevu son potentiel artistique de comédien, transplanté au siècle des lumières. La mise hors ligne d’une magnifique vidéo promotionnelle a privé les chasseurs de nouveaux talents, de pouvoir visionner ce joyau et donc de lui offrir, une possible nouvelle carrière, haute en couleurs.

    Bon, plus sérieusement, comment va t-on faire pour virer cet empêcheur de tourner en rond, qui a mis à l’arrêt, la bétonneuse, déjà dans les starting-block ?

Les commentaires pour cet article sont clos.

Centre-Val de Loire
  • Aujourd'hui
    18°C
  • lundi
    • matin 17°C
    • après midi 11°C
Copyright © MagCentre 2012-2024