Berry : quand les patients apportent leur expertise aux futurs médecins

Depuis 2019, l’université de médecine de Tours a intégré des patients aux groupes d’échanges et d’analyse de la pratique professionnelle destinés à ses étudiants internes en médecine.  Exemple dans le Berry avec Véronique et Frédéric.

Par Alexandra Adam

Dans le cadre de ces groupes, Véronique et Frédéric, habitants de Saint Amand Montrond transmettent aux futurs médecins, l’expertise qu’ils ont acquise de leur maladie chronique. Ce travail avec les patients permet aux futurs praticiens d’interroger leur pratique médicale et leur approche du système de santé .

Dévoilé par le Gouvernement en 2018, le plan Ma Santé 2022 a en effet mis en lumière que « dans le système de santé tel qu’il existe aujourd’hui, il est difficile pour les patients de devenir acteurs à part entière de leur parcours de soins. Difficile à la fois d’avoir accès à l’information car elle est dispersée, méconnue, peu lisible et non personnalisée, mais aussi car les patients sont encore très peu consultés sur l’évaluation de leurs soins, alors qu’elle constitue un vrai levier d’amélioration de la pratique des professionnels de santé. »

A l’université de Tours, les groupes d’échanges et d’analyse de la pratique professionnelle, au nombre de quatre par semestre, sont composés de six étudiants et d’un médecin sénior. « Nous sommes là pour incarner la posture du patient, expliquent Véronique Galpin et Frédéric Berruet, qui apportent leur expertise de patient. 
Les internes, qui doivent apprendre à travailler en transversalité à ce stade de leur formation, exposent des situations problématiques auxquelles ils ont été confrontés devant les autres étudiants du groupe. Chacun joue le jeu du questionnement. Notre présence permet de questionner la relation du médecin au patient et notre force est d’avoir eu affaire au système médical. »

Vers une éducation thérapeutique pour tous ?

Alors que le modèle de santé actuel montre ses limites, ce changement de paradigme réclamé par de nombreux patients tend vers la recherche d’une alliance thérapeutique et de davantage d’écoute du patient par le médecin. « Aujourd’hui, le patient n’est plus non sachant : il s’intéresse à plein de choses, peut se renseigner sur Internet et se documenter facilement, témoigne Véronique. Il a besoin du médecin comme d’un conseiller et d’un partenaire. »

Cette démarche s’inscrit pleinement dans le développement de l’Education thérapeutique du patient (ETP) promu par l’Agence régionale de santé du Centre-Val de Loire à travers son pôle régional de ressources, de compétences et d’expertise qui forme des patients pour l’animation de dispositifs d’ETP.

Selon la plateforme d’expertise des maladies rares en Centre-Val de Loire pilotée conjointement par le CHRU de Tours et le CHR d’Orléans, la Région compte actuellement 2,567 millions d’habitants (Insee 2019) dont on estime qu’environ 120 000 personnes sont atteintes d’une maladie rare.

Et si 80 % des maladies rares sont d’origine génétique et 85% ne disposent pas de traitement permettant d’en guérir, l’objectif de l’éducation thérapeutique du patient est de le rendre acteur dans sa prise en charge en lui donnant accès à toutes les informations dont il a besoin pour y parvenir.

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