La nouvelle Agence Régionale Énergie Climat veut permettre à la région de passer à la vitesse supérieure en matière de rénovation énergétique des logements et bâtiments publics ou de la production d’énergies renouvelables.
Par Jean-Jacques Talpin
C’est un acronyme qui va faire florès dans les prochaines années : AREC, pour Agence Régionale Énergie Climat. Cette nouvelle structure associative coprésidée par la Région et l’État va en effet s’imposer dès les prochains mois pour toutes les questions liées à l’énergie et au climat dans la région. Cette nouvelle agence dont la création sera actée ce jeudi à Blois lors de la session du Conseil régional se veut un parallèle déjà opérationnel dans l’économie avec Dev’Up. Il s’agit selon le président François Bonneau de « fédérer les compétences et les acteurs de la transition déjà engagés au quotidien, les collectivités, les syndicats, les services et opérateurs de l’État, les acteurs socio-économiques ».
Cette structure qui devrait rester souple (on parle d’une trentaine d’agents d’ici à 4 ans) est en fait une étape supplémentaire dans la politique environnementale de la Région, qui a voté en décembre 2021 « l’état d’urgence climatique et sociale » avec 26 mesures à la clef et sa reconnaissance comme cheffe de file air-climat-énergie. En jouant sur « l’effet réseau » l’agence doit « massifier la transition énergétique », c’est-à-dire aller plus vite et plus fort. C’est vrai notamment pour la rénovation énergétique des bâtiments avec un objectif de 15 000 logements à rénover par an. « Ce sera une agence du faire, plaide François Bonneau, pour mettre en mouvement, être fédérative, articuler tous les intervenants mais aussi coordonner, simplifier, mettre en lumière ». L’AREC aura d’autres missions : accompagner le déploiement des politiques publiques, observer mais aussi intervenir pour la production d’énergies renouvelables.
C’est pourquoi l’agence sera soutenue par deux outils : une société publique locale (SPL) pour l’ingénierie et l’accompagnement des projets et une SEM (société d’économie mixte) qui, au côté de banques ou d’investisseurs, interviendra financièrement dans des projets de production d’énergies renouvelables.
Des interrogations sur l’AREC ?
Cette SEM sera dotée d’un capital de 25 millions d’euros. « Il faut démultiplier les forces, explique Jérémie Godet vice-président en charge de l’environnement, pour parvenir à des objectifs extrêmement ambitieux comme la réduction de 50% des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 ». Sur le papier, la constitution de cette agence a tout pour plaire. Il est vrai que d’autres régions comme PACA et Nouvelle Aquitaine ont déjà franchi un pas semblable tandis que 200 agences sont déjà opérationnelles en Europe.
Le CESER (conseil économique social et environnemental) se réjouit de cette création mais en posant plusieurs questions sur le “doublonnage” avec des structures déjà existantes, sur la gouvernance de l’association, sur la lourdeur de l’organisation ou sur la concertation qui doit être renforcée. Des doutes qui devraient être levés ce jeudi à Blois. Mais sans doute pas pour le groupe Centre Démocrate, Républicain et Citoyen de Marc Fesneau qui dénonce « une session pour rien » » et s’interroge sur l’AREC :
« Après avoir déclaré l’état d’urgence climatique et social, la Région crée… une nouvelle agence… qui rassemble… les services qui existaient déjà…. pour… continuer à faire la même chose ! Bref, la maison brûle et nous ripolinons nos vieux et mêmes outils. La transition écologique et énergétique attend plus de la Région ! »
Démocratie permanente !
Le Conseil régional à Blois examinera d’autres dossiers tout aussi lourds comme le schéma régional des formations sanitaires et sociales. Outre des objectifs ciblés en matière de formations, ce schéma permettra également de dessiner l’avenir du médico-social dans la région. François Bonneau viendra d’ailleurs annoncer une bonne nouvelle avec la sélection de la région (avec PACA et Bretagne) pour expérimenter la primo-prescription par des infirmières en pratique avancée (IPA) afin de soulager les médecins et fluidifier le parcours santé. Le nombre de ces « supers infirmières » va d’ailleurs croître passant de 19 à 50 avec une formation ouverte à Tours.
Autre dossier lourd d’engagements : la révision du SRADDET (schéma régional d’aménagement et de développement durable du territoire) notamment pour la prévention et la gestion des déchets. Le schéma actuel va être révisé en particulier pour l’Indre-et-Loire et l’Indre où de nouvelles installations d’incinération avec récupération de l’énergie doivent être construites en parallèle à la disparition des décharges. Les élus se pencheront enfin sur « la démocratie permanente » avec le vote d’une « charte de la participation citoyenne ». Le Centre-Val de Loire jouera ainsi le rôle d’innovateur et de
« poisson-pilote » pour cette charte unique en France qui vise à construire un « contrat de confiance » entre élus, habitants, associations et acteurs du territoire.
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